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4-26 juin 2007

États-Unis - Irak. Doutes sur la politique américaine en Irak

Le 4, le New York Times publie un document du Pentagone selon lequel les forces américano-irakiennes ne contrôlent que le tiers de Bagdad, malgré la participation, depuis février, de près de quatre-vingt-cinq mille soldats au « plan de sécurité » mis en œuvre dans la capitale.

Le 6, Ankara et Bagdad démentent les rumeurs d'intervention de troupes turques en Irak, à la poursuite de séparatistes du Parti des travailleurs kurdes (P.K.K.) réfugiés au Kurdistan irakien. Les autorités turques se disent toutefois « à bout de patience » face à l'absence de réactions irakiennes et américaines à la présence de quelque trois mille cinq cents membres du P.K.K. en Irak. Les jours suivants, l'armée turque, qui a massé près de cent mille hommes à la frontière, bombarde des positions du P.K.K. dans le Kurdistan irakien, s'attirant les protestations de Bagdad.

Le 11, le nombre de militaires américains tombés en Irak depuis le début de l'intervention armée des États-Unis, en mars 2003, dépasse trois mille cinq cents. Le mois de mai (116 soldats tués) a été le plus meurtrier depuis novembre 2004.

Le 13, un attentat à la bombe détruit les deux minarets de la mosquée de Samarra, au nord de Bagdad, l'un des lieux saints de l'islam chiite. La destruction du dôme de la mosquée en février 2006 avait entraîné des violences meurtrières. Les autorités imposent le couvre-feu à Samarra et dans la capitale.

Le 19, l'armée américaine annonce avoir engagé une vaste offensive contre l'insurrection sunnite liée à Al-Qaida dans la région de Baqoubah, au nord de Bagdad.

Le 24, le Tribunal spécial irakien rend sa décision dans le procès « Anfal », du nom de la série de huit opérations militaires lancées de février à septembre 1988 par Bagdad contre les populations du Kurdistan irakien et qui auraient fait parmi elles de cinquante mille à cent mille victimes (180 000 selon des estimations). Cinq des six accusés sont condamnés à mort, notamment Ali Hassan Al-Majid Al-Tikriti, surnommé « Ali le chimique », cousin de Saddam Hussein: secrétaire général du Bureau des affaires du Nord irakien à l'époque des faits et, à ce titre investi de tout pouvoir au Kurdistan, il est reconnu coupable de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. Son surnom lui est venu d'une opération de représailles distincte de la campagne Anfal, le bombardement à l'arme chimique de la ville kurde de Halabja, en mars 1988, au cours duquel cinq mille personnes auraient perdu la vie.

Le 25, un attentat-suicide provoque la mort d'au moins douze personnes dans un hôtel de Bagdad où se trouvaient réunis des chefs de tribus sunnites de la province insurrectionnelle d'Al-Anbar qui collaboraient avec les forces américano-irakiennes dans la lutte contre Al-Qaida. Cette dernière revendiquera l'attentat le 26.

Le 26, au Capitole, l'influent sénateur républicain Richard Lugar, président de la commission des Affaires étrangères, se prononce contre la stratégie présidentielle d'envoi de renforts destinés à sécuriser Bagdad et les provinces insurrectionnelles, stratégie qui, selon lui, ne défend pas « les intérêts vitaux de sécurité nationale ». Il propose « le redéploiement des forces militaires américaines sur des positions plus viables en Irak ou au Proche-Orient », avec pour mission « de répondre aux attaques terroristes, de protéger les flux pétroliers et d'aider à prévenir une guerre régionale », mais pas d'instaurer la démocratie en Irak – objectif « presque impossible ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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