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MONGOLIE, histoire

De l'époque gengiskhanide à l'âge moderne

Lorsqu'en 1368 Togon-Temür, le dernier souverain Yuan, est chassé de Chine par la dynastie Ming, les Mongols reprennent dans les steppes le cours de leur histoire. Mais, diminués par la dispersion d'une partie de leurs tribus dans les pays sédentaires qui les ont absorbées, ils retrouvent leur pays d'origine étiolé d'avoir été trop longtemps abandonné et ravagé par les guerres intestines des Gengiskhanides. Privés de l'appoint que l'agriculture et l'artisanat leur avaient apporté dès les débuts du xiiie siècle, coupés des centres culturels et commerciaux de l'Asie, ils retombent dans une anarchie où le pillage sert de complément à une économie pastorale rudimentaire. Pour eux, les siècles à venir vont être occupés par la recherche d'un nouvel équilibre social et politique, d'une nouvelle structure du nomadisme et par le règlement de leurs difficultés de voisinage avec la Chine.

Les rivalités, du XIVe siècleà la fin du XVIe siècle

Les dissensions entre ethnies et les violentes rivalités qui opposent Gengiskhanides et non-Gengiskhanides sont dominées par la nécessité de trouver à l'économie nomade des débouchés et par la pression de la politique chinoise, qui attise les antagonismes afin de prévenir le danger d'une renaissance mongole. Dans une première phase, alors que le jeune État Ming est encore fort et que, chez les Mongols, la lignée gengiskhanide perpétue un titre de grand-khan dévalué, les Chinois mènent plusieurs campagnes jusqu'à Qaraqorum et aux marches de la Sibérie, pour épuiser leurs ennemis et attirer dans leurs rangs les tribus les plus proches de la Chine. De cet affaiblissement des peuples de la Mongolie propre – ceux que les Ming appellent Tatar et que nous dénommons Mongols orientaux – profite un autre peuple mongol resté à l'écart de la grandeur et de la décadence des Gengiskhanides : les Oirat ou Mongols occidentaux. Établis à cette époque sur le flanc ouest des Mongols orientaux, dans les monts Altai et le Tarbagatai au nord des oasis de l'Ili, les Oirat réussirent bientôt à occuper une grande partie de la Mongolie propre. Ayant fait une soumission théorique aux Ming pour marquer leur indépendance vis-à-vis du grand-khan, ils leur versent un prétendu tribut qui est, en fait, l'occasion d'un fructueux commerce avec l'Empire du Milieu et le prétexte à de fastueux cadeaux « de réponse » au moyen desquels l'empereur Ming cherche à acheter leur neutralité.

Mais voici que, dans une deuxième étape, les Mongols orientaux, retrouvant dans l'unification une force nouvelle, harcèlent à leur tour les Oirat et les Ming, qui ont perdu leur dynamisme initial. Le long règne de Dayan-khan, descendant de Qubilai et grand-khan probablement de 1488 à 1543, marque non seulement ce redressement des Mongols orientaux et leur réorganisation en une « aile gauche » (ou orientale) dominante et une « aile droite » (ou occidentale), comme il a toujours été de règle dans les empires nomades, mais en outre l'élimination définitive des princes d'ascendance non gengiskhanide, qui deviennent de simples fonctionnaires au service des Gengiskhanides. En effet, on peut relever, au cours des siècles suivants, que sur cent trente-cinq maisons princières au pouvoir chez les Mongols orientaux, cent six descendent par ligne agnatique de Dayan-khan, et donc par lui de Gengis-khan et de Qubilai, vingt-cinq des frères de Gengis-khan, et que quatre seulement sont étrangères à la lignée gengiskhanide (il s'agit des descendants de J̌elme, un des preux de Gengis-khan). À Dayan-khan remonte aussi la répartition actuelle des principaux groupes de Mongols orientaux : dans la future Mongolie-Extérieure (actuelle République mongole), les Khalkha (ou Qalqa), qui vont bientôt[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)
  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Françoise AUBIN et Vadime ELISSEEFF. MONGOLIE, histoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

500 à 600. Reconquêtes - crédits : Encyclopædia Universalis France

500 à 600. Reconquêtes

Autres références

  • EXPANSION MONGOLE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 198 mots

    1206 Temüdjin est reconnu khan universel (Gengis khan).

    1215 Prise de Pékin et annexion de la Mandchourie.

    1221 Gengis khan atteint l'Indus.

    1229 Ögödeï est élu grand khan deux ans après la mort de son père Gengis khan.

    1231 Destruction définitive de l'empire du Kharezm et...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...l'embouchure de l'Amou-Daria. Par conséquent, au début du xiiie siècle, alors qu'une des plus effroyables invasions de l'histoire se préparait en Mongolie, sous la direction du terrible Gengis khan, le Khorassan faisait partie de l'empire de Khorezm, qui fut le premier à subir le choc de la nouvelle...
  • AÏMAG

    • Écrit par Françoise AUBIN
    • 120 mots

    À l'origine, chez les peuples turcs, mongols et parfois toungouso-mandchous, l'aïmag (ou aïmak, ou ayimaq) est une unité sociale plus ou moins étendue qui repose sur la parenté patrilinéaire.

    À partir du XIIIe siècle, chez les Mongols, c'est une sous-tribu ayant un territoire de...

  • ALEXANDRE IAROSLAVITCH NEVSKI (1220-1263)

    • Écrit par Wladimir VODOFF
    • 429 mots

    Fils de Iaroslav Vsevolodovitch, prince héréditaire de Pereïslav-Zalesski — au nord de Moscou —, le jeune Alexandre apparaît d'abord comme le brillant second de son père, devenu grand-prince de Vladimir. Il se voit confier notamment la fonction de prince de Novgorod au moment où les...

  • ANDRÉ DE LONGJUMEAU (mort en 1270)

    • Écrit par Marcel PACAUT
    • 216 mots

    Frère prêcheur, qui fit partie du groupe de religieux que le pape Innocent IV et le roi Saint Louis utilisèrent pour leur politique orientale. En 1244, André de Longjumeau accomplit une première mission, proprement religieuse, en Syrie et dans les régions voisines, et consolida les retours au catholicisme...

  • Afficher les 75 références

Voir aussi