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IMMUNOLOGIE

L'immunologie moléculaire

Paul Ehrlich - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Paul Ehrlich

En 1892, P. Ehrlich a élaboré une théorie sur l'apparition des anticorps qu'on désigne par « théorie des chaînes latérales ». Les cellules formant les anticorps comporteraient des constituants membranaires capables de fixer spécifiquement des antigènes. Ces chaînes seraient ensuite libérées dans la circulation et seraient les anticorps. Pour expliquer la spécificité de cette fixation, il l'a comparée à l'adaptation d'une clef (antigène) à la serrure (anticorps), et il a admis qu'il s'agirait d'une réaction chimique. L'existence de récepteurs membranaires pour les antigènes devait être démontrée ultérieurement.

L. Landois, qui étudiait les transfusions sanguines, a constaté en 1875 qu'il fallait utiliser le sang de la même espèce. En 1898, Bordet a introduit les termes d'isoanticorps et d'isohémagglutination en constatant que les sérums des lapins immunisés avec les globules rouges d'un animal d'une autre espèce agglutinaient ces derniers, mais non ceux de lapin. Cependant, en 1902, Landsteiner a démontré l'existence d'hémagglutinines dans des sérums humains pour des érythrocytes d'autres humains, et il a établi l'existence des groupes sanguins A, B et O. Plus tard, c'est aussi lui qui a découvert le facteur rhésus en utilisant le sang de singes rhésus. Ces constatations sont le point de départ des transfusions sanguines contrôlées, et elles ont permis d'éviter des accidents transfusionnels. Il a été aussi démontré que les groupes sanguins sont héréditaires.

Gaston Ramon - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Gaston Ramon

Au cours des trois décennies 1910-1940, l'introduction de nouvelles méthodes, en particulier chimiques, a permis un développement important des connaissances, ainsi que des applications pratiques : vaccinations, méthodes de diagnostic. En 1921, Calmette et Guérin ont établi la vaccination antituberculeuse par une souche bovine atténuée (vaccin B.C.G.). Dans plusieurs laboratoires, on avait essayé de neutraliser les toxines diphtérique et tétanique pour l' immunisation. C'est en 1924 que Ramon a mis au point un procédé de neutralisation convenable en supprimant la toxicité par une formolisation. Il désigna ces préparations atoxiques par anatoxines, tandis que les anglophones les appellent toxoïdes, comme l'avait proposé Ehrlich. Pour augmenter l'efficacité des vaccins, Le Moignic et Pinay ont introduit l'emploi de lipides comme adjuvants (1916). Ramon (1935) a essayé d'autres substances, mais elles provoquaient parfois des lésions aux endroits des injections. Actuellement, certains vaccins contiennent des substances adjuvantes inoffensives, et dans les immunisations expérimentales d'animaux on utilise l' adjuvant de Freund (1947) ou des produits extraits du B.C.G., par exemple, pour augmenter l'immunogénicité des antigènes.

Karl Landsteiner - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Karl Landsteiner

En 1904, Arrhenius a introduit le terme d' immunochimie, et Ehrlich et Bordet ont admis que les réactions immunologiques ont une base chimique, mais c'est surtout grâce aux travaux de Landsteiner et de ses collaborateurs que l'emploi de méthodes chimiques s'est développé. À partir de 1914, Landsteiner a étudié, à l'aide de réactions sérologiques, la spécificité des antigènes en fixant par voie chimique (en particulier par diazotation) divers groupements simples sur des antigènes protéiques : il donna le nom de «  haptènes » à ces groupements, incapables à l'état libre d'induire la formation d'anticorps, mais caractéristiques pour la spécificité des réactions immunologiques. En 1933, Landsteiner a publié une monographie sur la spécificité des réactions sérologiques qui a eu une grande influence sur le développement des études immunologiques, de même que le livre de Wells (1925), traduit en français par L. Boez en 1928 ([...]

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Écrit par

  • : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
  • : membre de l'Académie de médecine, directeur honoraire de l'Institut de recherche sur le cancer du C.N.R.S, Villejuif, professeur honoraire à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Joseph ALOUF et Pierre GRABAR. IMMUNOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Louis Pasteur - crédits : Wellcome Collection ; CC-BY

Louis Pasteur

Ilia Metchnikov - crédits : Bibliothèque nationale de France

Ilia Metchnikov

Invention de la vaccination - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Invention de la vaccination

Autres références

  • DÉFENSES IMMUNITAIRES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Universalis, Didier LAVERGNE
    • 580 mots

    50 Définition de la réaction inflammatoire par le médecin gallo-romain Aulus Cornelius Celsus.

    1798 Démonstration de la possibilité de vaccination contre la variole par Jenner.

    1881Louis Pasteur immunise des moutons contre le charbon à Pouilly-le-Fort.

    1882 Ilia Metchnikov observe la phagocytose...

  • ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

    • Écrit par Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI, Jean-Pierre REVILLARD
    • 12 574 mots
    • 2 médias

    La notion d'allergie a trait au phénomène paradoxal de la nocivité de certaines réactions immunitaires. La paternité de ce concept (apparu en 1906) revient au médecin viennois Clemens von Pirquet. Il cherchait notamment à expliquer par cette « réactivité altérée » (traduction des termes grecs réunis...

  • ANIMAUX MODÈLES, biologie

    • Écrit par Gabriel GACHELIN, Emmanuelle SIDOT
    • 9 550 mots
    • 8 médias
    ...différences présentes dans la plupart des molécules qui les composent et peuvent les rendre fonctionnellement différentes d'une espèce à une autre. Ainsi, l'immunologie repose très largement sur les résultats obtenus par étude du système immunitaire des souris. La masse de connaissances acquises peut servir...
  • ANTICORPS ET IMMUNITÉ HUMORALE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 202 mots

    En 1888, à Paris, Émile Roux et Alexandre Yersin démontraient que le pouvoir pathogène du bacille diphtérique était dû à une toxine plutôt qu'à la bactérie elle-même. Cette observation fut rapidement étendue au cas du tétanos. Il fallut deux ans à Emil Von Behring à Berlin...

  • ANTICORPS MONOCLONAUX

    • Écrit par Michel MAUGRAS, Jean-Luc TEILLAUD
    • 2 137 mots

    Les anticorps, ou immunoglobines, sont des protéines sécrétées par une famille de cellules, les lymphocytes, dont la principale propriété est de reconnaître le « non-soi ». Les substances chimiques reconnues comme étrangères, qu'elles soient des associations de molécules ou des molécules, sont...

  • Afficher les 84 références

Voir aussi