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GRAMMATICALITÉ

Une bonne grammaire doit être capable de « projeter le corpus fini et toujours plus ou moins aléatoire des énoncés observés sur l'ensemble, qu'on présuppose infini, des phrases grammaticales », écrit N. Chomsky (Structures syntaxiques). Ce passage de l'induction à la projection ne peut se faire qu'au moyen d'un appareil hypothético-déductif qui concerne la grammaticalité. On se gardera de confondre cette dernière avec la notion normative de correction, et encore plus avec celle de fréquence statistique, mais on la réservera à l'ensemble des lois qui régissent la compétence des sujets parlants. Si l'on se rappelle, en effet, que celle-ci est forcément dissociée de la production actualisée des phrases, on n'aura aucun mal à admettre que le corpus est, par définition, un matériau soit insuffisant (dans la mesure où il représente la performance, avec ce qu'elle comporte de déviations stylistiques, volontaires ou non), soit conditionné par avance et de façon implicite de manière qu'en soient exclues les productions que tout le monde serait unanime à rejeter. C'est sur les deux fronts qu'a dû se battre la grammaire générative, se voyant parfois reprocher l'élaboration d'un modèle abstrait et conçu en laboratoire, essuyant parfois l'objection d'engendrer des structures non recevables en stricte normativité, mais appréciées par la fantaisie de l'informateur. Quoi qu'il en soit, et malgré les inévitables imperfections qui entachent nécessairement une théorie relative à des ensembles non finis, on doit à la notion de grammaticalité l'immense avantage d'avoir nettement clarifié ce que l'on pouvait attendre d'une grammaire, et plus soigneusement défini, à l'écart d'un empirisme insatisfaisant, le concept formel de langage.

— Robert SCTRICK

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Pour citer cet article

Robert SCTRICK. GRAMMATICALITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGRAMMATICALITÉ

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 478 mots

    Une phrase est réputée agrammaticale lorsqu'elle est incompatible avec les schèmes qui régissent la structure et le fonctionnement de la langue où elle est émise.

    En raison des différents niveaux où l'on peut se placer pour apprécier la manière dont un code est violé par une production...

  • COMPÉTENCE & PERFORMANCE, linguistique

    • Écrit par Louis-Jean CALVET
    • 389 mots

    Dans la terminologie de la grammaire générative, le comportement linguistique d'un locuteur est défini par un couple de concepts : compétence, ou savoir linguistique du locuteur, et performance, ou réalisation concrète de ce savoir linguistique dans des actes de communication, qu'il...

  • GRAMMAIRE

    • Écrit par Jean-Claude MILNER
    • 8 586 mots
    ...est une production de langue ; le prédicat est constitué par le différentiel choisi. On peut imaginer d'autres oppositions : acceptable/inacceptable, grammatical/agrammatical, etc. Elles ont généralement ceci de commun : a) qu'elles sont bipolaires (qu'elles soient à deux degrés ou à plusieurs degrés,...
  • GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Les grammairiens latins

    • Écrit par Marc BARATIN
    • 1 548 mots
    ...tripartition classique phonétique/morphologie/syntaxe. Cependant, Priscien modifie l'enseignement d'Apollonios sur le point essentiel des relations entre grammaticalité et intelligibilité. Pour Priscien, un énoncé intelligible est, de ce fait même, forcément construit, donc syntaxique : si un énoncé est...

Voir aussi