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1er-28 mai 2004

Irak - États-Unis. Révélations sur les sévices infligés aux prisonniers irakiens par des soldats de la coalition

Le 1er, au terme d'« arrangements » négociés avec des représentants des habitants de Fallouja, l'armée américaine lève le siège de la ville sunnite établi depuis trois semaines, confiant la sécurité de l'agglomération à d'anciens généraux de Saddam Hussein.

Le 4, après les premières révélations de torture, photos et vidéos à l'appui, les autorités militaires américaines admettent enquêter depuis décembre 2002 sur trente-cinq cas de violences commises par des militaires, en Afghanistan et en Irak, qui auraient pu entraîner la mort de vingt-cinq prisonniers.

Le 5, le président américain George W. Bush, s'exprimant sur des chaînes de télévision arabes, affirme sa volonté d'« enquêter jusqu'au bout » et confirme implicitement la version officielle de la Maison-Blanche selon laquelle il n'avait pas été tenu informé des procédures d'enquête en cours.

Le 7, des blindés américains interviennent dans les villes saintes chiites de Nadjaf et Kerbala contre l'« armée du Mahdi », la milice de l'imam radical Moqtada Al-Sadr.

Le 7 également, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld est entendu par deux commissions du Congrès. Il évoque l'existence d'autres photos et vidéos et présente ses « profondes excuses ». Il exclut toutefois de démissionner.

Le 7 toujours, le Wall Street Journal publie un rapport confidentiel du Comité international de la Croix-Rouge adressé, en février, aux autorités américaines, qui dénonce les traitements réservés aux prisonniers irakiens. Le rapport évoque la torture comme étant « une pratique tolérée », « largement répandue » et relevant d'« un vaste schéma, [d']un système ».

Le 9, le Washington Post et Time Magazine révèlent l'existence d'une liste de vingt techniques d'interrogatoire destinées à augmenter le stress (perturbation du sommeil, station debout prolongée...), liste approuvée par le Pentagone en avril 2003.

Le 10, George W. Bush, lors d'une visite au Pentagone destinée à marquer son soutien à Donald Rumsfeld, salue le « superbe travail » effectué par le secrétaire à la Défense.

Le 11, un site islamiste sur Internet diffuse les images de la décapitation d'un civil américain, Nicholas Berg, par le groupe du Jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui, proche d'Al-Qaida, qui affirme agir en représailles aux sévices infligés par les soldats de la coalition aux prisonniers irakiens.

Le 13, Donald Rumsfeld effectue un voyage éclair à Bagdad, pour visiter la prison d'Abou Ghraib.

Le 17, à Bagdad, Abdel Zahra Osmane Mohammed, dit Ezzedine Salim, qui occupait la présidence tournante du Conseil intérimaire de gouvernement (C.I.G.), est tué dans un attentat à la voiture piégée.

Le 17 également, le New Yorker accuse Donald Rumsfeld d'être à l'origine de directives secrètes relatives à l'emploi de méthodes d'interrogatoire particulières, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, méthodes qui auraient été étendues à l'Irak en août 2003.

Le 19 s'ouvre à Bagdad, devant une cour martiale, le premier procès d'un militaire accusé de sévices sur des prisonniers d'Abou Ghraib. Le soldat de première classe Jeremy Sivits est condamné à un an de détention au terme duquel il sera radié de l'armée.

Le 20, Ahmed Chalabi, membre du C.I.G. et ancien protégé de Washington, annonce la rupture de ses relations avec la coalition, à la suite de la perquisition de son domicile et de ses bureaux par la police irakienne et par des militaires américains dans le cadre d'une enquête sur des actes de corruption.

Le 24, le président Bush présente la politique irakienne des États-Unis dont les étapes à venir font l'objet d'un projet de résolution déposé, le même jour, conjointement avec le Royaume-Uni, devant le Conseil de sécurité de l'O.N.U.: respect de la date du 30 juin pour le transfert « total » de souveraineté aux autorités irakiennes, mise en place d'un gouvernement intérimaire et d'un Conseil national, maintien « aussi longtemps que nécessaire » des forces de la coalition transformées en « force multinationale », et élections libres en janvier 2005.

Le 27, les forces de la coalition et l'« armée du Mahdi » concluent une trêve en vue d'engager des négociations.

Le 28, le C.I.G. désigne l'un de ses membres, Iyad Allaoui, comme Premier ministre du gouvernement auquel la coalition doit transférer la souveraineté le 30 juin.

— Universalis

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