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BIBLE L'étude de la Bible

Le judaïsme ancien et les études bibliques

Une autre riposte à ce que l'on peut considérer comme l'impérialisme méthodologique allemand s'agissant des études bibliques consiste dans les travaux et publications sur l'histoire sociale et littéraire du judaïsme ancien. D'une certaine façon, la Bible, le Nouveau Testament y compris, fait partie de cet univers ancien, dont elle est une pièce intimement solidaire.

Il faut noter la participation très large de la communauté scientifique internationale aux recherches et aux publications sur l'histoire juive allant du iiie ou même ive siècle avant J.-C. à l'achèvement du Talmud, au vie siècle après. Sont à souligner aussi : la dominante anglo-saxonne, les fortes montées espagnole et surtout italienne, la moindre représentation germanique et la modestie relative de la francophonie. Le nombre important des femmes contribuant à ces travaux est à signaler, ce qui n'est pas, à plus d'un titre, sans signification (quelques noms parmi bien d'autres : Judith R. Baskin, Bernadette J. Brooten, Deborah Dimant, Marguerite Harl).

Aujourd'hui, tous les secteurs socialement et littérairement constitutifs dudit judaïsme sont explorés. C'est là une chose nouvelle qui doit beaucoup à l'impulsion donnée par les découvertes de Qumrān. Or cinq secteurs méritent une attention particulière :

– Il y a d'abord tout ce qui touche aux traductions araméennes de la Bible, ou targoums. L'intérêt des savants catholiques est très grand, ce qui est nouveau. L'Institut biblique pontifical, avec R. Le Déaut, à qui l'on doit l'impressionnante édition en traduction française du Targum du Pentateuque (5 vol., Le Cerf, Paris, 1978-1981), y est pour beaucoup. Grâce au défunt professeur Diéz Macho, nombre d'Espagnols se sont mis fructueusement à la tâche.

Tenus pour suspects car trop glossateurs par rapport au texte biblique original et trop tardifs, les targoums avaient été laissés très longtemps de côté. Ils ont à présent droit de cité, et tout d'abord comme composants, diversifiés certes, d'une Bible araméenne véritable. Leur étude rejoint aussi nombre d'autres investigations sur les traditions populaires des juifs anciens, par exemple les études sur le traitement des grands personnages bibliques (ainsi : Caïn et Abel, Noé, Seth, Melkisédeq, Élie, Hénoch, Job, Jéthro, Balaam) ou des images fameuses, le serpent d'airain par exemple. Les targoums sont, de plus, d'excellents témoins de la société juive à une époque, dans une situation et dans un milieu donnés. Ils sont enfin l'illustration de la dialectique écriture-tradition, propre à la Bible. De ce point de vue, leur étude relève de l'examen, dans l'espace et dans le temps, de l'Antiquité à nos jours, des lectures populaires et souvent fragmentaires de la Bible chez les juifs, et aussi chez les chrétiens. Le fait targoumique est de quelque façon un acte permanent, constitutivement lié à l'histoire de la Bible, dans sa relation au culte certes mais aussi à l'enseignement, voire à la culture.

– Il existe un autre ensemble, très important quantitativement et qualitativement, d'œuvres juives anciennes : les écrits dits pseudépigraphiques. On en prépare ou possède les éditions en dix pays différents, à savoir : le Danemark, l'Italie, l'Allemagne, la Grèce, le Japon, les Pays-Bas, l'Espagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis. Le corpus des pseudépigraphes et leur appellation varient d'une édition à l'autre : «  apocryphes » de l'Ancien Testament dans les pays latins comme l'Italie et l'Espagne, « écrits juifs de l'époque gréco-romaine » en Allemagne. En 1987, on a pu saluer la parution du recueil sélectionné par les chercheurs français dans la Bible de la Pléiade, sous le titre : [...]

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Pour citer cet article

André PAUL. BIBLE - L'étude de la Bible [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LA BIBLE (trad. 2001)

    • Écrit par Aliette ARMEL
    • 1 014 mots

    L'événement de la première rentrée littéraire française du xxie siècle a accompli la prédiction d'André Malraux : il a été d'ordre spirituel. Après six ans de travail, l'équipe de vingt écrivains et vingt-sept exégètes réunie par les éditions Bayard autour des Français Frédéric Boyer (écrivain)...

  • LA BIBLE DÉVOILÉE (I. Finkelstein et N. A. Silberman)

    • Écrit par André LEMAIRE
    • 975 mots

    Ce livre, traduit de l'anglais The Bible Unearthed par Patrice Ghirardi (La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, Bayard, Paris, 2002), présente un essai à la fois audacieux et tonique des apports de l'archéologie des cinquante dernières années à la compréhension...

  • AARON

    • Écrit par André PAUL
    • 384 mots
    • 1 média

    On ne sait guère d'où vient le nom d'Aaron, peut-être d'Égypte comme celui de Moïse, dont, selon la Bible, Aaron aurait été le frère. Les traditions le concernant doivent être soumises à la critique et bien discernées l'une par rapport à l'autre. La figure postexilique d'Aaron...

  • ABRAHAM

    • Écrit par René Samuel SIRAT
    • 868 mots

    La Bible nous présente Abram (Père puissant), surnommé par la suite Abraham (Père d'une multitude de nations, ou selon l'akkadien : Aimant le Père), comme l'ancêtre commun des Ismaélites et des Israélites. L'histoire d'Abraham – le premier monothéiste – et celle de ses pérégrinations occupent une place...

  • ADAM

    • Écrit par André-Marie DUBARLE
    • 1 758 mots
    Dans la Genèse, un récit plus ancien, bien que placé en second lieu (Gen., ii, 4-25), décrit la formation de l'homme, modelé avec la glaise du sol, puis animé par le souffle de Dieu, qui en fait un être vivant, placé alors dans un jardin divin planté d'arbres fruitiers luxuriants. Dieu lui interdit...
  • ÂGE ET PÉRIODE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 1 957 mots
    Si le temps de la Bible, qui compresse en six millénaires la durée de toute l'histoire du monde, s'impose durant le Moyen Âge occidental, ce mythe d'origine perd peu à peu sa crédibilité pendant les siècles suivants (même si toute lecture non littérale des livres saints reste passible...
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Voir aussi