COLUZZI MARIO (1938-2012)
Le professeur Caio Mario Coluzzi Bartoccioni est né le 30 novembre 1938 à Pérouse et décédé à Rome le 30 octobre 2012, au terme d’une lutte douloureuse de plusieurs années contre la maladie de Parkinson.
Sa carrière scientifique a été entièrement consacrée à l'étude du paludisme, et tout particulièrement à l'étude génétique et écologique des diptères (Anopheles) vecteurs du Plasmodium, parasite cause de la maladie. Il a suivi en cela les traces de son père, Alberto Coluzzi (1908-1989), lui-même grand expert du paludisme, notamment connu pour l'éradication d'une épidémie dramatique de la maladie dans la région de Monte Cassino, dans l'immédiat après-guerre. Tous deux appartiennent à l'importante école de malariologie italienne, où se sont déjà illustrés des chercheurs et médecins comme Grassi, Celli, etc.
Après une formation de médecin, d’entomologiste et de généticien à Rome, Mario Coluzzi est devenu l'un des experts les plus connus de la biologie des Anopheles, et plus précisément du complexe Anopheles gambiae, principal vecteur du paludisme en Afrique intertropicale. Son travail, très largement mené sur le terrain en Afrique – Nigeria et Kenya en particulier – lui a permis de reconnaître l'existence d'au moins six sous-espèces de cet anophèle et d’associer les particularités de chacune à la possibilité de coloniser différents environnements et écosystèmes. Il a également mis en évidence l’origine génétique de deux caractéristiques comportementales d’Anopheles : la préférence pour la vie dans l'habitat humain, et la préférence de prise des repas de sang sur l'homme. Ces découvertes se sont avérées essentielles dans la lutte contre le vecteur de la malaria et ont permis d’expliquer certains échecs antérieurs. Mario Coluzzi a d'ailleurs toujours soutenu que la lutte contre la maladie passait d'abord par la connaissance précise de l'animal vecteur, de ses comportements et de son écosystème.
Très actif sur le terrain, il a formé de nombreux malariologistes africains et créé l'école africaine de malariologie. Passionné par la transmission des savoirs, il a enseigné longuement à l'université La Sapienza de Rome, à l'Institut de parasitologie, où il a créé un centre de malariologie qui collabore aux programmes de l’O.M.S. Il n'a d'ailleurs jamais cessé de soutenir cette institution, pas plus qu'il n'a cessé de publier : son dernier article date de 2012.
À ceux qui ont eu la chance de travailler avec lui, il laisse, outre l'image du scientifique expert doté de connaissances quasi encyclopédiques, le souvenir d'un homme animé d'un courage et d'une générosité remarquables. Il était membre de nombreuses académies nationales (dont l'Accademia dei Lincei) et internationales.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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