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MONTAGNES Le milieu montagnard

Les étages biogéographiques en montagne

Alpes suisses : végétation, sols et climat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alpes suisses : végétation, sols et climat

L'étagement des paysages montagnards correspond à la zonation climatique altitudinale, comme le montre, par exemple, la montagne alpine. L'homme a installé les cultures dans les vallées et sur les premières pentes (étage collinéen) ; il a défriché une forêt de feuillus, assez voisine de celle des plaines, mais où les espèces mieux adaptées aux fortes précipitations comme divers chênes l'emportent. L'étage montagnard est le domaine du hêtre, bien adapté aux fortes nébulosités et mêlé de quelques sapins ; il se développe entre 500-900 m et 1 500-1 700 m, sur des sols bruns forestiers. L'étage subalpin correspond à de fortes précipitations en milieu déjà froid. Les basses températures, l'écoulement rapide de l'eau ralentissent la formation des sols ; peu épais, ils n'en ont pas moins des caractères de podzol ; c'est le domaine des conifères, épicéa d'abord, puis mélèze ou pin cembrot, dont la frange pionnière monte jusqu'à 2 000-2 300 m. Sur les adrets, ces limites sont généralement plus hautes de 200 à 300 m, et l'on note la présence d'espèces adaptées au fort ensoleillement et à la sécheresse. L'étage alpin, jusqu'à la limite des neiges persistantes (2 800 m), connaît déjà de fortes actions mécaniques ; les sols y ont le profil très élémentaire des rankers alpins, où abondent les fragments anguleux de roche en place. Dans le cadre général de la pelouse alpine à la riche floraison, les plantes manifestent une adaptation morphologique très poussée aux rigueurs du climat d'altitude : nanisme des arbres qui réduit les effets du vent et leur permet d'être protégés du grand froid par la neige ; xéromorphie des plantes en coussinets (saxifrage), des buissons bas à feuilles coriaces (rhododendrons), des feuilles rares et en aiguilles (genêt épineux). L'abondance des plantes vivaces à bulbes ou rhizomes, comme l'iris et la gentiane, montre leur excellente adaptation. La rigueur climatique contribue à la réduction du nombre des espèces ; mais en même temps on note la forte proportion d'espèces endémiques, parfois strictement localisées à une seule chaîne comme la Ramondiapyrenaicades pelouses pyrénéennes. En haute montagne, les plantes vasculaires se raréfient et seuls les lichens s'attaquent à la roche.

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations

Au sein de régions plus sèches, les montagnes se signalent par les peuplements arborés beaucoup mieux développés que dans le bas pays, en liaison avec l'accroissement des précipitations. Au-dessus des déserts et des savanes, l'altitude introduit, d'abord, la forêt sèche sclérophylle, ou le chaparral riche en épineux et en cactacées de grande taille, comme les cierges d'Amérique centrale. Ils sont surmontés par des forêts semi-humides, riches en conifères caractéristiques de chaque région et souvent répartis en sous-étages. Dans la sierra Nevada californienne règnent jusqu'à 1 250 m le pin et le séquoia ; au-dessus, le sapin et le tsuga ; du Maroc au Moyen-Orient, le cèdre tient la même place, remplacé plus haut par le thuya ou le genévrier thurifère. Vers les sommets, les sols humiques alpins portent des pelouses subalpines, plus ou moins denses selon le degré de sécheresse. En milieu équatorial, où existent des étagements comparables, la plus grande originalité est réservée à l'étage supérieur. Le bilan thermique, encore favorable, la faible amplitude et parfois la forte nébulosité y sont la cause du gigantisme de plantes non arbustives : séneçons géants du Kilimandjaro, PuyaRaimondii de la Cordillera Blanca péruvienne, lobélies en République démocratique du Congo ; le rhododendron, ordinairement un buisson, est un arbre dans l'Himalaya.

La faune s'adapte pour résister au froid : développement des[...]

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Écrit par

  • : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III

Classification

Pour citer cet article

Pierre BARRERE. MONTAGNES - Le milieu montagnard [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Parc national Torres del Paine, Chili - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

Parc national Torres del Paine, Chili

Alpes suisses : végétation, sols et climat - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alpes suisses : végétation, sols et climat

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sierra Nevada (États-Unis) : Végétation et précipitations

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lesmontagnes tropicales d'Afrique comptent parmi les espaces les plus densément peuplés ; certaines présentent même des symptômes de surpeuplement. Les climats d'altitude y sont très favorables à l'homme, en raison de la disparition, au-dessus de 1 200-1 500 mètres d'altitude, des grands systèmes pathogènes...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...Shkodër (370 km2) et au nord du Drin, formées de plusieurs massifs calcaires orientés sud-ouest - nord-est, présentent les formes les plus âpres. Les monts abrupts alternent avec des cirques glaciaires et des vallées étroites. Le mont Jezercë (2 693 m) domine une étoile de chaînes de plus de 2 000...
  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    L'Allemagne alpine comprend deux éléments : la montagne alpine et le plateau de Bavière qui la précède vers le nord.
  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias

    Les Alpes constituent une des principales chaînes de montagne d’Europe, identifiée comme telle dès l’époque romaine, puis clairement circonscrite par les naturalistes à partir du xviiie siècle. Dotées de nombreux sommets dépassant les 4 000 mètres d’altitude, source de plusieurs cours d’eau...

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Voir aussi