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MÉDITATIONS CARTÉSIENNES, Edmund Husserl Fiche de lecture

Les Méditations cartésiennes marquent une étape importante dans l'œuvre d'Edmund Husserl (1859-1938), le créateur de la phénoménologie. C'est d'abord l'un des rares exposés synthétiques et introductifs qu'il ait tenté de cette dernière, la plupart de ses écrits publiés, depuis les inaugurales Recherches logiques (1900-1901), constituant plutôt des états, souvent techniques et arides, d'une réflexion en cours, jamais arrêtée. C'est ensuite le signe d'un tournant majeur dans cette réflexion, venue des langues formelles et de l'abstraction mais tendue vers le « monde de la vie » – et l'occasion d'un hommage rendu à Descartes, qui est aussi une critique.

Husserl lecteur de Descartes

Les Méditations cartésiennes se donnent comme une Introduction à la phénoménologie. Il s'agissait au départ de quatre conférences prononcées en allemand à Paris, les 23 et 25 février 1929. Profondément remaniées à destination de leur public français, elles ont paru en 1931 dans une traduction d'Emmanuel Lévinas (alors jeune docteur de l'université de Strasbourg, et qui deviendra l'un des principaux introducteurs de la phénoménologie en France) et de Gabrielle Peiffer, revue par Alexandre Koyré.

Déjà dans la Philosophie première (son cours à l'université de Fribourg en 1923-1924), Husserl confronte son projet à l'histoire de la philosophie. Kant y est présenté comme le plus proche de la science purement descriptive qu'il cherche à fonder. Mais la « voie cartésienne » s'avère la principale des « voies phénoménologiques ». C'est elle en effet qu'empruntent les Idées directrices pour une phénoménologie (1913, traduites en 1950 par un autre des grands phénoménologues français, Paul Ricœur). Même distinguée de « la tentative cartésienne de doute universel », l'« épochè phénoménologique » ou « réduction transcendante », mise entre parenthèses de « l'attitude naturelle » permettant d'atteindre une évidence « réellement apodictique » (et donc dotée du statut de vérité nécessaire), apparaît comme une héritière directe du « subjectivisme » cartésien. La quatrième des Méditations cartésiennes semble couronner ce parcours, quand elle propose de considérer « l'explication phénoménologique véritable de l'ego cogito » comme « idéalisme transcendantal ».

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Pour citer cet article

François TRÉMOLIÈRES. MÉDITATIONS CARTÉSIENNES, Edmund Husserl - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALTÉRITÉ, philosophie

    • Écrit par Sylvie COURTINE-DENAMY
    • 5 334 mots
    • 4 médias
    Dans ses Méditations cartésiennes (1929), Husserl va remettre en cause l'interprétation du cogito comme res cogitans, cette substantialisation de l'ego transcendantal étant à ses yeux le pire des fourvoiements. Pour constituer la philosophie comme science rigoureuse, pour trouver un fondement...
  • HUSSERL EDMUND (1859-1938)

    • Écrit par Gérard GRANEL
    • 8 621 mots
    • 1 média
    On peut ajouter enfin, malgré une apparence un peu limitée, les remarques sur les Méditations cartésiennes que Roman Ingarden fit parvenir à son ancien maître au lendemain de la parution de cette œuvre où se déclare, plus qu'en tout autre, l'idéalisme transcendantal phénoménologique...
  • MOI

    • Écrit par Catherine CLÉMENT, Henry DUMÉRY
    • 12 459 mots
    ...Dieu, axe de la subjectivité cartésienne, Dieu qui rend alors possible la reconstruction du réel extérieur, effective dans les dernières Méditations. Husserl définit cette démarche en la généralisant : « Le grand retour sur soi-même, qui [...] mène à la subjectivité transcendantale : le retour à l'...
  • ONTOLOGIE

    • Écrit par Paul RICŒUR
    • 15 658 mots
    • 1 média
    Et pourtant, il est difficile d'appeler la phénoménologie husserlienne une ontologie. Dans les Idées (1912) et plus encore dans les Méditations cartésiennes(1929), Husserl donne une interprétation idéaliste de ces structures ; selon la thèse de la constitution, c'est la conscience qui constitue...

Voir aussi