PALUDISME ou MALARIA
Traitement et prophylaxie
L'ère thérapeutique débute en 1630 avec la découverte par don Francisco Lopez des vertus curatives de l'écorce du quinquina du Pérou, dont les chimistes français J. Pelletier et J. Caventou devaient isoler la quinine en 1820, près de deux siècles plus tard. La quinine est restée l’unique médicament antipaludéen jusqu’au début du xxe siècle. Depuis les années 1930, de nombreuses recherches en chimie thérapeutique ont permis la mise au point de plusieurs familles de médicaments, utilisés seuls ou en combinaison.
Deux grands ordres de médications sont utilisés. Les schizonticides inhibent la prolifération des schizontes à l'intérieur des globules rouges et, de ce fait, préviennent ou stoppent les manifestations cliniques. Les gaméticides sont actifs sur les formes sexuées.
Parmi les schizonticides, la quinine (alcaloïde du quinquina) garde toujours des indications importantes, grâce à la rapidité de son action, précieuse dans les formes graves. La brièveté de ses effets lui fait préférer dans la pratique courante des produits plus récents et plus faciles d’emploi, les « antimalariques de synthèse », et avant tout les dérivés des amino-4-quinoléines, dont la chloroquine est le principal représentant. Ils constituent la thérapeutique spécifique principale de l'accès palustre depuis le début des années 1940. Mais, depuis quelques années, des souches de P. falciparum résistantes à ces substances posent des problèmes aux thérapeutes. Un grand nombre de médicaments sont actifs sur les schizontes dans le sang, comme la quinine, les amino-4-quinoléines (Chloroquine, Nivaquine), des dérivés de l’acridine (Quinacrine) et d’autres molécules comprenant des inhibiteurs de l’acide folique, des antibiotiques de type sulfamide ou cyclines, etc. Un principe végétal traditionnellement utilisé en Chine, l'artémisinine extraite d’Artemisia annua constitue la base du traitement dit « ACT » préconisé par l’OMS contre P. Falciparum : cependant, les monothérapies à base d’artémisinine sont déconseillées, car les résistances à la molécule sont rapidement sélectionnées, et une combinaison d’artémisinine avec un ou deux antipaludéens de modes d’action différents est désormais préférée. D’autres, plus rares, comme les amino-8-quinoléines sont en revanche surtout actifs contre les formes tissulaires.
Les gaméticides sont essentiellement représentés par les amino-8-quinoléines. Les médicaments de ce groupe ont une action antigamétocyte et combattent également les formes qui parasitent les cellules hépatiques.
Les modalités du traitement sont différentes selon les zones dans lesquelles les souches résistantes ont essaimé ou ont acquis les résistances : Afrique centrale et orientale, Amérique amazonienne pour les multirésistances ; Afrique occidentale, Inde, Indonésie, Madagascar pour la monorésistance à la chloroquine.
Dans la pratique, le traitement va dépendre considérablement du type de parasite, des résistances qu’il présente vis-à-vis des antipaludéens. Ces variations d’une certaine manière, se superposent à la distribution géographique de ces résistances. Il ne sera pas non plus le même pour les enfants et les femmes enceintes. En tout état de cause, la rapidité de la prise en charge du malade est un facteur important, d’où l’importance des kits de diagnostic.
La suspension des accès thermiques obtenue par le traitement d’attaque, il faut songer au traitement préventif des rechutes en consolidant la guérison par l'emploi des schizonticides, seuls ou associés aux gaméticides, jusqu’à disparition du parasite.
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Écrit par
- Robert DURIEZ : professeur agrégé du Val-de-Grâce, médecin général inspecteur, directeur général du service de santé de la première région militaire
- Yves GOLVAN : professeur à la faculté de médecine de Paris-Saint-Antoine, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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