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HOMINIDÉS

Les Australopithèques

Les autres plus anciens Hominidés proviennent des niveaux Pliocènes (environ 5 Ma) du Kenya et de l'Éthiopie. Ce sont des Australopithèques. Les premiers ont été découverts dans le sud de l'Afrique en 1924 et reconnus comme tels en 1925 par Raymond Dart, l'anatomiste de l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud). Ensuite, avec la « ruée vers l'os » est-africaine, de très nombreux spécimens ont été récoltés en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie, et, en 1995, d'autres pièces ont été signalées au Tchad. On voit une véritable explosion des espèces et aujourd'hui, on en reconnaît huit qui ne sont toutefois pas acceptées par tous les chercheurs : Australopithecusanamensis, A. afarensis, A. africanus, A. bahrelgazahli, A. garhi, A. robustus, A. aethiopicus et A. boisei. Ces trois dernières espèces sont parfois rattachées au genre Paranthropus. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que certaines espèces sont discutées ; c'est le cas de A. afarensis et A. anamensis. Le consensus est loin d'être acquis pour ces dernières. Les relations de parenté entre tous ces Australopithèques ne sont pas toujours très claires et varient en fonction des auteurs. Pour certains, A. afarensis est l'ancêtre de tous les autres Australopithèques et de l'Homme, pour d'autres, cette espèce aurait déjà co-habité avec les premiers Hommes. Le problème se complique par le fait que la validité de certaines espèces serait elle-même discutée, comme A. anamensis, placée sur la lignée des Australopithèques pour certains ou sur la lignée humaine pour d'autres.

« Australopithecus anamensis »

Cette espèce, découverte par Meave Leakey et Alan Walker en 1995, sur les sites kenyans de Kanapoi et d'Allia Bay serait vieille de 4,4 à 3,2 Ma environ. Elle est représentée par des fragments de mâchoires et des os des membres, dont un récolté dans les années 1960 par Bryan Patterson et son équipe. Ce qui est particulièrement intéressant est que les mâchoires présentent des caractères que l'on retrouve chez certains spécimens d'A. afarensis de Hadar, en Éthiopie (comme Lucy), ou de Laetoli, en Tanzanie, et que le squelette postcrânien est très humain (il ne peut être distingué d'un Homme actuel). Cette espèce est donc très humaine par le squelette postcrânien et moins humaine par ses dents. De nombreux paléontologues considèrent A. anamensis comme l'ancêtre de tous les autres Australopithèques et de l'Homme, ou bien comme un Australopithèque un peu particulier. Mais cette espèce, très humaine par son squelette locomoteur, pourrait aussi être considérée comme un témoignage ancien de la lignée exclusivement humaine et ce, dès 4 Ma. Il faut rappeler en effet, que les célèbres traces de pas du bipède de Laetoli en Tanzanie (découvertes en 1978 par Mary Leakey et son équipe), vieilles de 3,8 Ma, seraient également très humaines. Ces données font aujourd'hui l'objet de nombreuses discussions dans les milieux scientifiques.

« Australopithecus afarensis »

Squelette de Lucy - crédits : Donmatas/ D.R.

Squelette de Lucy

L'Australopithecusafarensis, connu aujourd'hui (entre 4,4 et 2,6 Ma) en Éthiopie, en Tanzanie et peut-être au Kenya, est probablement l'espèce d'Australopithèque la plus célèbre depuis la découverte, en 1974, sur le site de Hadar, en Éthiopie, d'un squelette complet à 40 p. 100, baptisé Lucy. Ce dernier, mis au jour par une équipe franco-américaine co-dirigée par Yves Coppens, Donald Johanson et Maurice Taieb, serait âgé de 3,2 Ma. A. afarensis est un être de taille plutôt petite (1,10 m en moyenne), possédant une boîte crânienne de la taille de celle d'un chimpanzé (la capacité crânienne de Lucy est de 360 cm3). Les incisives centrales sont larges (un peu comme chez les chimpanzés), les molaires sont plus massives que celles des grands[...]

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Écrit par

  • : professeure de première classe au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Brigitte SENUT. HOMINIDÉS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Hominidés : arbre phylogénétique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hominidés : arbre phylogénétique

Hominidés : arbres phylogénétiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hominidés : arbres phylogénétiques

Origines de l'homme, Y. Coppens - crédits : Encyclopædia Universalis France

Origines de l'homme, Y. Coppens

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    ...certain nombre d'informations sur l'évolution quaternaire. C'est sur leur bord que l'on a trouvé les restes des plus anciens Primates rapportés aux Hominidés archaïques. Il s'agit des Australopithèques qui, pour l'instant, ne sont connus qu'en Afrique. Ils ont eu la capacité de fabriquer des outils...
  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par Augustin HOLL
    • 6 326 mots
    • 3 médias
    ...et sur les structures de la chaîne trophique, explique avec parcimonie l'occupation de l'espace, la technologie et la nature des sites proto-humains. Combinée aux modèles dérivés des études des primates, elle explique l'accès des hominidés à des carcasses de grands animaux, comme la chasse de petits...
  • ARDIPITHECUS RAMIDUS

    • Écrit par Brigitte SENUT
    • 734 mots

    En 1994 était découvert à Aramis, en Éthiopie, un squelette daté de 4,4 millions d'années (Ma) appartenant à Ardipithecus ramidus. Comme le spécimen était très écrasé, il a fallu attendre quinze ans pour que la communauté scientifique puisse dresser un portrait de ce supposé ancêtre...

  • ARTENAC (SAINT-MARY), site préhistorique

    • Écrit par Anne DELAGNES, Jean-François TOURNEPICHE
    • 920 mots
    • 1 média

    Le site préhistorique d'Artenac est situé en Charente, dans le nord du Bassin aquitain, à une vingtaine de kilomètres au nord-est d'Angoulême. Après la destruction de la grotte sépulcrale éponyme qui a fait connaître l'Artenacien, culture du Néolithique final, la carrière...

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