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GOUTTE MALADIE

La goutte, appelée podagre par les Grecs, est une maladie caractérisée par des accès d'inflammation articulaire, qui atteignent surtout les pieds, et par des dépôts cristallins d'urate de sodium dans les tissus. Connue depuis l'Antiquité, longtemps confondue avec les rhumatismes, elle en a été différenciée en 1868 par le médecin anglais A. B. Garrod qui montra qu'elle provient d'un excès d' acide urique dans le sang. Cette hyperuricémie est beaucoup plus fréquente chez l'homme que chez la femme. Elle provient en partie d'un trouble constitutionnel, génétiquement déterminé, du métabolisme des purines, et souvent aussi de la suralimentation.

La colchicine, connue depuis des siècles, est un médicament très efficace de la crise de goutte, mais elle ne modifie pas le taux de l'uricémie. Depuis 1950, on dispose de médicaments capables de ramener à la normale l'uricémie des goutteux. Grâce à l'utilisation judicieuse et continue de ces hypo-uricémiants, il est à présent possible d'interrompre le cours de la maladie et d'obtenir un état de guérison apparente.

Uricémie et goutte

Taux d'uricémie

L'acide urique du sang provient du métabolisme des purines. L'uricémie moyenne varie quelque peu selon les populations. Dans les pays occidentaux, elle est d'environ 55 mg/l chez les adultes du sexe masculin. La valeur de 70 mg/l peut être considérée comme la limite supérieure de l'uricémie normale. Au-delà de ce taux le seuil de saturation du plasma en urate de sodium étant dépassé (plus de 360 mmol/l soit plus de 6 mg/dl), il y a un risque de goutte, faible pour les hyperuricémies situées entre 70 et 80 mg/l et qui augmente ensuite rapidement. La goutte s'installe généralement après des années d'hyperuricémie.

L'uricémie de la femme est inférieure d'environ 10 mg/l à celle de l'homme, et elle n'atteint qu'exceptionnellement une valeur supérieure à 70 mg/l ; c'est pourquoi la goutte est rare chez la femme.

Causes et mécanismes de l'hyperuricémie

Dans quelques cas, l'hyperuricémie est la conséquence d'autres maladies, comme l'insuffisance rénale ou diverses maladies du sang ; elle résulte parfois de l'entrave que certains médicaments, notamment les diurétiques, apportent à l'élimination urinaire de l'acide urique. La goutte qui peut en être la conséquence est dite secondaire.

Assez souvent, la suralimentation concourt à l'hyperuricémie : elle produit une élévation de l'uricémie de l'ordre de 10 mg/l. Or, chez les adultes de sexe masculin qui ont une uricémie comprise entre 60 et 70 mg/l, une telle majoration peut exposer à la goutte. On s'explique ainsi la relative fréquence de la goutte chez les obèses, dans les populations économiquement favorisées et dans les classes les plus aisées. On comprend aussi que la suralimentation n'engendre pas cette maladie chez la plupart des sujets, leur uricémie en régime normal étant trop basse (inférieure à 60 mg/l) pour que la majoration de l'uricémie que provoque la suralimentation crée une hyperuricémie.

La très grande majorité des gouttes, cependant, sont primitives : elles proviennent d'une hyperuricémie apparemment sans cause, dite hyperuricémie idiopathique. Elle correspond à un trouble constitutionnel génétiquement déterminé, comme l'indique le caractère souvent héréditaire et familial de la goutte ; environ un tiers des goutteux se connaissent au moins un parent goutteux : surtout leur père ou un de leurs frères. Au surplus, si l'on dose l'uricémie des membres des familles de goutteux, on s'aperçoit qu'un bon nombre d'entre eux ont une hyperuricémie sans avoir souffert de la goutte.

Le trouble en cause est soit une hyperproduction d'acide urique, soit à la fois[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de médecine de Paris, C.H.U. Lariboisière.

Classification

Pour citer cet article

Antoine RYCKEWAERT. GOUTTE MALADIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RÉACTION INFLAMMATOIRE

    • Écrit par Jean-Marc CAVAILLON
    • 4 573 mots
    • 5 médias
    Le diabète de type 2 (résistant à l’insuline) ou la goutte sont des pathologies qui sont communément appelées auto-inflammatoires. Elles résultent de la présence accrue et chronique d'un stimulus, le sucre dans le cas du diabète, les cristaux d'acide urique dans le cas de la goutte, capables d'initier...
  • RHUMATOLOGIE

    • Écrit par André-Paul PELTIER
    • 6 170 mots
    La goutte, reconnue depuis Hippocrate, est le chef de file de ce type d'arthrites. Elle relève d'un trouble du métabolisme des purines qui entraîne en permanence une élévation du taux d'acide urique dans le sérum (hyperuricémie). Cette hyperuricémie conduit à son tour à la précipitation de l'acide urique...
  • SYDENHAM THOMAS (1624-1689)

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
    • 457 mots

    Médecin anglais, Sydenham restaura les principes hippocratiques de la médecine. Fidèle soldat de Cromwell, la défaite des royalistes le rend à la vie civile en 1646. Il étudie alors la médecine à Oxford et, après une interruption due à la reprise de la guerre civile, il obtient ses grades de docteur....

Voir aussi