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2-31 décembre 1981

Pologne. Proclamation de l'état de guerre et mise en place d'un conseil militaire

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Le 2, les forces de l'ordre font évacuer l'école des officiers de pompiers de Varsovie, occupée depuis le 18 novembre. Les élèves demandaient leur rattachement au ministère de l'Enseignement (et non à celui de l'Intérieur). Solidarité proclame l'« alerte immédiate à la grève ».

Le 7, Mgr Josef Glemp, primat de Pologne, adresse des lettres prônant la modération à Lech Wałesa, au général Jaruzełski, ainsi qu'aux membres de la Diète. Celle-ci décide de renvoyer sine die l'examen du projet de loi sur les pouvoirs extraordinaires dont le comité central voulait doter le gouvernement.

Le 11, s'ouvre à Gdańsk une session de quarante-huit heures de la commission nationale de Solidarité. L'agence Tass estime que le syndicat prépare le « renversement du pouvoir ».

Le 12 au soir, la commission demande l'organisation, avant le 15 février 1982, d'un référendum au sein du syndicat sur l'exercice et les méthodes du pouvoir en Pologne.

Dans la nuit du 12 au 13, les sièges de Solidarité à Gdańsk et à Varsovie sont encerclés et investis par les forces de l'ordre. Les relations téléphoniques avec la capitale sont coupées.

Le 13 au matin, le général Jaruzełski proclame l'« état de guerre » et annonce l'installation d'un « conseil militaire de salut national ». L'armée quadrille Varsovie. Le couvre-feu est instauré, les déplacements et réunions sont interdits, les écoles et universités fermées. La peine de mort peut être prononcée contre tout opposant à la militarisation des entreprises d'État. Lech Wałesa est placé en résidence surveillée, tandis que de nombreux cadres syndicaux et intellectuels sont arrêtés. Les informations sur la Pologne, désormais coupée du reste du monde, deviennent rares et imprécises.

Le 14, Radio-Varsovie admet qu'il existe « des cas sporadiques de non-compréhension » des mesures adoptées. Un appel à la grève générale est en effet lancé par un comité clandestin de cinq dirigeants de Solidarité encore en liberté.

Le 15, l'épiscopat, porte-parole de la « population terrorisée par la force militaire... » réaffirme que Solidarité est « indispensable à l'équilibre national », et que la Pologne ne renoncera pas au « renouveau démocratique ».

Le 17, Radio-Varsovie annonce la mort de sept mineurs silésiens, tués par les forces de l'ordre.

Le 19, un mot d'ordre de grève est lancé pour protester contre la suppression des samedis chômés. De source officielle, « la plupart des entreprises fonctionnent ».

Le 20, l'agence Tass annonce que 1 300 mineurs sont « retenus sous terre » dans la mine de Ziemowit, par des instigateurs de Solidarité ». L'Église polonaise annonce, de son côté, que le nombre des morts serait, depuis le 13, supérieur à deux cents.

Le 23, l'armée et la milice font évacuer les aciéries de Huta Katowice, occupées par les ouvriers.

Le 24, s'adressant pour la première fois aux Polonais depuis l'instauration de l'état de guerre, le général Jaruzełski dément que des dizaines de personnes aient été tuées, et assure que la loi martiale sera maintenue « aussi longtemps que nécessaire, mais pas une heure de plus ». Le même jour, la mine de Ziemowit est évacuée.

Le 27, de source vaticane, on estime que le nombre de détenus serait de huit à dix mille, tandis qu'un porte-parole de la junte assure que la plupart d'entre eux seront bientôt libérés.

Le 28, les mineurs de Piast, en Silésie, cessent leur grève ; les autorités annoncent le début des procès des syndicalistes arrêtés.

Le 29, le conseil militaire annonce « le premier jour sans grève depuis quinze mois ».

Le 30, le travail obligatoire est instauré pour tous les hommes de dix-huit à quarante-cinq ans.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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