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ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Théorie néo-classique

L'équilibre de marché et son optimalité

Leur vision de la concurrence et leur modèle du consommateur et du producteur conduisent les néoclassiques à une description du marché selon laquelle, quand le prix augmente, la quantité offerte augmente et la quantité demandée diminue. Offre et demande évoluant en sens inverse par rapport au prix, le mécanisme de marché conduit à un équilibre, c'est-à-dire à la détermination d'un système de prix qui égalise durablement l'offre et la demande. Autrement dit, le marché conduit à une situation stable et non conflictuelle. Cependant, si l'idée que le marché permet d'obtenir un équilibre fédère la théorie néoclassique, l'interprétation de cet équilibre varie d'un auteur à l'autre, tant le raisonnement néoclassique a produit de théoriciens.

Parmi les fondateurs, Walras est celui qui développe le plus son modèle. Il considère que l'équilibre global entre l'offre et la demande se fait au niveau national, donnant une présentation de l'aboutissement du processus économique que la tradition a retenue sous l'appellation d'« équilibre général walrassien » . Alfred Marshall, constatant que les biens ne sont pas tous de la même nature, remarquant en particulier que, dans l'agriculture, le temps nécessaire à la récolte fait que l'horizon temporel de l'offre n'est pas le même que celui de la demande (l'offre reflète les conditions économiques de l'année précédant celle de la demande), s'intéresse à des équilibres partiels sur des marchés de biens spécifiques. Carl Menger attache plus d'importance à la décroissance des utilités marginales et à l'augmentation des coûts marginaux, et reste attaché à une présentation de l'économie où la concurrence est particulièrement contraignante pour l'offreur.

Pour achever de légitimer le marché, les néoclassiques démontrent que l'équilibre, une fois atteint sur l'ensemble des marchés, est juste. C'est-à-dire qu'on peut le changer mais qu'on ne peut pas l'améliorer : tout changement d'équilibre de marché se traduit par une amélioration de la condition de certains au détriment de celle d'autres. Ce travail qui consiste à analyser l'« optimalité de l'équilibre » est mené par un disciple de Walras, l'Italien Vilfredo Pareto (1848-1923), et par le rival à Oxford de Marshall, Francis Ysidro Edgeworth (1845-1926).

Faisant du marché le centre de leur approche, les néoclassiques insistent davantage sur le rôle du prix comme mode d'allocation des ressources que sur sa formation au travers de la concurrence. C'est ce qui peut conduire Edgeworth à lever le tabou du protectionnisme. Dans certaines circonstances, le protectionnisme permet, en effet, à l'État en modifiant le système de prix d'orienter la production et la consommation.

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Pour citer cet article

Jean-Marc DANIEL. ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Théorie néo-classique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

William Stanley Jevons - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

William Stanley Jevons

Carl Menger - crédits : AKG-images

Carl Menger

Autres références

  • MARITIMISATION DE L'ÉCONOMIE

    • Écrit par Geoffroy CAUDE
    • 3 979 mots
    • 8 médias

    Depuis l’Antiquité, la voie maritime a permis aux navigateurs de commercer en transportant dans leurs navires des quantités de marchandises très supérieures à celles que permettaient les voies terrestres – ainsi, les Égyptiens, qui allaient jusqu’à Sumatra quelque 1200 ans avant notre ère ou, plus...

Voir aussi