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WICAR JEAN-BAPTISTE (1762-1834)

Le collectionneur et donateur du musée de Lille a fait oublier le peintre. Pourtant, l'élève de David, appliqué, au néo-classicisme strict sinon scolaire, qui mène en Italie une carrière plus qu'honorable, est, de par ses limites mêmes, un bon témoin de la vie artistique de son temps. D'emblée, Wicar se révèle plus volontiers dessinateur que peintre ; son grand titre de gloire est l'élaboration des planches de la Galerie de Florence, dont le premier tome paraît en 1789. Cette importante publication devait familiariser Wicar avec la peinture italienne, dont il allait devenir un des meilleurs connaisseurs, et lui donner à jamais le goût de vivre en Italie ; aussi bien son activité parisienne pendant la Révolution, où, suivant pas à pas David, il participe à la Société républicaine des arts et est nommé membre de la commission du Museum, a surtout révélé ses maladresses et lui a valu de solides inimitiés. Un moment emprisonné en thermidor, il gagne bien vite l'Italie où il participe au grand mouvement de transfert des œuvres d'art ; comme commissaire des arts, il opère à Mantoue, à Pérouse, à Florence, veillant en même temps à sa propre collection. Très lié avec Cacault, Miollis, Lucien Bonaparte, auprès desquels il joue le rôle d'intermédiaire et d'expert, nommé membre de l'Académie de Saint-Luc, il peut penser jouer un grand rôle à Naples, où Joseph l'appelle pour y diriger l'académie (1806-1809). En fait, son caractère difficile devait interdire des succès autres que d'estime, même si la grande période d'activité est postérieure à la chute de Napoléon.

Le peintre est tendu, trop appliqué et trop fidèle à l'enseignement de l'école pour nous toucher. À côté du tableau d'Ingres, son Virgile lisant l'Énéide (1820, Cadenabbia) reste un exercice. Et, pourtant, La Signature du Concordat (1804, Castel Gandolfo), transposition maladroite du Brutus davidien, par la densité flamande du coloris, l'application exacerbée du dessin, échappe à la fadeur, tout comme l'immense machine dans la tradition de Jouvenet qu'est la Résurrection du fils de la veuve de Naïm (1816, Lille). Assurément, le génie de Wicar a été de découvrir et de réunir les œuvres et les dessins dont il légua, avec l'ensemble des dessins de Raphaël et de Michel-Ange, la plus belle partie au musée de Lille après avoir contribué, par l'intermédiaire de lord Ottley, acheteur d'une partie de sa collection, à ce qui allait devenir la gloire de l'Ashmolean Museum d'Oxford.

— Bruno FOUCART

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Pour citer cet article

Bruno FOUCART. WICAR JEAN-BAPTISTE (1762-1834) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FABRE FRANÇOIS-XAVIER (1766-1837)

    • Écrit par Bruno FOUCART
    • 436 mots

    Élève de David, prix de Rome en 1787, François-Xavier Fabre est, comme Wicar, l'un de ces artistes français profondément marqués par le néo-classicisme, qui menèrent en Italie la plus grande partie de leur carrière. En 1826 seulement, Fabre revint s'installer à Montpellier, sa ville...

Voir aussi