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SOLIMAN LE MAGNIFIQUE ou SULAYMAN (1494-1566)

Dixième sultan ottoman, Soliman est le plus célèbre de la dynastie. C'est sous son règne (1520-1566) que l'Empire ottoman a atteint son apogée, aussi bien dans le domaine territorial que dans celui de l'influence politique ou du rayonnement artistique et intellectuel. Surnommé Kanunī (le Législateur) par les Turcs et le Magnifique par les Occidentaux, Soliman a été non seulement un conquérant, mais aussi un grand organisateur : les règlements qui datent de son époque en témoignent. Intervenant dans la politique européenne en prenant parti pour François Ier contre Charles Quint, il a porté aux Espagnols et aux Autrichiens des coups sévères en Europe et en Afrique du Nord. Il a été le premier sultan à octroyer à des Européens, les Français, des conditions extrêmement favorables d'établissement et de commerce dans l'Empire, les « capitulations ». Son règne a pu à juste titre être considéré comme l'Âge d'or de l'Empire ottoman.

Soliman le Magnifique - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Soliman le Magnifique

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Le conquérant

Soliman Ier le Magnifique, né à Trébizonde, est le fils du sultan Sélim Ier, le conquérant de la Syrie et de l'Égypte, auprès de qui il passa son enfance et son adolescence, notamment en Crimée, de 1509 à 1512. Après l'accession de Sélim au trône (1512), Soliman fut nommé gouverneur de la province de Saroukhan et résida à Manisa (1513) ; ensuite, lors des expéditions de son père en Syrie et en Égypte (1516-1517), il fut envoyé à Edirné (Andrinople) avec mission de protéger les provinces européennes de l'Empire. Il se trouvait à Manisa lorsque son père mourut ; depuis longtemps reconnu comme prince héritier, il monta sur le trône (1er octobre 1520) sans rencontrer d'opposition. Cependant, dès la première année de son règne, il dut faire face à la révolte du gouverneur de Syrie, Djanberdi Ghazali, révolte vigoureusement réprimée (1520-1521), de même qu'une autre révolte en Égypte (1523-1524). Durant son règne, Soliman a mené treize expéditions : dix en Europe, trois en Asie. La première, en 1521, contre la Hongrie, aboutit à la prise de Sabacz et surtout à celle de Belgrade. L'année suivante vit la conquête de l'île de Rhodes, après un siège de six mois ; les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem allèrent alors s'installer à Malte. En 1526, nouvelle campagne contre la Hongrie, marquée par l'écrasante victoire de Mohacs et la prise de Buda ; à la suite de cette campagne se posa la question de la succession au trône de Hongrie, ce qui amena Soliman à agir directement contre l'Autriche : il entreprit alors le siège de Vienne (septembre-octobre 1529), qui fit planer sur l'Empire autrichien et sur l'Europe une menace extrême ; trois ans plus tard, Soliman conduisit ses troupes jusqu'en Styrie, mais les hostilités furent momentanément suspendues (janvier 1533). Ce répit en Europe permit aux Ottomans de se tourner vers l'Est : en réponse à des menaces iraniennes, le grand vizir Ibrahim Pacha pénétra en Azerbaïdjan, puis de là passa en Irak et occupa Bagdad en juillet 1534 ; Soliman y fit son entrée le 30 novembre. Avec l'occupation du Yémen et d'Aden en 1538, tous les territoires arabes du Proche-Orient étaient tombés sous la domination ottomane.

De 1541 à 1547, plusieurs campagnes opposèrent les Turcs aux Austro-Hongrois qui perdirent Pest (août 1541), toute la Hongrie orientale, et durent payer un tribut pour le reste du pays (juin 1547). Mais c'est seulement à l'issue de dix ans de batailles, de 1552 à 1562, que Ferdinand de Hongrie renonça à ses prétentions sur la Transylvanie. Entre-temps, le sultan avait dirigé une expédition contre le shah d'Iran, Tahmasp : la paix de 1555 consacra la suprématie ottomane. En 1565, le nouveau roi de Hongrie, Maximilien, ayant repris les hostilités, Soliman lança une expédition qui aboutit à la prise de Szeged (8 septembre[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

Classification

Pour citer cet article

Robert MANTRAN. SOLIMAN LE MAGNIFIQUE ou SULAYMAN (1494-1566) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Soliman le Magnifique - crédits : Universal History Archive/ Getty Images

Soliman le Magnifique

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Mosquée du sultan Ahmed I<sup>er</sup> - crédits : Louis Grandadam/ Getty Images

Mosquée du sultan Ahmed Ier

Autres références

  • SOLIMAN LE MAGNIFIQUE (1494-1566), en bref

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 226 mots
    • 1 média

    Lorsque, en 1520, Soliman (1494-1566) succède à son père Sélim Ier, vainqueur des Mamelouks d'Égypte en 1517 et maître du califat abbasside, l'Empire ottoman est en pleine ascension. Présent sur trois continents et devenu l'une des grandes puissances mondiales, grâce à sa supériorité...

  • APOGÉE DE L'EMPIRE OTTOMAN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 212 mots

    1453 Prise de Constantinople par les troupes de Mehmed II. La ville devient capitale de l'Empire ottoman sous le nom d'Istanbul.

    1517 Destruction par Sélim Ier des Mamelouks d'Égypte. Soumission du califat abbasside du Caire.

    1520 Avènement de Soliman II, dit le Magnifique (1494-1566)....

  • CHARLES QUINT (empereur germanique)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 222 mots
    • 1 média

    En 1516, Charles, le fils de Jeanne la Folle (et donc petit-fils des Rois Catholiques) a reçu la couronne d'Espagne. Trois ans plus tard, l'héritage de son père Philippe le Beau lui donna également l'empire des Habsbourg. Le roi Charles Ier devint alors Charles Quint, souverain...

  • ISLAM (Histoire) - De Mahomet à la fin de l'Empire ottoman

    • Écrit par Robert MANTRAN
    • 10 424 mots
    • 10 médias
    Les succès remportés, la puissance acquise donnent aux Ottomans, à l'orée du xvie siècle, la tentation d'étendre leur empire, de devenir les maîtres du monde méditerranéen et du monde arabe ; l'effacement des Mongols et des Mamelouks leur procure l'occasion cherchée. Sélim I...
  • ISTANBUL

    • Écrit par José GROSDIDIER DE MATONS, Jean-François PÉROUSE
    • 5 768 mots
    • 7 médias
    ...de fondations pieuses (vakıf), formes ottomanes de l'évergétisme. On dénombre dans la ville 4 000 vakıf au début du xvie siècle. Sous Soliman le Magnifique (1520-1566) culmine ce mouvement de construction monumentale qui finit par transformer le visage de la ville. L'architecte emblématique...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi