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CHARLEMAGNE (742-814)

Défense efficace : les marches

La conquête s'arrêta aux environs de l'an 800. Au-delà de cette date, on n'enregistra plus que des entreprises limitées. Ainsi fut occupée la marche d'Espagne, entre les Pyrénées et l'Èbre (prise de Barcelone en 801). Fils aîné et homonyme de l'empereur, Charles (qui portait le titre royal depuis 788) conduisit des expéditions afin d'obtenir la soumission théorique des tribus slaves qui se trouvaient au contact de la Saxe et de la Bavière (Obodrites, Sorbes et Tchèques). L'intervention franque en Nordalbingie ne fut sans doute pas étrangère aux premiers raids danois contre lesquels Charlemagne prescrivit d'élever des fortifications sur les côtes de la mer du Nord et de la Manche : ainsi s'annonce le péril normand qui fondra sur l'Empire franc au cours du ixe siècle.

Vulnérable sur ses façades maritimes, comme l'avenir le démontra, l'État franc reçut cependant sur ses frontières terrestres une solide organisation défensive grâce au bienfaisant système des marches que créa Charlemagne.

Les unes, que l'on rencontre surtout sur les limites septentrionales et orientales, correspondent à des pays tout récemment conquis et font face à des peuples qui demeurent en dehors du royaume. Elles sont placées sous le commandement d'un chef militaire, le comte de la marche (marchio, Markgraf ou marquis), qui administre en outre les populations encore mal assimilées du territoire placé sous ses ordres : telles furent, face aux Danois, la marche saxonne englobant la Nordalbingie, ou celle qui s'étendit à l'est de la Bavière jusqu'au Wienerwald.

D'autres marches existent sur les frontières occidentales et méridionales. Les territoires qu'elles couvrent, soumis depuis longtemps aux Francs, ont reçu les cadres administratifs ordinaires, c'est-à-dire les comtés ; mais, en raison de la proximité de populations turbulentes, le roi superpose à un groupe de comtes un chef militaire unique, le marquis (ou le préfet), chargé de prendre toutes les dispositions pour la défense. Ce fut le cas de la marche de Bretagne, entre Rennes, Nantes et Angers, chargée de contenir les Bretons mal soumis d'Armorique, en arrière de laquelle fut érigé après 790, avec le titre de duché, un grand commandement militaire assuré par le fils aîné du roi Charles le Jeune. Au même type appartiennent la marche de Toulouse (ou de Gothie) couvrant l'ancienne Septimanie et, à la fin du règne, l'ensemble des comtés transpyrénéens qui formaient la marche d'Espagne.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon

Classification

Pour citer cet article

Robert FOLZ. CHARLEMAGNE (742-814) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Charlemagne - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Charlemagne

700 à 800. De 'Abd al-Malik à Charlemagne - crédits : Encyclopædia Universalis France

700 à 800. De 'Abd al-Malik à Charlemagne

Empire carolingien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire carolingien

Autres références

  • COURONNEMENT IMPÉRIAL DE CHARLEMAGNE

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 212 mots

    Le couronnement de Charlemagne consacre le rôle européen du monarque. Sacré roi des Francs en 754, à l'initiative de son père, Pépin III dit le Bref, et en même temps que lui, Charles accède au trône en 768 ; il le partage avec son frère Carloman jusqu'à la mort de celui-ci, en...

  • AIGLE IMPÉRIALE

    • Écrit par Hervé PINOTEAU
    • 542 mots

    Oiseau de Zeus puis de Jupiter, patron de Rome, l'aigle fut employé par les Barbares qui le considéraient comme le symbole de l'Être suprême (Édouard Salin). Des indices prouvent que Charlemagne l'employa au sommet du mât de ses navires (denier de Quentovic, après 804) et en mit...

  • AIX-LA-CHAPELLE

    • Écrit par Francis RAPP
    • 871 mots
    • 1 média

    Chef-lieu de district dans le Land de Rhénanie-du-Nord - Westphalie, Aix-la-Chapelle (en allemand, Aachen), dont la population était de 243 330 habitants en 2014, est une ville thermale et un centre culturel au riche passé.

    Le nom d'Aix-la-Chapelle (en latin Aquae Grani, ou Aquisgranum) est...

  • AIX-LA-CHAPELLE, histoire de l'art et archéologie

    • Écrit par Noureddine MEZOUGHI
    • 1 001 mots
    • 2 médias

    Aix connut son apogée quand Charlemagne s'y installa définitivement, en 794. Il entreprit alors la construction d'un vaste palais sur un plan régulier imité de l'Antiquité romaine. L'ensemble a malheureusement disparu, à l'exception de la célèbre chapelle...

  • ALCUIN, lat. ALBINUS FLACCUS (730 env.-804)

    • Écrit par Marcel PACAUT
    • 193 mots
    • 1 média

    Clerc anglo-saxon, né à York, Alcuin fut dans cette ville l'élève d'Aelbert, auquel il succéda à la tête de l'école cathédrale. Il fut alors regardé comme l'un des maîtres de la culture chrétienne anglaise. En 782, il est appelé par Charlemagne pour présider l'école...

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Voir aussi