Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COMMUNISMES RELIGIEUX

Le communisme chrétien

L'histoire préchrétienne nous a laissé quelques expériences de communisme religieux : l'histoire juive, avec la tradition des Réchabites et, surtout, l'organisation essénienne ; l'histoire grecque, avec les utopies communisantes imaginées par Platon, avec les expériences pratiquées par les pythagoriciens et, beaucoup plus tard, par les plotiniens (Platonopolis) ; l'histoire indienne avec l'institution bouddhiste du sangha, ce proto-monachisme.

Dans l'histoire de la culture occidentale, l'organisation de la première communauté chrétienne de Jérusalem cristallise cette tradition que nous livrent deux fragments des Actes des Apôtres promis à tant de commentaires : « Tous ceux qui croyaient vivaient ensemble et ils avaient tout en commun » (Actes, ii, 44). « La multitude des fidèles n'avait qu'un cœur et qu'une âme ; nul n'appelait sien ce qu'il possédait, mais tout était commun entre eux » (Actes, iv, 32).

Bien que les détails de cette expérience demeurent très peu connus, elle n'en exercera pas moins une extraordinaire influence. Non seulement ces deux versets seront évoqués comme la règle d'or de la vie religieuse parfaite préconisée par les différents monachismes, mais l'expérience elle-même est invoquée par les nombreuses dissidences, contestataires des Églises, qui protestent contre les situations établies. Beaucoup plus tard, les socialismes utopiques s'y référeront en assimilant du reste l'expérience essénienne à l'expérience chrétienne primitive.

E. Troeltsch (Sozial Lehre), évitant aussi bien de maximiser que de minimiser cette expérience chrétienne primitive, restitue avec pertinence son « communisme », le « communisme de l'amour » : « Ce fut un communisme composé seulement de consommateurs, un communisme fondé sur le postulat que les membres continueraient à gagner leur vie par l'entreprise privée afin de se rendre capables de pratiquer générosité et sacrifice. » Une interprétation semblable avait été proposée par K. Kautsky.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Henri DESROCHE. COMMUNISMES RELIGIEUX [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CABET ÉTIENNE (1788-1856)

    • Écrit par François BURDEAU
    • 605 mots

    Jeune avocat, issu d'une famille d'artisans bourguignons, Cabet adhère à la Charbonnerie et devient même membre de son comité dirigeant, la Vente suprême, sous la Restauration. Un moment procureur général en Corse, au lendemain de la révolution de Juillet, puis député de la Côte-d'Or,...

  • DIGGERS

    • Écrit par Bernard ROUSSEL
    • 286 mots

    Membres d'un groupe contemporain des levellers (ou niveleurs) de John Lilburne, à l'époque de la république d'Angleterre ou Commonwealth (xviie s.). Leurs chefs, Gerrard Winstanley et William Everard, proclament leur droit à « bêcher (to dig, d'où vient leur surnom de ...

  • ÉON DE L'ÉTOILE (mort en 1148 env.)

    • Écrit par Edina BOZOKY
    • 140 mots

    Hérétique, né au début du xiie siècle, à Loudéac, en Bretagne et mort à Reims. Homme sans lettres, Éon de l'Étoile commença à prêcher dans son pays natal, d'où son mouvement gagna toute la Bretagne. Il se disait Fils de Dieu, appelé à juger les vivants et les morts, le siècle entier ; il fondait...

  • EPHRATA

    • Écrit par Bernard ROUSSEL
    • 276 mots

    Nom d'une communauté fondée en 1735 par Johann Conrad Beissel dans la vallée de Cocalico, au nord-est de Lancaster, en Pennsylvanie, non loin de la communauté appelée « La Femme dans le désert » et fondée par les kelpiens. Beissel, né en 1690 à Eberbach (Bade), bon connaisseur de la Bible et de la...

  • Afficher les 15 références

Voir aussi