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7-26 février 1986

Philippines. Élection présidentielle et retour à la démocratie

Le 7, après une campagne électorale très animée, 26 millions d'électeurs sont appelés à départager le président Ferdinand Marcos, au pouvoir depuis vingt ans, et Corazón Aquino, candidate de l'opposition modérée et veuve du sénateur Benigno Aquino, assassiné en août 1983. L'armée, placée en état d'alerte, surveille les quelque quatre-vingt-dix mille bureaux de vote. Plusieurs organisations et des observateurs étrangers sont chargés de contrôler le bon déroulement du scrutin ; la participation est très importante, mais de nombreux incidents font une cinquantaine de morts, et les partisans du président Marcos se livrent à une fraude massive.

Le 8, bien que les résultats ne soient que très partiels, Ferdinand Marcos annonce sa victoire et Corazón Aquino, estimant qu'elle a obtenu 55 p. 100 des suffrages, se considère comme élue à la présidence. Ce chiffre est contesté par le comité officiel Comelec qui supervise les opérations de dépouillement, mais le comité indépendant Namfrel, mis sur pied par un mouvement de citoyens en faveur d'élections libres, donne des milliers de voix d'avance à « Cory » Aquino, et le cardinal Sin, archevêque de Manille, apporte publiquement son soutien à celui-ci.

Le 10, le Parlement, où les partisans du président Marcos sont majoritaires, se réunit pour commencer les calculs définitifs des résultats des élections, qui restent contradictoires. Devant la confusion électorale, Ronald Reagan appelle Ferdinand Marcos et Cory Aquino à « travailler ensemble » et décide, le 11, d'envoyer l'ambassadeur Philip Habib en mission de consultation à Manille. Cependant, Cory Aquino et ses partisans repoussent toute idée de coopération avec le régime corrompu du président Marcos.

Le 14, la conférence épiscopale philippine appelle à la résistance non violente pour s'opposer à un régime qu'elle juge privé de toutes bases morales.

Le 15, l'Assemblée nationale annonce officiellement la victoire du président Marcos à l'élection présidentielle. Mais Ronald Reagan admet que la « crédibilité » du scrutin est sujette à caution.

Le 16, Cory Aquino annonce à Manille, devant une foule estimée à près d'un million de personnes, un programme de désobéissance civile.

Le 19, le Sénat américain condamne, par 85 voix contre 9, les conditions de la réélection de Ferdinand Marcos.

Le 22, Juan Ponce Enrile, ministre de la Défense, et le général Fidel Ramos, chef d'état-major des armées par interim, se rallient à Cory Aquino avec une partie de l'armée. Washington apporte son soutien aux militaires insurgés.

Le 25, Cory Aquino, proclamée présidente des Philippines par une cinquantaine de membres du Parlement, prête serment et annonce la formation d'un gouvernement dirigé par Salvador Laurel, également élu à la vice-présidence. Assiégé dans son palais par la foule, Ferdinand Marcos prête également serment mais, dans la soirée, sous la pression de Washington, il accepte de quitter son palais pour la base américaine de Clarke. Il gagne le lendemain Guam à bord d'un appareil de l'armée de l'air américaine, puis Hawaii, où les États-Unis lui accordent l'asile politique.

Le 26, la présidente Cory Aquino annonce une amnistie générale pour tous les prisonniers politiques et lance un appel au cessez-le-feu à la branche militaire du P.C. philippin, la Nouvelle Armée du peuple (N.A.P.), dont les effectifs sont estimés à seize mille hommes et qui mène une guérilla sanglante contre le régime depuis plusieurs années.

— Universalis

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