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4-30 avril 2004

Irak. Affrontements meurtriers des soldats de la coalition avec les extrémistes chiites et la guérilla sunnite

À partir du 4, des manifestations dans plusieurs villes de la zone chiite située au sud de Bagdad, Nadjaf, Koufa, Amara, Nassiriya, tournent à l'affrontement entre l'« armée du Mahdi », formation paramilitaire proche de l'imam chiite radical Moqtada Al-Sadr d'une part, la police irakienne et les forces de la coalition d'autre part. Cette flambée de violence meurtrière intervient au lendemain de l'arrestation du chef du bureau de Moqtada Al-Sadr à Nadjaf. L'ayatollah Ali Al-Sistani, guide suprême des chiites irakiens, lance un appel au calme.

Le 5, l'administration civile américaine en Irak émet un mandat d'arrêt contre Moqtada Al-Sadr pour le meurtre d'un rival religieux commis en avril 2003.

À partir du 6, les forces de la coalition attaquent des positions de la guérilla sunnite à Fallouja, théâtre du lynchage de paramilitaires américains, en mars.

Le 7 et les jours suivants, de nombreux civils étrangers sont enlevés dans le pays. Les ravisseurs, des groupes jusqu'ici inconnus, réclament le départ des soldats étrangers et la libération des Irakiens détenus.

Le 8 et le 9, deux membres du Conseil intérimaire de gouvernement (C.I.G.) démissionnent. D'autres dénoncent l'offensive américaine contre Fallouja.

Le 11, une trêve, qui sera souvent rompue, est instaurée à Fallouja où plus de six cents Irakiens ont été tués en cinq jours de combats. Dans le même temps, soixante-deux soldats américains sont morts dans des affrontements avec les miliciens chiites et la guérilla sunnite. Un calme précaire revient également dans la zone chiite. Des médiations s'engagent sur les deux fronts.

Le 13, lors d'une conférence de presse, le président américain George W. Bush, tout en relativisant l'ampleur des violences en Irak, se déclare prêt à envoyer des troupes supplémentaires dans le pays.

Le 14, un otage italien, Fabrizio Quattrocchi, est tué par ses ravisseurs, membres de la Brigade verte du Prophète. Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi confirme le maintien en Irak du contingent italien.

Le 16, George W. Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair, réunis à Washington, appellent de leurs vœux l'adoption, par le Conseil de sécurité, d'une résolution concrétisant le « rôle central » que les Nations unies devraient jouer « pour développer le programme et la machinerie de la transition politique vers une démocratie irakienne pleine et entière » après le 30 juin.

Le 18, le nouveau président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, ordonne le retrait d'Irak « le plus tôt possible » du contingent entretenu par Madrid.

Le 19, le Honduras annonce à son tour son retrait de la coalition, tout comme la république Dominicaine le 21.

Le 21, soixante-huit personnes sont tuées à Bassorah lors de cinq attaques perpétrées par des extrémistes chiites contre des installations de la police. Cette ville du Sud était jusque-là épargnée par les violences qui ravagent le pays depuis le début du mois.

Le 23, l'administrateur civil américain en Irak Paul Bremer annonce la réintégration dans leurs fonctions d'anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein ou d'anciens professeurs membres du parti Baas. Le C.I.G. salue cette décision tout en notant qu'elle vient « un peu tard ».

Le 24, une attaque sans précédent, menée à partir de trois bateaux piégés, contre des pétroliers en cours de chargement dans le terminal offshore de Bassorah, est déjouée par les forces américaines.

Le 29, la chaîne américaine C.B.S. diffuse des photographies prises par des soldats de la 372e compagnie de police militaire de réserve chargée de la surveillance du centre de détention d'Abou Ghraib, près de Bagdad, qui révèlent les mauvais traitements, voire les tortures, infligés à certains détenus irakiens. L'hebdomadaire The New Yorker publie des photos similaires et fait état d'un rapport interne à l'armée, datant de février, qui évoque de nombreux cas de « violences criminelles, déchaînées, flagrantes et sadiques ».

Le 30, le président Bush évoque son « dégoût profond » face aux actes commis par « quelques » soldats. Six soldats de la 372e compagnie sont inculpés au terme de plusieurs enquêtes qui ont débuté en octobre 2003 et d'une procédure judiciaire engagée en avril.

— Universalis

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