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HOMINIDÉS

Le cas d'« Ardipithecus »

<it>Ardipithecus ramidus</it> - crédits : White et al. & J. H. Matternes, 2009/ Science Mag/ AAAS

Ardipithecus ramidus

En 1995, la publication, par Tim White et son équipe, de Ardipithecusramidus, vieux de 4,4 Ma, était venue relancer le débat sur l'origine des Hominidés. Cette nouvelle espèce, mise au jour dans la région moyenne de l'Aouache ( Éthiopie), était annoncée comme l'Hominidé certain le plus ancien. Toutefois, il est troublant que de très nombreux caractères publiés sur ces fragments osseux soient très proches, voire inclus dans les variations des chimpanzés nains actuels. L'Ardipithèque est-il un vrai Hominidé possédant de nombreuses convergences avec les grands singes non humains ? est-il un grand singe qui a développé parallèlement des caractères plus humains ? Pourquoi l'Ardipithèque ne serait-il pas un ancêtre des chimpanzés et des gorilles ? Le débat est largement ouvert, d'autant plus que les pièces sont très fragmentaires. Il faut tout de même préciser que si l'Homme et les grands singes africains ont un ancêtre commun, il est évident que plus on se rapproche de la souche, plus il est difficile d'isoler les caractères des uns et des autres. D'où un débat scientifique intense.

En janvier 2005 était annoncée la découverte de nouveaux restes d'Ardipithecusramidus dans la région de Gona, en Éthiopie, provenant de niveaux vieux de 4,51 à 4,32 Ma. Ce nouveau matériel, issu de plusieurs sites, est constitué d'un fragment de mandibule et de restes dentaires, dont certains sont associés, ainsi que d'un tiers de phalange de pied. Ce dernier ossement est attribué, par ses inventeurs, à un bipède. Ce seul indice fragmentaire, qui ne permet pas d'affirmer la bipédie de cette espèce, oblige à la prudence.

En 2001, une sous-espèce d'Ardipithecusramidus, Ardipithecusramiduskadabba, a été créée à partir de fragments provenant du Middle Awash en Éthiopie. Elle a été élevée au rang d'espèce (Ardipithecuskadabba) en 2004 sur la base de nouveaux matériels dentaires. Vieux de 5,2 à 5,8 Ma, les restes rappellent pour certains les chimpanzés et pour d'autres les Australopithèques. Les dents postérieures, relativement grandes, et les dents antérieures, relativement étroites, suggèrent que cet Hominidé consommait moins de fruits, mais plus de feuilles tendres et de fibres que le chimpanzé actuel. Selon ses inventeurs, cette nouvelle espèce appartiendrait aux Hominidés primitifs et serait bipède, mais ce moyen de locomotion est envisagé exclusivement sur la base d'une phalange de pied (datée de 5,2 Ma) proche morphologiquement de celle des Australopithèques de Hadar en Éthiopie. Toutefois, la courbure de cette phalange pourrait aussi mettre en évidence une capacité de saisie proche de celle d'espèces arboricoles. Ce seul os constitue un maigre indice pour définir un complexe locomoteur aussi compliqué que celui de la bipédie. Comme Orrorintugenensis, Ardipithecuskadabba évoluait dans un milieu boisé.

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Écrit par

  • : professeure de première classe au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Brigitte SENUT. HOMINIDÉS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Hominidés : arbre phylogénétique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hominidés : arbre phylogénétique

Hominidés : arbres phylogénétiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hominidés : arbres phylogénétiques

Origines de l'homme, Y. Coppens - crédits : Encyclopædia Universalis France

Origines de l'homme, Y. Coppens

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    ...certain nombre d'informations sur l'évolution quaternaire. C'est sur leur bord que l'on a trouvé les restes des plus anciens Primates rapportés aux Hominidés archaïques. Il s'agit des Australopithèques qui, pour l'instant, ne sont connus qu'en Afrique. Ils ont eu la capacité de fabriquer des outils...
  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par Augustin HOLL
    • 6 326 mots
    • 3 médias
    ...et sur les structures de la chaîne trophique, explique avec parcimonie l'occupation de l'espace, la technologie et la nature des sites proto-humains. Combinée aux modèles dérivés des études des primates, elle explique l'accès des hominidés à des carcasses de grands animaux, comme la chasse de petits...
  • ARDIPITHECUS RAMIDUS

    • Écrit par Brigitte SENUT
    • 734 mots

    En 1994 était découvert à Aramis, en Éthiopie, un squelette daté de 4,4 millions d'années (Ma) appartenant à Ardipithecus ramidus. Comme le spécimen était très écrasé, il a fallu attendre quinze ans pour que la communauté scientifique puisse dresser un portrait de ce supposé ancêtre...

  • ARTENAC (SAINT-MARY), site préhistorique

    • Écrit par Anne DELAGNES, Jean-François TOURNEPICHE
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    Le site préhistorique d'Artenac est situé en Charente, dans le nord du Bassin aquitain, à une vingtaine de kilomètres au nord-est d'Angoulême. Après la destruction de la grotte sépulcrale éponyme qui a fait connaître l'Artenacien, culture du Néolithique final, la carrière...

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