NUCLÉOSYNTHÈSE
Les sites de la nucléosynthèse
Pour que ces différents processus nucléosynthétiques se produisent, il faut évidemment que les conditions physiques qui leur sont nécessaires soient réunies.
Dans le cas des réactions de fusion, il faut que les gaz de particules susceptibles d'interagir soient suffisamment denses et surtout suffisamment chauds (T > 106 K) pour que celles-ci aient lieu.
Les réactions d'absorption de neutrons ne peuvent se produire que s'il y a des neutrons susceptibles d'être absorbés rapidement par les noyaux voisins. Comme les sources de neutrons sont le plus souvent des réactions de fusion, il faut donc des conditions physiques assez analogues aux précédentes pour que ces réactions se produisent. Il a déjà été mentionné que des températures supérieures à quelques milliards de degrés étaient nécessaires pour que les processus de photodésintégration se produisent. Enfin, seuls des flux de particules rapides comme le rayonnement cosmique galactique ou ceux qui sont produits lors des éruptions stellaires sont capables d'induire des réactions de spallation.
En conséquence, on ne connaît que trois sites principaux où la nucléosynthèse peut se produire ; il s'agit du gaz primordial, deux à trois minutes après l'explosion originelle, du rayonnement cosmique galactique interagissant avec le milieu interstellaire et du gaz constituant l'intérieur des étoiles. L'ordre de présentation de ces sites n'est pas indifférent puisque les deux premiers se sont produits, ou se produisent, à l'échelle de l'Univers tout entier ou de la Galaxie, alors que le dernier n'intervient que dans les astres plus limités en taille et en masse que sont les étoiles. D'autre part, c'est pendant l'explosion originelle que les éléments les plus légers, le deutérium (l'isotope lourd de l'hydrogène), l'hélium 3 et 4 et le lithium 7 sont nés ; les éléments suivants, lithium, béryllium, bore, viennent de l'interaction entre le rayonnement cosmique et le milieu interstellaire, alors que tous les éléments plus lourds sont synthétisés à l'intérieur des étoiles.
La nucléosynthèse primordiale
Pour expliquer le mouvement d'expansion de l'Univers marqué par le mouvement relatif des galaxies entre elles et le rayonnement fossile à 2,7 K, les cosmologistes imaginent que l'Univers est né il y a une quinzaine de milliards d'années d'une brutale explosion, le big bang. Selon les hypothèses les plus couramment retenues, l'Univers aurait atteint des températures bien supérieures à 1012 K et des densités bien supérieures à 108 g ( cm-3. Quelques dizaines de secondes après cette explosion, c'est-à-dire lorsque l'Univers avait une température de l'ordre de 1010 K, il était constitué de nucléons (neutrons, protons) et de leptons comme les électrons, les positrons et les neutrinos ; il existait un équilibre entre les neutrons et les protons régi par les interactions dites faibles (parce qu'elles font intervenir à la fois nucléons et leptons) :
(neutron + positron ⇆ proton + antineutrino),
(proton + électron ⇆ neutron + neutrino).
À des températures de l'ordre de 109 K, c'est-à-dire quand l'Univers était âgé de quelques minutes, ces équilibres ont cessé de se produire, et les neutrons ont donc commencé à subir leur désintégration : n → p + e- + ̄ν. C'est à ce moment-là que se situe la nucléosynthèse primordiale, à partir de la réaction d'absorption des neutrons par les protons : p + n → D + γ, et les réactions qui s'ensuivirent, responsables de la formation de l'hélium 3 et 4 et du lithium 7.
Cette nucléosynthèse primordiale, outre qu'elle fournit une explication particulièrement convaincante concernant la formation[...]
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Écrit par
- Jean AUDOUZE : directeur de recherche émérite CNRS, Institut d'astrophysique de Paris
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