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1er-12 avril 1987

Vatican - Uruguay - Chili - Argentine. Visite du pape Jean-Paul II en Amérique latine

Le 1er, en descendant à Santiago du Chili de l'avion qui l'amène de Montevideo (Uruguay), où il a effectué, le 31 mars, une courte étape de seize heures, Jean-Paul II entame la partie la plus délicate de son huitième voyage en Amérique latine. Reçu par le général Augusto Pinochet, qui dirige un régime qualifié par le pape lui-même d'« actuellement dictatorial mais, dans sa propre définition, transitoire », il doit se situer par rapport au pouvoir, accusé par l'Église chilienne, dont le rôle politique est très important, de nombreuses atteintes aux droits de l'homme, et par rapport à une opinion publique qui semble attendre beaucoup de sa visite.

Du 1er au 3, Jean-Paul II est à Santiago. Il est reçu par le général Pinochet, qui se fait acclamer en sa compagnie au balcon du palais de la Moneda, et rencontre les pauvres des faubourgs populaires du sud de Santiago. Ces visites, occasionnant des rassemblements de foule interdits par ailleurs, donnent lieu à des manifestations hostiles au régime. Le 3, alors qu'il célèbre une messe dans le parc O'Higgins, de violentes émeutes éclatent. Les affrontements avec les forces de l'ordre font environ six cents blessés, tandis que des prêtres essaient vainement de séparer les combattants. Le même jour, le pape rencontre tous les représentants de l'opposition démocratique, y compris le représentant du Parti communiste.

Le 4 et le 5, Jean-Paul II fait une tournée en province qui le mène de l'extrême sud (Punta Arenas) à l'extrême nord (Antofagasta) en passant par Concepción et La Serena. L'accueil fervent et populaire, les messes paisibles et recueillies contrastent avec l'agitation et les violences de Santiago.

Du 6 au 12, le pape se rend en Argentine, pour un séjour qui, s'il n'a pas l'intérêt politique du précédent, lui permet de rencontrer une Église nationale ébranlée et divisée par le rôle qu'elle joua pendant la dictature militaire, et désormais confrontée à une évolution de la société qu'elle maîtrise moins bien : le gouvernement envisage, en particulier, de légaliser le divorce. Reçu à la Casa Rosada par le président Raul Alfonsin, Jean-Paul II quitte la capitale pour entreprendre une tournée des principales villes du pays où il développe à la fois le thème de la solidarité nationale, afin d'oublier les drames du passé, et celui du maintien des valeurs sociales et familiales en dénonçant, en particulier, le divorce.

Le 12, la messe des Rameaux, célébrée pour la première fois à l'étranger, réunit à Buenos Aires un million de personnes, constituant ainsi le plus grand succès populaire de ce voyage.

— Universalis

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