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5-30 janvier 1991

France. Initiatives politiques et diplomatiques face à la crise du Golfe

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Le 5, Michel Vauzelle, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, s'entretient longuement à Bagdad avec Saddam Hussein, dans le cadre d'une mission « exploratoire » et « personnelle ».

Le 8, à la veille de sa rencontre à Genève avec le ministre irakien des Affaires étrangères Tarek Aziz, le secrétaire d'État américain James Baker, de passage à Paris, rencontre François Mitterrand, et constate l'« accord total » entre Paris et Washington sur l'« application pleine et entière » des résolutions du Conseil de sécurité.

Le 9, dans sa huitième conférence de presse depuis l'invasion du Koweït, le président de la République, en constatant l'échec des différentes tentatives diplomatiques, déclare qu'« à partir du 15 janvier à minuit le conflit armé sera légitime ».

Le 12, à l'appel du P.C.F., de l'extrême gauche, des Verts et de plusieurs groupes pacifistes, dont les signataires de l'« Appel des 75 », lancé en septembre 1990, des manifestations contre l'intervention armée dans le Golfe sont organisées dans une cinquantaine de villes. À Paris, entre quarante mille (selon la police) et deux cent mille (selon les organisateurs) manifestants défilent.

Le 14, un plan de paix présenté par la France au Conseil de sécurité des Nations unies comme ultime tentative de trouver une solution à la crise est rejeté par les États-Unis avant même son examen. Il est également vivement critiqué par la Grande-Bretagne.

Le 16, députés et sénateurs se réunissent en session extraordinaire. Le Parlement écoute la lecture d'un message du président de la République assurant que la France assumera « le rang, le rôle et les devoirs qui sont les siens », puis un bref discours du Premier ministre, avant d'approuver l'engagement français dans d'éventuelles opérations armées par cinq cent vingt-trois voix contre quarante-trois à l'Assemblée nationale, par deux cent quatre-vingt-dix voix contre vingt-cinq au Sénat. Parmi les « non », outre l'ensemble des communistes, se trouvent dix parlementaires socialistes, dont six membres du courant Socialisme et République de Jean-Pierre Chevènement, qui avait rejeté, dès le début, du mois, la « logique de guerre ». Le soir même, François Mitterrand, dans une intervention radiotélévisée, appelle à la « cohésion nationale ».

Le 17, le plan « Vigipirate », mis en place le 2 par le gouvernement et destiné à faire face aux menaces terroristes, entre dans sa seconde phase. Les jours suivants, le public, alerté des risques d'attentats, fréquente moins les lieux publics, grands magasins, théâtres et cinémas.

Le 20, trois jours après le début des hostilités et alors qu'une polémique s'est instaurée sur le rôle des aviateurs français, dont les objectifs auraient été limités au territoire koweïtien, le chef de l'État précise dans un entretien télévisé qu'il faut, pour libérer le Koweït, détruire « le potentiel militaro-industriel » de l'Irak.

Le 29, François Mitterrand accepte la démission de Jean-Pierre Chevènement, qui est immédiatement remplacé au ministère de la Défense par Pierre Joxe. Ce dernier est lui-même remplacé à l'Intérieur par Philippe Marchand, jusqu'alors chargé des collectivités territoriales et de la sécurité civile. Ce départ, qui met fin à la polémique sur la position du maire de Belfort vis-à-vis de la guerre, est salué comme une clarification de l'action gouvernementale, même si certains membres de l'opposition critiquent le moment choisi pour l'opérer.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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