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HUSTON JOHN (1906-1987)

Des romans en images

Idéalistes, utopistes et téméraires, les héros de John Huston se complètent les uns les autres, des révolutionnaires des Insurgés (1949) aux espions manipulés à leur insu de La Lettre du Kremlin (1970), du Bogart de Key Largo (1948) au jeune soldat de The Red Badge of Courage (La Charge victorieuse, 1951), personnage de Stephen Crane soudain plongé dans la folie meurtrière de la guerre de Sécession. Les origines irlandaises de Huston sont sans aucun doute responsables de ce style hors du commun où se mêlent l'humour et le drame, le sens de la dérision et celui du tragique, le goût pour les aventures les plus folles et l'exigence morale.

Parallèlement à ses réalisations, Huston fut aussi metteur en scène de théâtre – il monta Huis clos, de Sartre, en 1946 – et acteur de cinéma, non seulement dans ses propres films mais aussi dans des œuvres de Roman Polanski (Chinatown), d'Orson Welles (The Other Side of the Wind), de John Milius (Le Lion et le vent), d'Otto Preminger (Le Cardinal) et de Richard Sarafian (Le Convoi sauvage). Sa courte barbe blanche et son regard aussi malicieux qu'intransigeant représentaient dans Hollywood, livré au marketing et au marchandisage, la continuité de la grande tradition du cinéma américain, celle de ses collègues John Ford, Howard Hawks, Raoul Walsh, William A. Wellman.

Retiré loin d'Hollywood, Huston vécut à partir de 1975 à Las Caletas, dans l'État de Jalisco, au Mexique, dans la réserve de Chacala, concédée par le gouvernement à la communauté des Indiens, au milieu des daims, des ours et des perroquets, au bord de la mer... Mais à peine le croyait-on éloigné définitivement des studios et du brouhaha hollywoodiens qu'il réapparaissait brusquement, réalisant Au-dessous du volcan (1984) d'après Malcolm Lowry, L'Honneur des Prizzi (1985), ou encore The Dead qui lui permit de retrouver l'authenticité de sa chère Irlande. En 1980, Huston a raconté dans An Open Book (trad. franç : John Huston) sa foisonnante existence, avouant : « J'ai vécu plusieurs vies. Il m'arrive d'envier l'homme qui a eu un métier, une femme, un pays, et cru en un seul dieu. Son existence a peut-être été assez terne mais au moins, arrivé à l'âge que j'ai, il peut en faire la somme et le point. Ma vie est faite de hasards, d'intermèdes, d'épisodes disparates. Cinq épouses. Plus encore de liaisons, souvent plus riches de souvenirs que les mariages. La chasse. Le jeu, les paris. Les chevaux de course. La peinture, la boxe, les collections d'art. L'écriture, la mise en scène, l'interprétation de plus de soixante films. L'âge venu, j'ai compris la sagesse d'un vieux précepte irlandais : „Il faut vivre au bord de la mer.“ Elle soulage les vieilles blessures et stimule l'esprit ; elle vivifie les passions de l'intelligence et de la chair, tout en amenant l'âme à trouver la sérénité. »

— Patrick BRION

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Écrit par

  • : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3

Classification

Pour citer cet article

Patrick BRION. HUSTON JOHN (1906-1987) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LES DÉSAXÉS, film de John Huston

    • Écrit par Laurent JULLIER
    • 910 mots

    Les Désaxés (The Misfits) est à l'origine une nouvelle écrite par Arthur Miller à Reno, alors qu'il attendait que soit prononcé le divorce qui lui permettrait d'épouser Marilyn Monroe. Le film, qui n'eut guère de succès à l'époque, est aujourd'hui connu pour des raisons qui tiennent...

  • GABLE CLARK (1901-1960)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 1 731 mots
    • 1 média
    ...personnage et le visage de Clark Gable, que l'on pouvait croire fini après quelques films vite oubliés. Pourtant, c'est grâce à un autre aventurier du cinéma, John Huston, que l'acteur allait tourner dans un dernier chef-d'œuvre, le mythique Misfits (Les Désaxés, 1961), avec Marilyn Monroe et Montgomery...
  • GARDNER AVA (1922-1990)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 1 643 mots
    • 1 média
    C'est d'ailleurs John Huston qui lui donne l'occasion d'une véritable composition et lui offre son dernier grand rôle, celui de Maxine Faulk (créé à la scène par Bette Davis), tenancière débraillée, mais au grand cœur, d'une taverne à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, dans ...
  • HUSTON WALTER (1884-1950)

    • Écrit par Universalis
    • 407 mots

    Acteur de genre américain d'origine canadienne, Walter Huston – Houghston de son vrai nom – se partagea entre le théâtre et le cinéma.

    Né le 6 avril 1884 à Toronto, Walter Huston se forme au métier d'ingénieur avant de faire ses débuts au théâtre dans sa ville natale en 1902. Il se produit...

  • POLICIER FILM

    • Écrit par Universalis, Jean TULARD
    • 4 270 mots
    • 5 médias
    ...Hollywood : Steinbeck, Faulkner et Mac Coy. Sous leur impulsion, le genre prend un nouveau visage. C'est avec Le Faucon maltais (The Maltese Falcon) de John Huston, d'après Hammett, en 1941, que le changement de ton devient perceptible, même s'il s'agissait d'une troisième adaptation (les précédentes...

Voir aussi