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RUFIN D'AQUILÉE (340 env.-410)

Né à Concordia aux environs d'Aquilée (Vénétie), Tyrannius Rufinus étudia à Rome, puis, attiré par la vie monastique, il se retira dans un couvent près d'Aquilée, où vint le rejoindre Jérôme, qui avait été son condisciple. Il effectua ensuite en compagnie d'une noble Romaine, Mélanie l'Ancienne, une visite des déserts d'Égypte où vivaient les plus célèbres ascètes. Il fréquenta pendant six ans Didyme d'Alexandrie qui lui fit connaître les Pères de l'Orient et lui communiqua son admiration pour Origène. En 377, il partit pour Jérusalem rejoindre Mélanie qui avait fondé un couvent sur le mont des Oliviers. Il fut ordonné prêtre vers 390 par Jean de Jérusalem.

Lorsque la crise origéniste éclata, Rufin se rangea aux côtés de Jean de Jérusalem, alors que son ami Jérôme, qui avait lui aussi admiré Origène auparavant, prenait parti pour Épiphane et les antiorigénistes. Rentré en Italie en 397, Rufin se mit à traduire le De principiis, traité dans lequel Origène avait présenté les points les plus discutés de sa doctrine. Cette traduction, qui supprimait les passages dangereux (Rufin croyait en fait qu'ils avaient été interpolés par des ennemis d'Origène) et en édulcorait bien d'autres, souleva la colère de Jérôme, lequel se hâta de publier une traduction plus exacte qui soulignait toutes les audaces de l'ouvrage d'Origène. Rufin fut obligé de comparaître devant le pape Anastase pour prouver son orthodoxie (400). Délaissant un combat où les passions personnelles devenaient prépondérantes, Rufin partit chercher à Aquilée le calme nécessaire à la vie de prière et d'étude qu'il entendait mener. De cette époque datent de nombreuses traductions qu'il fit des Pères grecs (œuvres exégétiques d'Origène ; traités de Grégoire de Naziance, Basile de Césarée, Eusèbe de Césarée, Évagre le Pontique, etc.). C'est grâce à ces traductions qu'on connaît un grand nombre d'œuvres des Pères de l'Orient, dont le texte original est perdu. Rufin mourut à Messine (Sicile), où, chassé par l'invasion des Goths, il avait cherché refuge.

— Richard GOULET

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Richard GOULET. RUFIN D'AQUILÉE (340 env.-410) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JÉRÔME saint (347 env.-419/20)

    • Écrit par Pierre LARDET
    • 3 041 mots
    • 1 média
    Par Chypre et Antioche – escales qui lui donnent de renouer avec les évêques suivis à Rome en 382 –, il gagne Jérusalem, où il retrouve Rufin d'Aquilée, un condisciple et ami intime de naguère, qui y avait fondé et y dirigeait avec la Romaine Mélanie deux couvents latins. Jérôme, qu'avait...
  • LATINES (LANGUE ET LITTÉRATURE) - La littérature chrétienne

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 6 307 mots
    • 2 médias
    ...parfois assez servilement les commentaires d'Origène sur le Cantique des cantiques, sur les Psaumes, sur l'Évangile de Luc. A la fin du ive siècle, Rufin d'Aquilée et Jérôme traduisent un certain nombre d'œuvres d'Origène. C'est peut-être grâce aux traductions latines qu'une certaine influence...
  • ORIGÈNE (185-253/54) & ORIGÉNISME

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 5 525 mots
    ...son commentaire sur les Psaumes, d'Ambroise et de Jérôme pour presque toute leur œuvre homilétique ou exégétique. À la fin du ive siècle, Rufin d'Aquilée, dont on a déjà parlé à propos des tendances origénistes du monastère du mont des Oliviers, traduisit en latin (et sauva ainsi de...

Voir aussi