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LATENCE PHASE DE

Période du développement de l'enfant pendant laquelle les pulsions paraissent ne plus se manifester. On préfère à ce sujet utiliser la notion de phase ou de période plutôt que celle de stade, qui implique l'idée d'une nouvelle organisation pulsionnelle de la personnalité. Cette phase est définie par Freud comme un arrêt, ou une régression, dans l'évolution de la sexualité infantile, qui va du déclin du complexe d'Œdipe (5-6 ans) au début de la puberté. Freud a longtemps voulu faire correspondre cette phase à des phénomènes physiologiques, mais, si l'entrée dans la puberté est une manifestation autant physiologique que pulsionnelle, la résolution du complexe d'Œdipe est un processus d'ordre purement psychanalytique. Pour l'expliquer, Freud fait alors appel, d'une part, à l'impossibilité pour l'enfant de satisfaire ses désirs œdipiens, d'autre part, à une prédétermination héréditaire du développement psychosexuel. On peut décrire cette phase de latence comme étant marquée par une importante diminution des activités pulsionnelles, par une désexualisation des relations objectales et des affects, les désirs érotiques refoulés se transformant en tendresse. Se créent alors des mécanismes de défense solides (refoulement, formations réactionnelles) et de nombreuses sublimations. D'un point de vue structural, le moi s'autonomise, tandis que se constitue le surmoi à la suite d'une intériorisation inconsciente des exigences et des interdits parentaux. Le moi, en lutte contre les pulsions, utilise les contre-investissements pour sa fonction synthétique et son adaptation de plus en plus grande au réel, en satisfaisant aux exigences du surmoi et des institutions socio-culturelles.

Cette période de refoulement intense se caractérise par une inhibition très importante des processus fantasmatiques ; la psychothérapie se révèle alors souvent très difficile, l'invitation à l'association libre étant vécue comme une menace pour l'intégrité du moi. Pour Freud, si une latence trop massive et trop rigoureuse peut laisser présager des difficultés ultérieures, l'absence d'un tel arrêt est également dangereuse. Il estime, en effet, que le processus qui détourne les forces sexuelles de leur but et les applique à des buts nouveaux (processus qu'on appelle sublimation et qui prend son origine dans la phase de latence) joue un rôle de première importance dans le développement individuel et dans les acquisitions de la civilisation.

W. Reich, tout au contraire, considère que le refoulement des pulsions sexuelles va à l'encontre des réalisations culturelles et des sublimations. C'est l'actuelle société répressive et autoritaire qui l'engendre en contradiction même avec la pratique psychanalytique qui cherche à le lever.

— Anne-Marie LERICHE

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Pour citer cet article

Anne-Marie LERICHE. LATENCE PHASE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ENFANCE (Les connaissances) - Développement psychomoteur

    • Écrit par Didier-Jacques DUCHÉ
    • 6 703 mots
    • 1 média
    Àsix ans débute la période dite de latence. L'enfant est maintenant apte à participer aux activités de l'école. La poussée libidinale, pendant laquelle la succession des stades du développement psycho-sexuel en avait fait un « pervers polymorphe », selon l'expression de Freud, s'est apaisée. Elle...
  • ŒDIPE COMPLEXE D'

    • Écrit par Claude RABANT
    • 5 309 mots
    • 1 média
    ...sous les pas. C'est l'aménagement du temps en l'espace d'une pause. L'espace de la culture. Car, à la brisure des relations œdipiennes, la période de latence permet, non plus qu'intervienne du dehors l'interdit de l'inceste, mais que s'installe au-dedans la barrière qui fait de la loi une institution...

Voir aussi