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MÉSOPOTAMIE L'archéologie

La Mésopotamie fut, dès le VIe millénaire et parallèlement à l'Égypte, un haut lieu de civilisation. La Bible en a gardé la trace : le jardin d'Éden, Paradis terrestre de la Genèse, est situé du côté de l'Orient. Les premières fouilles eurent lieu dès décembre 1842, quelques décennies après la redécouverte de l'Égypte, et l'archéologie mésopotamienne fut longtemps à l'avant-garde de l'archéologie proche-orientale. Après cent cinquante ans d'efforts, les résultats sont riches et nuancés. Les méthodes de fouille se sont améliorées et la problématique s'est transformée.

La Mésopotamie antique

L'historien grec Polybe (iie s. av. J.-C.) appelait la vallée alluviale du Tigre et de l' Euphrate la Mésopotamie ou « pays entre les fleuves ». C'est, en effet, le trait majeur de l'Iraq. Ces deux fleuves (Purattu et Idiglat, en akkadien) prennent leur source dans les montagnes d'Arménie et coulent presque parallèlement sur quelque mille kilomètres avant de se jeter dans le Golfe. Le Tigre, le plus court, reçoit tous ses affluents du Zagros iranien (Zab, Diyala). L'Euphrate, le plus long, reçoit ses principaux affluents (Balikh et Habour) en territoire syrien. Les deux fleuves coulent dans la vaste dépression qui s'allonge entre les derniers plis du Zagros iranien à l'est et les hautes terres du désert de Syrie et de Jordanie à l'ouest. Dès que les fleuves entrent en Babylonie proprement dite, à la latitude de Bagdad, à partir de la limite nord de fructification du palmier-dattier, l'agriculture est soumise au régime des crues des deux fleuves. C'est dire l'importance de l' irrigation. Sur les 32 500 km2 cultivés en 1955 en Iraq, 84 p. 100 étaient susceptibles d'être inondés à un moment ou à un autre, et le contrôle des crues commande tout le système d'irrigation, c'est-à-dire de la production agricole. Ces crues peuvent être irrégulières, car elles dépendent de l'abondance de l'eau issue de la fonte des neiges en Arménie. Si le débit moyen du Tigre est de 1 300 m3/s à Samarra, il peut monter, comme en 1941, à 130 000 m3/s. L'Euphrate ne débite en moyenne que 860 m3/s à Hit, mais il peut en débiter 4 000 m3/s. Ces crues sont d'autant plus dangereuses, et nécessitent un contrôle d'autant plus strict, qu'elles peuvent se produire en même temps. De plus, par suite des dépôts d'alluvions et de l'horizontalité de la plaine, le lit des fleuves est souvent plus élevé que les terres qu'ils irriguent. L'eau est donc abondante, mais difficile à contrôler. En revanche, les alluvions de la vallée sont extrêmement fertiles (sauf dans le Sud où des problèmes de salinisation viennent entraver l'effort agricole). L'ensoleillement est souvent excessif. Dans la plus grande partie du pays, à l'exception du Nord auquel la proximité des montagnes anatoliennes assure un climat plus modéré, la température se situe, de mai à septembre, entre 40 et 50 0C.

La présence des couches sédimentaires entraîne une disparition quasi totale du socle rocheux. On ne trouve de pierre que dans le nord du pays (carrières de gypse). Le matériau de construction de prédilection a donc été, et cela jusqu'à l'époque contemporaine, la terre, pisé ou brique séchée au soleil. Le problème majeur était l'absence de bois de construction, le palmier ne pouvant en tenir lieu.

Le pays mésopotamien est donc riche de potentialités agricoles (soleil, eau, bonnes terres) mais il est impératif qu'un travail soutenu vienne contrôler et corriger les excès de la nature. L'archéologie nous apprend que le premier effort d'irrigation (c'est-à-dire l'apport artificiel d'eau à un sol) a été réalisé en Mésopotamie, dès le VIIe millénaire.[...]

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Écrit par

  • : professeur d'archéologie orientale à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean-Louis HUOT. MÉSOPOTAMIE - L'archéologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Taureau ailé assyrien - crédits :  Bridgeman Images

Taureau ailé assyrien

Gudea, prince de Lagash - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Gudea, prince de Lagash

Mésopotamie : chronologie comparée avec d'autres civilisations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mésopotamie : chronologie comparée avec d'autres civilisations

Autres références

  • AKKAD

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 2 890 mots
    • 3 médias

    Akkad (du sémitique Akkadû, forme à laquelle le scribe préférait Agadé) désigne à la fois une « ville de royauté » du IIIe millénaire avant J.-C. et la partie nord de la Babylonie. Du nom de la cité dérive le terme akkadien, qui sert à qualifier la dynastie royale d'Akkad, la population...

  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par Paul GOUKOWSKY
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    ...était nombreuse et de valeur, manquaient désormais les mercenaires grecs, décimés au cours des précédentes batailles ou perdus dans de vaines aventures. Les deux armées se rencontrèrent en Haute-Mésopotamie, près du village de Gaugamèles, non loin de la ville assyrienne d'Arbèles (Erbil). C'était une vaste...
  • AMORRITES ou AMORRHÉENS

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 728 mots

    Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.

    Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par...

  • ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 849 mots
    • 3 médias
    ...processus d’apparition de l’agriculture sédentaire à partir du IXe millénaire avant notre ère, du moins dans l’exemple qu’il a choisi, celui de la Mésopotamie. Lui-même éleveur en sus de ses fonctions universitaires, il décrit le processus de formation d’une nouvelle socialisation, la domus...
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Voir aussi