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COMPÉTENCE & PERFORMANCE, linguistique

Dans la terminologie de la grammaire générative, le comportement linguistique d'un locuteur est défini par un couple de concepts : compétence, ou savoir linguistique du locuteur, et performance, ou réalisation concrète de ce savoir linguistique dans des actes de communication, qu'il s'agisse d'émission (le sujet fait des phrases) ou de réception (le sujet comprend des phrases).

Si la compétence permet de produire des phrases selon un modèle de grammaticalité et de déceler dans les phrases émises par les autres les phrases agrammaticales, la performance consiste précisément à émettre ces phrases et à les recevoir. C'est dire que, comme la parole dans la terminologie saussurienne (par opposition à la langue), la performance constitue les données observables du comportement linguistique. La tâche du linguiste est alors d'élaborer un modèle de la performance linguistique, ce qui suppose qu'on cerne avec suffisamment de précision la notion d'acceptabilité, qui est du domaine de la performance : qu'est-ce qui fait qu'une phrase syntaxiquement bien formée est jugée acceptable ou non acceptable par un locuteur ? Sa longueur ? Le nombre trop élevé d'enchâssements ? Les réponses sont ici encore floues, car on ne peut se contenter de critères internes à la phrase elle-même : peuvent également jouer des considérations extrinsèques, comme la nature du message (oral, écrit), son support (journal, affiche publicitaire), etc., qui modifient la performance linguistique où sont en jeu à la fois locuteur et auditeur. La prise en compte de la performance définit peut-être deux domaines spécifiques de l'analyse linguistique : la psycholinguistique et la sociolinguistique. En ce sens, le parallèle entre performance et parole ne peut être mené très loin car, si la parole permet de décrire la langue dans la linguistique saussurienne, la grammaire générative essaie d'élaborer pour compétence et performance deux modèles distincts. S'il est vrai que l'une est déterminée par l'autre, elle l'est également par le contexte et par le locuteur, toutes choses qui, sans être niées, ne sont pas aussi nettement spécifiées chez Saussure.

— Louis-Jean CALVET

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Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences humaines, professeur à la Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Louis-Jean CALVET. COMPÉTENCE & PERFORMANCE, linguistique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGRAMMATICALITÉ

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 478 mots

    Une phrase est réputée agrammaticale lorsqu'elle est incompatible avec les schèmes qui régissent la structure et le fonctionnement de la langue où elle est émise.

    En raison des différents niveaux où l'on peut se placer pour apprécier la manière dont un code est violé par une production...

  • CHOMSKY NOAM (1928- )

    • Écrit par Jean-Yves POLLOCK
    • 4 012 mots
    • 1 média
    Un examen même superficiel suffit à attribuer à la langue interne de tout locuteur des propriétés complexes et subtiles. Chacun comprend et produit des phrases qu'il n'a jamais entendues : nos discours sont faits pour l'essentiel d'énoncés nouveaux dans l'histoire de notre langue. Nous...
  • EMPHASE

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 263 mots

    Procédure qui semble être le simple produit de la fantaisie du locuteur, et, comme telle, ne nécessiter aucun traitement particulier, l'emphase, ou accentuation au moyen de divers procédés phoniques, syntaxiques ou stylistiques, peut néanmoins faire l'objet d'une étude particulière, dans la mesure...

  • GRAMMATICALITÉ

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 317 mots

    Une bonne grammaire doit être capable de « projeter le corpus fini et toujours plus ou moins aléatoire des énoncés observés sur l'ensemble, qu'on présuppose infini, des phrases grammaticales », écrit N. Chomsky (Structures syntaxiques). Ce passage de l'induction à la projection...

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Voir aussi