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ALMORAVIDES

Les princes des musulmans

Alī ibn Yūsuf (1106-1143) succéda à son père et maintint d'abord ses positions militaires. Alphonse VI est vaincu à Uclès (1108), Coïmbre est prise (1117) ; le roi d'Aragon, Alphonse le Batailleur, qui a reconquis Saragosse (1118), est vaincu à Fraga (1134). Mais Tolède n'est pas reprise. Les razzias chrétiennes, après une interruption, recommencent avec un succès croissant. Le maintien en Espagne est contrebalancé d'ailleurs par les difficultés internes. Le souverain ne peut contrôler la puissance des émirs almoravides que grâce à une savante politique d'équilibre. Les Almohades se révoltent au Maroc, où se trouve la résidence habituelle de l'émir, à Marrakech.

Tašfīn ibn ‘Alī succède à son père en 1143, mais essaye en vain d'endiguer la vague almohade avec l'aide du général catalan Reverter. L'Espagne se soulève et, partout, s'établissent de nouveaux reyes de taifas. Il est tué près d'Oran en 1145 (ou 1147). Marrakech tombe en 1147.

Un petit royaume almoravide, sous les Banū Gāniya, subsista aux Baléares jusqu'en 1202, vivant de piraterie. De 1184 à 1226 environ, ces Almoravides menèrent une lutte acharnée, où le banditisme trouva sa part, contre les Almohades, au Maghreb.

Les souverains almoravides portaient le titre d'amīr al muslimīn (prince des musulmans) et reconnaissaient la suprématie théorique du calife ‘abbāside. Ils se présentaient comme les champions de l'orthodoxie sunnite selon le rite mālikite. Ils accordaient une grande autorité aux fuqahā' mālikites. Leur intolérance, en réaction contre le laxisme des reyes de taifas, alla jusqu'à faire brûler les livres jugés pernicieux, tel l'Iḥyā' de Gazālī, pourtant la bible de l'orthodoxie pour les générations postérieures, mais jugé trop critique par ces savants qui s'étaient confinés dans un sec juridisme, ayant abandonné l'étude du Coran et de la tradition. Des chrétiens de langue arabe (Mozarabes) furent déportés au Maghreb en 1126. De fortes taxes furent levées sur les juifs et les chrétiens.

Pourtant l'aristocratie berbère, tout en gardant beaucoup de ses caractéristiques (notamment le rôle important joué par les femmes), fut conquise par le luxe et la culture des vaincus, qui pénétrèrent jusqu'au Maroc. De grands monuments, influencés par l'art andalou, furent élevés au Maghreb (Grande Mosquée de Tlemcen, etc.). La littérature religieuse et profane, l'art aussi, fleurirent comme à l'époque précédente.

— Maxime RODINSON

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Maxime RODINSON. ALMORAVIDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

Autres références

  • MOUVEMENT ALMORAVIDE

    • Écrit par Jean BOULEGUE
    • 179 mots

    En 1048, des Berbères sanhaja de l'ouest du Sahara (actuelle Mauritanie) se coalisèrent sous l'impulsion d'un prédicateur malikite marocain, Abdallah ibn Yasin, et d'un chef local. On les a appelés Almoravides, de al-murabitun, « ceux du ribat » (« forteresse », ou...

  • ABBADIDES

    • Écrit par Charles-Emmanuel DUFOURCQ
    • 1 333 mots

    Avant d'être une famille souveraine, les Abbadides furent illustrés par un homme de loi, Ismaïl ibn Aḃbad, puis par son fils, juriste lui aussi devenu cadi de Séville : Abou-l-Qasim Mohammed. Peu après la dislocation du califat omeyyade de Cordoue (1010), ce cadi s'attribua le pouvoir à...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    ...sud, les juristes sunnites-malikites d'Espagne et du Maroc suscitent, au sud, un mouvement des Sahariens, connu dans l'histoire sous le nom d' Almoravides. Ceux-ci, entre 1050 et la fin du xie siècle, unifient, pour la première fois, un vaste ensemble de terres musulmanes du Sénégal à l'Ebre....
  • AL-ANDALUS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 268 mots

    711 Arrivée des Omeyyades en Espagne.

    756 ‘Abd al-Rahm̄an Ier fonde l'émirat omeyyade de Cordoue.

    859 Exécution d'Euloge de Cordoue, qui prônait le martyre contre l'arabisation de la société.

    929 ‘Abd al-Rahm̄an III proclame le califat de Cordoue.

    985 Al-Mans̄ur (Almanzor,...

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...du port de Bougie, demeuré seul actif dans la première moitié du xiie siècle. Cependant, à l'ouest, d'autres envahisseurs survenaient, les Almoravides. Ces Berbères sahariens au visage voilé, fidèles au malékisme intégral, étaient déjà devenus les maîtres du Maroc, lorsqu'ils s'emparèrent...
  • Afficher les 18 références

Voir aussi