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FAUVISME

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Thèmes et poétique du fauvisme

Les fauves cultivèrent essentiellement le thème du paysage : Paris et ses environs, la Normandie, la Côte d'Azur, Anvers, Londres ; des vues très simples, rues sans pittoresque, ports et bords de mer ; pas de paysages fantastiques ou héroïques, des personnages réduits le plus souvent à des silhouettes ; quelques portraits d'amis, de rares natures mortes. Sauf chez Van Dongen et Rouault, presque jamais de figures.

Cette thématique prend son sens quand on la compare à celle d'autres mouvements : les nabis sont les peintres de l'intimité bourgeoise ; le cubisme se restreint, au moins chez Braque et chez Picasso, à quelques éléments familiers ou, avec Gleizes et Delaunay, réinvente de nouveaux sujets. En revanche, les thèmes des fauves sont pratiquement les mêmes que ceux des impressionnistes et sont porteurs d'une poésie assez voisine. Cette nature est une nature proche de l'homme, marquée par l'homme (sauf dans les visions cosmiques de Derain sur la Tamise), mais où l'individu n'existe pas. C'est, d'autre part, un cadre moderne avec ses maisons banales, ses bateaux à quai, ses péniches sur la Seine, ses promeneurs dans les rues. Seul Matisse représente quelquefois (Luxe, calme et volupté  ; La Joie de vivre) un Éden intemporel, renouant profondément avec Poussin. Mais – et, sur ce point, ces quelques tableaux de Matisse ne font pas exception – tout le fauvisme est profondément chargé d'une poésie vitaliste, hédoniste et constitue une sorte d'hymne à la vie, à la lumière, à la joie de vivre païenne, qui le rapproche de l'impressionnisme et de Cross. Tout un courant de la littérature du temps participe de cet esprit dont la singularité apparaît mieux quand on compare le fauvisme à l'expressionnisme allemand où des thèmes voisins et des violences de couleurs encore plus brutales aboutissent à un art inquiet, chargé d'une réserve nostalgique, comme chez O. Müller, ou grimaçant comme chez Kirchner ou Nolde. C'est un des points où Rouault, qui insuffle à toute son œuvre une puissante signification spirituelle totalement étrangère à l'univers poétique d'un Matisse, se sépare le plus profondément du fauvisme.

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Écrit par

  • : conservateur du musée de l'Orangerie, chargé du palais de Tōkyō

Classification

Pour citer cet article

Michel HOOG. FAUVISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Mouvement artistique die Brücke - crédits : AKG-images

Mouvement artistique die Brücke

Autres références

  • LE FAUVISME OU L'ÉPREUVE DU FEU. ÉRUPTION DE LA MODERNITÉ EN EUROPE (exposition)

    • Écrit par
    • 744 mots

    Le musée d'Art moderne de la Ville de Paris a poursuivi par une grande rétrospective consacrée au fauvisme l'ambitieuse politique d'expositions qu'il consacre depuis plusieurs années, à l'initiative de sa directrice, Suzanne Pagé, à l'histoire de l'art du xx...

  • BRÜCKE DIE

    • Écrit par
    • 3 347 mots
    • 3 médias
    Dansle champ des controverses soulevées par les influences reçues par la Brücke, il est un point brûlant, l'influence fauve et sa datation. Les historiens allemands revendiquent l'autonomie de la Brücke, au moment où elle se forme. Buchheim écrit en 1951 : « Ils [les artistes de la Brücke] n'ont pas...
  • CAMOIN CHARLES (1879-1965)

    • Écrit par
    • 284 mots

    Avec Matisse, Rouault et Marquet, Charles Camoin est l'un des élèves illustres de l'atelier de Gustave Moreau. Très lié avec Marquet, dont il a laissé un beau portrait (1904-1905, musée national d'Art moderne, Paris) ; il est impressionné par Cézanne, qu'il rencontre en 1902 et dont...

  • DERAIN ANDRÉ (1880-1954)

    • Écrit par
    • 1 266 mots
    Derain est né en 1880, à Chatou, près de Paris.Ses débuts avant le fauvisme sont difficiles à saisir. Lié avec Matisse depuis le temps où ils travaillaient ensemble à l'académie Carrière (1898-1899), ami de Vlaminck depuis 1900 (il s'agit d'ailleurs d'une amitié orageuse et à éclipses), jusqu'en...
  • DUFY RAOUL (1877-1953)

    • Écrit par
    • 489 mots

    « Parce que Fragonard riait, on a eu vite fait de dire que c'était un petit peintre. » Le mot de Renoir pourrait s'appliquer aussi à Raoul Dufy dont l'œuvre, toujours sereine et souvent spirituelle, cache si bien les tourments de l'artiste. Mais Dufy a cherché sans cesse. Ayant d'abord étudié au...

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