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2-29 mai 1991

Yougoslavie. Tension accrue entre Serbes et Croates

Le 2, douze policiers croates et trois civils serbes trouvent la mort au cours d'une violente fusillade à Borovo-Selo, agglomération serbe de Croatie. Cet affrontement sanglant, le plus grave entre Serbes et Croates depuis la Seconde Guerre mondiale, fait suite à celui du parc de Plitvice, qui avait fait trois morts à la fin du mois de mars.

Le 4, réunie en séance extraordinaire, la présidence collégiale yougoslave décide l'envoi de l'armée fédérale en Croatie afin de rétablir l'ordre entre les deux communautés. Le lendemain, les États-Unis suspendent leur aide économique à la Yougoslavie, estimant que les droits de l'homme n'y sont plus respectés.

Le 6, un soldat fédéral est tué à Split par des manifestants croates, qui reprochent à l'armée de soutenir les commandos extrémistes serbes. Le général Veljko Kadijevic, ministre fédéral de la Défense, annonce aussitôt la mise en état d'alerte de l'armée sur l'ensemble du territoire et la « préparation à la mobilisation partielle ».

Le 9, la présidence collégiale annonce une série de mesures destinées à faire baisser la tension : démobilisation des policiers et miliciens réservistes, désarmement des civils, ouverture de pourparlers entre autorités croates et minorité serbe de Croatie. Mais l'armée, chargée du maintien de l'ordre, n'obtient pas les pouvoirs spéciaux qu'elle réclamait.

Le 12, les Serbes minoritaires de Croatie (12 p. 100 de la population) se prononcent presque unanimement (99 p. 100) en faveur d'un rattachement de leur région de la Krajina à la Serbie en cas de sécession croate.

Le 15, la Serbie s'oppose à l'élection du Croate Stipe Mesic à la succession du Serbe Borisav Jovic à la présidence collégiale fédérale. C'est la première fois depuis l'instauration du système de présidence par rotation, en 1974, qu'un tel blocage intervient. En pleine crise, le pays est donc sans président, bien que Stipe Mesic déclare assumer la fonction.

Le 19, près de 83 p. 100 des électeurs inscrits participent au référendum organisé en Croatie : 94,17 p. 100 d'entre eux se prononcent en faveur d'une « république de Croatie souveraine et indépendante ». La minorité serbe, qui s'est exprimée le 12, boycotte ce scrutin.

Le 29, le président Franjo Tudjman déclare la Croatie « État souverain et indépendant ».

— Universalis

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