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YUN SHOUPING[YUN CHEOU-P'ING](1633-1690)

Un paysagiste à la manière des anciens maîtres

Ses biographes s'accordent sur un point : Yun Shouping fut d'abord un peintre de paysage. Comme les autres maîtres du xviie siècle, il puisa son inspiration surtout chez les artistes Yuan, Huang Gongwang essentiellement. Néanmoins, contrairement à Wang Hui et Wu Li, il n'exécuta pas de copie directe du célèbre Fuchun shanju tu, mais peignit une Vue des monts Fuchun, rouleau vertical inspiré de la longue composition horizontale de Huang Gongwang (daté de 1668). Il copia également Zhao Mengfu, Wang Meng, Ni Zan et d'autres peintres Yuan moins renommés : Cao Zhibo, Ke Jiusi, Lu Guang, et remonta occasionnellement aux sources de la peinture Yuan en s'inspirant de Dong Yuan et Juran (xe s.). Il exécuta aussi, mais plus rarement, des œuvres « à la manière de » Zhao Lingrang, Ma Yuan et autres peintres de la fin des Song. Yun Shouping affectionnait les petits formats : feuilles d'album et éventails. Plusieurs recueils de ces œuvres libres et spontanées sont conservés au musée du Palais à Taipei : l'Album d'après les maîtres anciens et l'Album de paysages contiennent une série de vues inspirées très librement d'artistes Song et Yuan, exécutées à l'encre rehaussée de couleurs en lavis légers et transparents. Elles possèdent un charme délicat, sans la mièvrerie ni la sécheresse qui sont les défauts de nombre d'œuvres contemporaines. Plutôt que la copie fidèle, c'est l'identification à « l'esprit des anciens maîtres » que poursuit Yun Shouping, dans ses petites œuvres très libres comme dans ses grandes compositions plus formelles. Les lignes souples et ondulantes balayant les surfaces, les touches effilées groupées horizontalement pour les feuillages des arbres ou verticalement pour marquer les végétations lointaines sont des caractéristiques du pinceau de Yun Shouping que l'on retrouve à travers toutes ses interprétations des maîtres anciens.

Yun Shouping, néanmoins, ne se satisfaisait pas de ses paysages ; on dit qu'il se découragea de disputer à Wang Hui la prééminence dans le genre et que, refusant la seconde place, il abandonna tout à fait la peinture de paysage. Il écrivit d'ailleurs à son ami Wang Hui : « Dans le paysage, je crains de ne jamais parvenir à échapper aux contraintes. Je suis bridé par les règles et les manières des maîtres anciens, voilà la difficulté. »

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, directrice du programme Religion et société en Chine au Groupe de sociologie des religions et de la laïcité

Classification

Pour citer cet article

Caroline GYSS. YUN SHOUPING [YUN CHEOU-P'ING] (1633-1690) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Fleur de lotus</it>, de Yun Shouping - crédits :  Bridgeman Images

Fleur de lotus, de Yun Shouping

Voir aussi