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FOUQUET NICOLAS (1615-1680)

Nicolas Fouquet - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Nicolas Fouquet

Marquis de Belle-Isle, vicomte de Melun, vice-roi d'Amérique, procureur du roi au parlement de Paris et surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, mécène fastueux qui a construit Vaux-le-Vicomte, le premier Versailles du Grand Siècle, pensionné La Fontaine, découvert et fait travailler Molière, Lebrun, Le Nôtre, est le type accompli du grand seigneur en ce premier xviie siècle, le « siècle de Louis XIII », lequel s'est achevé en 1661 avec la carrière du surintendant. Pourtant Fouquet est issu de la grande bourgeoisie, de cette bourgeoisie anoblie par les charges et le service du roi ; ses armes parlantes : un foucquet (écureuil) avec cette devise : Quo non ascendet ? (« Jusqu’où ne montera-t-il pas ? »). Son ascension est en effet exceptionnelle. C'est Richelieu qui épaule ce jeune homme doué : conseiller au parlement de Metz à seize ans, maître des requêtes à vingt, il passe, à la mort du grand cardinal, au service de Mazarin. À trente-cinq ans, il achète la charge de procureur du roi au parlement de Paris. En 1653 enfin, la double protection d'Anne d'Autriche et de Mazarin lui vaut la charge de surintendant des Finances ordinaires et extraordinaires ; il est alors l'homme le plus puissant de France après le cardinal. Il est vrai que jusqu'en 1659 il a un collègue, Servien ; mais, après la mort de ce dernier, Fouquet ne doit plus de comptes qu'au roi ; et, si le roi mineur règne, c'est Mazarin qui gouverne.

Le royaume étant partiellement ruiné par la guerre étrangère (suite de la guerre de Trente Ans, guerre contre l'Espagne) et par la guerre civile (la Fronde), le Trésor était généralement vide, et les dépenses de l'État étaient acquittées avec des billets sur des espérances de rentrée d'argent ; ces billets étaient assignés par un trésorier de France à l'un des fonds de l'État, par exemple une ferme. Si ce fonds s'avérait insolvable, le billet recevait une autre assignation et le créancier était forcé de se promener de bureau en bureau jusqu'à ce que son assignation se dévalue et qu'il se trouve trop heureux de la revendre bien au-dessous de sa valeur réelle. L'acquéreur du billet n'avait plus qu'à le faire signer par le surintendant qui l'assignait sur un bon fonds ; il était intégralement payé, ce qui permettait de réaliser jusqu'à 90 p. 100 de bénéfice. Bien entendu, ces services étaient reconnus par des dessous-de-table qui accroissaient prodigieusement la fortune de Fouquet et encore plus celle de Mazarin. Fouquet prêtait aussi à l'État à des taux réputés usuraires, mais ces sommes permettaient parfois de gagner une bataille. En réalité, ses finances et celles de l'État se confondaient, et le crédit de l'État, c'était le sien, la confiance en sa signature toujours honorée. Toujours à la frontière d'une légalité qu'il connaissait fort bien, Fouquet aimait ces jeux d'argent comme il aimait les livres rares, les meubles précieux, les jardins enchantés, les demeures fastueuses, les jolies femmes. Ce goût d'un faste vraiment royal le perdit dans l'esprit d'un roi de vingt ans qui n'avait guère connu que la pauvreté. Mazarin meurt au début de l'année 1661, léguant au roi Colbert son fidèle commis. Mazarin n'aimait pas Fouquet, mais en avait besoin ; Colbert le haïssait et voulait sa place. Il n'était guère difficile de perdre Fouquet dans l'esprit du roi. Depuis des années, Colbert accumulait notes et mémoires qui accablaient le surintendant. Et celui-ci accumulait les imprudences : il offrait de l'argent à La Vallière, qui le repoussait avec indignation ; il donnait à Vaux-le-Vicomte une fête trop royale en l'honneur du roi ; il vendait enfin sa charge de procureur contre de fallacieuses promesses, perdant ainsi le privilège[...]

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Pour citer cet article

Solange MARIN. FOUQUET NICOLAS (1615-1680) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Nicolas Fouquet - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Nicolas Fouquet

Autres références

  • BOURGEOISIE FRANÇAISE

    • Écrit par Universalis, Régine PERNOUD
    • 7 659 mots
    En tant que surintendant des Finances, Colbert avait succédé à un autre bourgeois bien connu : Nicolas Fouquet, dont le nom est un peu le symbole de la bourgeoisie financière au xviie siècle. Comme Jacques Cœur au xve siècle, comme Semblançay au xvie, Fouquet fut condamné pour concussion. Son...
  • CHÂTEAU DE VAUX-LE-VICOMTE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 250 mots

    1641 Acquisition de Vaux par Nicolas Fouquet (1615-1680). Le parc commence à être aménagé.

    1653 ( ?) Début des fondations du bâtiment principal.

    1655-1656 Le plan définitif proposé par l'architecte Louis Le Vau est approuvé par Fouquet.

    1656-1660 Construction du château sous la direction...

  • FERMIERS GÉNÉRAUX

    • Écrit par Jean MEYER
    • 2 579 mots
    ...anticipations étant devenues avec les assignations le moyen de gouvernement par excellence, un Gondi, un Herwart (qui devient contrôleur général), un Jabach, un Fouquet occupent les premières places de l'État. La participation de Mazarin aux prêts usuraires de Fouquet préfigure le système des « croupes » (intérêt...
  • LA FONTAINE JEAN DE (1621-1695)

    • Écrit par Tiphaine ROLLAND
    • 3 158 mots
    • 3 médias
    C’est probablement ce dernier qui l’introduit auprès du brillant surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, pour qui La Fontaine écrit Adonis (1658) et Le Songe de Vaux (1659-1661), célébrant son domaine de Vaux-le-Vicomte. La disgrâce qui frappe le ministre, arrêté sur ordre de Louis XIV en...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi