Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANTICLÉRICALISME

Situation présente et à venir

L'anticléricalisme, on l'a vu, est essentiellement une réaction de défense contre la prétention des clercs à régenter la société civile. Cette réaction s'est amplifiée avec la Contre-Réforme et l'ultramontanisme. Si la cause disparaissait, qu'adviendrait-il de l'effet ? En d'autres termes, si le catholicisme renonçait à toute prétention à la domination des esprits, l'anticléricalisme ne serait-il pas condamné à dépérir ? Or l'Église assemblée en concile a solennellement répudié en 1965 le cléricalisme comme contraire à son esprit : la Déclaration sur la liberté religieuse peut d'une certaine manière être tenue pour une victoire indirecte de l'anticléricalisme. Son objectif atteint, ne devrait-il pas s'effacer ? Au reste, le déclin qui semble définir sa situation présente n'annonce-t-il pas sa disparition proche ?

Pareille éventualité, si elle a la logique pour elle, n'est pas pour autant assurée de s'accomplir. D'abord le déclin présent ne signifie rien : l'histoire de l'anticléricalisme est tout entière faite de ces déclins que suivent de brusques réveils. D'autre part, la doctrine conciliaire sur la liberté religieuse n'est pas encore partout passée dans les faits : l'anticléricalisme garde des raisons de rester mobilisé. Surtout, il convient de se souvenir que la notion de cléricalisme n'est pas totalement objectivable. À côté de critères positifs, aisément vérifiables, elle inclut une part de subjectivité. Enfin, l'anticléricalisme comporte un élément irréductible et qui est une défiance, peut-être une aversion insurmontable pour toute Église. Si peu clérical que le fait religieux puisse devenir, il gardera toujours de quoi irriter, inquiéter ou susciter l'anticléricalisme. Il y a donc lieu de considérer que l'anticléricalisme constitue un facteur durable du champ des idéologies.

— René RÉMOND

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : président de la Fondation nationale des sciences politiques

Classification

Pour citer cet article

René RÉMOND. ANTICLÉRICALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASSOCIATION

    • Écrit par Jean-Marie GARRIGOU-LAGRANGE, Pierre Patrick KALTENBACH
    • 7 084 mots
    La loi de 1901 était aux origines sans doute davantage une étape de la querelle religieuse qu'un progrès démocratique. Bien peu de Français se souviennent que la loi de 1901 est une loi anticléricale. Elle n'est que partiellement – pour le reste ou pour solde, si l'on veut – une loi de liberté civile....
  • CATHOLICISME LIBÉRAL ET CATHOLICISME SOCIAL

    • Écrit par René RÉMOND
    • 7 280 mots
    ...alors. C'était en effet une gageure en 1830, et encore en 1870, de prétendre unir catholicisme et libéralisme. Le libéralisme paraissait trop lié à l' anticléricalisme : le postulat suivant lequel la religion n'était qu'une affaire privée dont la société n'avait pas à connaître était difficilement acceptable...
  • COMBES (É.)

    • Écrit par Serge BERSTEIN
    • 823 mots
    • 1 média

    Le nom d’Émile Combes s’identifie avec les pratiques politiques qui, au début du xxe siècle, fondent la République laïque au moyen de l’anticléricalisme militant.

    Né le 6 septembre 1835 dans une famille pauvre du Tarn (son père est tailleur d’habits), sixième de dix enfants, Émile Combes...

  • GAUCHES BLOC DES (1899-1906)

    • Écrit par Henri LERNER
    • 700 mots
    • 1 média

    Le terme de Bloc des gauches désigne la coalition des modérés, des radicaux et des socialistes qui gouverne la France de juin 1899 à janvier 1906 sous le signe de l'anticléricalisme. L'arrivée au pouvoir de cette formation politique ne doit rien aux élections de 1898 favorables à la droite,...

Voir aussi