KUHN THOMAS (1922-1996)
Les paradigmes
C'est pour désigner ce genre d'apprentissage que Kuhn privilégie le terme paradigme. Au sens littéral, ce mot désigne les exemples typiques à partir desquels les élèves apprennent les règles de fonctionnement de certains schémas linguistiques (par exemple, la suite « rosa, rosam, rosae, etc. » est le paradigme des mots qui obéissent à la première déclinaison latine). Ce terme est donc parfaitement adapté pour caractériser métaphoriquement le genre d'objets qui, dans les sciences, joue le même rôle que les modèles de déclinaison dans les langues, à savoir les exercices types.
Mais, comme Kuhn l'avoue lui-même, ce terme a revêtu ensuite une extension abusive sous sa plume : il en est venu à désigner aussi bien les exercices types que les concepts fondamentaux, les modèles et les valeurs en usage dans les sciences, à tel point que l'on a relevé pas moins de vingt-deux sens différents de « paradigme » dans la première édition de La Structure des révolutions scientifiques. Une clarification s'imposait donc, également destinée à ceux qui, depuis lors, ont employé à tort et à travers ce terme comme équivalent de « théorie » ou de « vision du monde », voire d'épistémè foucaldienne. Kuhn s'y est employé à plusieurs reprises, notamment en 1969 dans la Postface à la seconde édition de son livre. Il finit par distinguer deux sens principaux du terme paradigme :
– Le sens général, pour lequel les paradigmes sont rebaptisés « matrices disciplinaires ». Ces dernières sont constituées de quatre composantes : les « généralisations symboliques » (telles que les formules principales d'une théorie) ; les « modèles » (ontologiques ou simplement heuristiques, comme celui des boules de billard pour représenter les atomes) ; les « valeurs scientifiques » (simplicité des théories, cohérence, etc.) ; et les « exemples types » (exemplars) des solutions à certains problèmes.
– Le sens étroit, qui se réfère uniquement à cette dernière composante, à savoir les exemples types. Ces « exemples exemplaires » sont les authentiques « paradigmes », assimilés tacitement par les scientifiques comme des techniques de solutions pratiques.
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Écrit par
- Alexis BIENVENU : ancien élève de l'École normale supérieure de lettres et sciences humaines, agrégé de philosophie, enseignant à l'université de Paris-I
Classification
Pour citer cet article
Alexis BIENVENU. KUHN THOMAS (1922-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )
Média
Thomas Kuhn
Bill Pierce/ The LIFE Images Collection/ Getty Images
Autres références
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APPRENTISSAGE PROFOND ou DEEP LEARNING
- Écrit par Jean-Gabriel GANASCIA
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...intrinsèque à l’apprentissage supervisé qui tient au langage de description des exemples : celui-ci demeure figé et ne peut s’accroître automatiquement. Or, ce que le philosophe américain et historien des sciences Thomas Kuhn (1922-1996) appelle des « révolutions scientifiques », ou ce que le Français... -
CONNAISSANCE
- Écrit par Michaël FOESSEL, Yves GINGRAS, Jean LADRIÈRE
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Ce sont justement ces résistances et ces inerties qui servent de point de départ à la thèse deThomas Kuhn sur les « révolutions scientifiques » et sa conception des états stables de la science. La science, selon Kuhn, se stabilise à de certaines époques en se conformant à un « paradigme », qui... -
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