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PLANÈTES

Comment définir une planète ?

Finalement, qu’est-ce qu’une planète ? La réponse à cette question pourrait sembler aller de soi. Pourtant, la définition d’une planète n’a cessé d’évoluer avec le temps.  Il en est de même de leur nombre. De cinq dans l’Antiquité, leur nombre passe à six pour inclure la Terre, avec l’avènement de l’héliocentrisme, puis à sept avec la découverte d’Uranus. Les « petites planètes » que sont les plus gros astéroïdes ayant été classées à part, la liste s’allonge jusqu’à neuf avec Neptune et Pluton. Le déclassement de Pluton ramène à huit le nombre des planètes… mais la liste n’est sans doute pas close si l’on en croit les modèles de simulation dynamique.

Les planètes ont longtemps été définies comme des objets plus massifs que les astéroïdes, en rotation autour du Soleil. Avec la découverte des objets transneptuniens, la définition des planètes a dû être revue : on ne peut en effet complètement exclure l’existence possible de TNO plus éloignés du Soleil et plus massifs que Pluton, qui auraient risqué d’allonger indéfiniment la liste des planètes… C’est pourquoi, en 2006, l’UAI a reformulé la définition d’une planète. Celle-ci, en orbite autour du Soleil, doit être suffisamment massive pour être sphérique, et avoir fait le vide de la matière entourant sa trajectoire. Par extension, les astres extérieurs au Système solaire, en orbite autour d’une étoile (autre que le Soleil) et répondant à ces critères, sont qualifiés d’exoplanètes. En complément de cette définition, l’UAI a déterminé une nouvelle catégorie de corps célestes, les planètes naines, dans laquelle Pluton a été placé, étant considéré comme le prototype de cette nouvelle classe. Ces objets, en orbite autour du Soleil et de forme presque sphérique, n’ont pas totalement éliminé les corps susceptibles de se déplacer sur une orbite proche de la leur. Malgré leur dénomination, ce ne sont pas des planètes car ils ne présentent pas toutes les caractéristiques de ces corps célestes. Cette classe est assez hétérogène, regroupant trois TNO (Pluton, Makémaké et Éris) et deux astéroïdes (Cérès et Hauméa).

Il est aussi possible de définir les caractéristiques d’une planète qui font sa spécificité par rapport aux étoiles en partant de ses propriétés physiques et plus seulement orbitales. Alors que le Soleil rayonne sa propre énergie à partir des réactions thermonucléaires responsables de la nucléosynthèse, les planètes, infiniment moins massives, en sont dénuées. Leur énergie interne propre (due à la radioactivité dans le cas des planètes telluriques, ou à la contraction gravitationnelle dans le cas des planètes géantes) est infiniment plus faible que celle du Soleil. Le rayonnement qu’elles émettent dans le domaine visible est la composante du rayonnement solaire reçu et réfléchi par leur surface ou les nuages qui les entourent.

Enfin, depuis le milieu des années 1990, l’exploration des planètes extrasolaires constitue une véritable révolution dans le domaine de l’astronomie. Elle conduit à replacer le Système solaire dans un contexte infiniment plus vaste : il n’est plus unique, comme on l’a longtemps supposé, mais il existe une infinité de systèmes stellaires dont les exoplanètes possèdent des propriétés physiques et orbitales extrêmement différentes de celles des planètes orbitant autour du Soleil.

— Thérèse ENCRENAZ

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Écrit par

  • : directrice de recherche émérite au CNRS, Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique de l'Observatoire de Paris

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Planète 9 et principaux objets lointains de Kuiper : orbites - crédits : Encyclopædia Universalis France

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