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ROYAUME-UNI La société britannique contemporaine

Depuis 1945 et les grandes réformes socio-économiques d'après-guerre, la société britannique n'a cessé d'évoluer à vive allure. On peut distinguer dans cette époque contemporaine deux grandes périodes à peu près égales mais contrastées. La première, avec l'épanouissement de l'État-providence (Welfare State), correspond à une évolution vers plus d'égalité et à un gommage des différences de classe ; la seconde est marquée par un retour, au moins apparent, à une société plus inégalitaire.

De la « révolution silencieuse » aux crises des années 1960 et 1970

William Beveridge - crédits : Haywood Magee/ Picture Post/ Getty Images

William Beveridge

Lorsqu'il arrive au pouvoir, en juillet 1945, le gouvernement Attlee, premier gouvernement travailliste à disposer d'une majorité absolue à la Chambre des communes, est doté d'un solide programme social. Celui-ci reprend la plupart des thèmes de réformes longuement débattues au Parlement, dans le pays et jusque dans les armées durant les deux dernières années de la guerre, après la publication du célèbre rapport Beveridge, en décembre 1942, qui proclamait le droit de tous, non seulement à l'assurance (en cas de maladie, chômage et invalidité) mais aussi à un minimum vital. Malgré les difficultés économiques – bien qu'étant l'un des trois grands vainqueurs de la guerre, le pays est virtuellement ruiné –, Attlee et ses ministres se mettent à la tâche immédiatement. Entre 1945 et 1948 sont votées les grandes lois qui organisent ou réorganisent les services de la protection sociale (assurance-maladie, accidents du travail, allocations familiales, chômage, pensions) selon le principe de l'universalité, comme le recommandait Beveridge. En ouvrant ces services à tous, les travaillistes visent deux objectifs : élever leur qualité pour les mettre au niveau des exigences des classes moyennes et ne plus obliger les pauvres à fournir la preuve de leurs besoins.

Le fleuron de ces réformes, aux yeux de la population du moins, est la création du Service national de santé ou N.H.S. Créé par une loi de 1946 (National Health Service Act), il n'est en état de fonctionner qu'en juillet 1948, tant la préparation politique, administrative et humaine a été longue. En effet, pour son auteur, Aneurin Bevan, qui représente la gauche du Labour dans le cabinet, il ne s'agit pas seulement de nationaliser les hôpitaux mais d'établir sur une base rationnelle la structure d'ensemble des soins médicaux, dentaires et chirurgicaux, à l'hôpital comme à domicile. Le service est conçu pour être complètement gratuit – en ce sens que les soins reçus ne sont pas payés individuellement par le patient, mais au prix d'un énorme transfert de ressources à l'échelle nationale –, mais il ne le reste que quelque temps. Le réarmement provoqué par le début de la guerre froide, mais aussi l'engouement pour des prestations longtemps considérées comme superflues par les plus pauvres (soins dentaires, lunettes) obligent les travaillistes, dès 1951, à réduire le budget santé et à recourir à des tickets modérateurs. En outre, la nationalisation de la médecine n'est que partielle, en raison du compromis passé par le ministre avec les médecins de ville : s'ils ne sont plus rémunérés à l'acte, ces derniers reçoivent une indemnité proportionnelle au nombre de patients inscrits, sans être stricto sensu salariés du service. Malgré ces ambivalences, le N.H.S. symbolise encore, aux yeux de beaucoup de Britanniques, la « révolution silencieuse » mise en œuvre par les travaillistes dans l'après-guerre.

La loi Butler (Education Act), adoptée, dès 1944, sous le gouvernement Churchill mais appliquée par les travaillistes, compte aussi parmi les grandes mesures qui bâtissent le Welfare State. Longuement négociée, notamment avec les Églises qui ont toujours joué un grand rôle dans[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales

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Médias

William Beveridge - crédits : Haywood Magee/ Picture Post/ Getty Images

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