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1er-31 octobre 2004

Irak. Encerclement de Fallouja et recrudescence des violences

Le 1er, le député (U.M.P.) Didier Julia annonce l'échec de l'initiative privée de tentative de libération des otages français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qu'il avait engagée en septembre. Jean-Pierre Raffarin déclarera que celle-ci n'était ni « approuvée » ni « soutenue » par le gouvernement.

Le 1er également, « à la demande du gouvernement irakien », les forces américaines et irakiennes reprennent le contrôle de la ville de Samarra, située dans le « triangle sunnite ». Le Comité des oulémas, instance représentative des sunnites irakiens, dénoncera, le 5, le « massacre » de quelque cent cinquante personnes dans la ville.

Le 4, les forces américaines reprennent leurs opérations contre Fallouja, bastion de la rébellion sunnite, assiégée une première fois en avril, sans résultats. Le gouvernement intérimaire irakien entend « nettoyer » les villes rebelles avant les élections prévues en janvier 2005. Des affrontements opposent également les soldats américains aux miliciens chiites à Sadr City, dans la banlieue de Bagdad.

Le 4 également, l'explosion d'une voiture piégée dans le centre de Bagdad fait dix morts.

Le 6, la mission américaine chargée de découvrir les armes de destruction massive qu'aurait dissimulées le régime de Saddam Hussein présente ses conclusions. Son chef Charles Duelfer affirme, à la suite de son prédécesseur David Kay, qui avait démissionné en janvier, que l'Irak ne possédait plus d'armes de destruction massive depuis 1991.

Le 7, l'ayatollah chiite Ali Al-Sistani engage ses fidèles à aller voter, en janvier 2005.

Le 7 également, le chef radical chiite Moqtada Al-Sadr propose aux autorités de désarmer ses miliciens en échange de la libération des combattants emprisonnés et de sa participation au processus politique.

Le 8, une vidéo parvenue à la chaîne de télévision d'Abu Dhabi montre la décapitation de l'otage britannique Kenneth Bigley, enlevé en Irak en septembre par le groupe de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui.

Le 8 également, aux États-Unis, lors du deuxième débat télévisé entre les deux candidats à la Maison Blanche, le démocrate John Kerry qualifie de « colossale erreur » la décision du président George W. Bush d'envahir l'Irak.

Le 9, le gouvernement irakien et l'Armée du Mahdi de Moqtada Al-Sadr signent un accord qui prévoit la remise par ce dernier des armes lourdes contre la libération de certains miliciens, et le versement de compensations et d'aides financières.

Le 13, pour la première fois, un peloton de soldats réservistes américains de l'intendance refuse d'accomplir une mission de transport jugée trop risquée.

Le 14, à Bagdad, deux attentats-suicides perpétrés dans la « zone verte », pourtant très surveillée, où se trouvent le siège du gouvernement et l'ambassade américaine, font plusieurs morts. Ils sont revendiqués par le groupe d'Abou Moussab Al-Zarkaoui.

Le 17, alors que l'encerclement de Fallouja par les forces américaines et les bombardements nocturnes de la ville se poursuivent, Abou Moussab Al-Zarkaoui affirme dans un message avoir prêté allégeance au « cheikh des moudjahidins, Oussama ben Laden », chef du réseau terroriste Al-Qaida.

Le 19, la responsable en Irak de l'O.N.G. humanitaire Care, l'Irako-Britannique Margaret Hassan, est enlevée à Bagdad. Care annonce la suspension de ses activités dans le pays.

Le 20, des oulémas et des responsables politiques sunnites appellent les Irakiens à boycotter les élections de janvier 2005 en cas d'assaut contre Fallouja. Ils dénoncent la responsabilité du gouvernement intérimaire dans la « guerre d'extermination menée contre le peuple irakien par les forces d'occupation ».

Le 21, le gouvernement britannique accepte de redéployer un bataillon de huit cent cinquante hommes dans le sud de Bagdad, hors de leur zone de surveillance autour de Bassorah, à la demande de Washington, afin de soulager les forces américaines engagées dans la conquête des villes rebelles du triangle sunnite.

Le 23, des rebelles attaquent un convoi de soldats irakiens permissionnaires, au nord-est de Bagdad, tuant quarante-huit personnes. L'opération est revendiquée par l'Organisation Al-Qaida du djihad en Irak, nouveau nom du groupe d'Abou Moussab Al-Zarkaoui.

Le 26, le gouvernement intérimaire dresse le bilan des violences de juin – date de son entrée en fonction – à septembre: quatre-vingt-douze attentats ont causé la mort de cinq cent soixante personnes; cent cinquante-deux personnes ont été enlevées durant le seul mois de septembre.

Le 29, les résultats d'une enquête publiée dans la revue médicale américaine The Lancet estiment à cent mille le nombre de civils tués, dont une majorité de femmes et d'enfants, en raison des violences liées à l'occupation de l'Irak.

Le 31, le corps décapité d'un jeune routard japonais, enlevé deux jours plus tôt, est retrouvé à Bagdad. Ses ravisseurs exigeaient le retrait du contingent japonais stationné en Irak.

— Universalis

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