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XU WEI[SIU WEI]ou WENCHANG (1521-1593)

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Le peintre

Cependant, c'est incontestablement en peinture que Xu Wei a finalement affirmé son génie créateur avec le plus d'autorité. Il a abordé tous les genres, mais a traité avec le plus de succès les « poils et plumes », « oiseaux et fleurs », « fleurs et plantes » ; dans ce dernier domaine, il manifesta une prédilection et un brio particuliers dans l'exécution des bambous, des bananiers et des vignes. Il a assurément bénéficié de l'exemple de ses prédécesseurs, Lin Liang, Zhou Zhimian et Chen Chun, mais il a apporté dans le traitement de ces genres « microcosmiques » une franchise de touche qui, avant lui, n'était guère utilisée que dans le paysage ou les figures. L'encre qu'il emploie, très liquide, est fréquemment « éclaboussée », et la forme se trouve ainsi presque entièrement libérée de la contrainte du trait. Il s'inscrit dans la tradition de la peinture lettrée, tout en y introduisant une liberté sauvage et une âpreté inconnues de celle-ci. Il présente des affinités certaines avec les maîtres de la peinture chan, Liang Kai et Muqi, sans toutefois accepter leur dépouillement ni leur ascèse du vide ; son art opte au contraire pour une profusion baroque. Sa peinture réussit en fait à réconcilier la qualité intellectuelle de la peinture lettrée avec la verve et la vitalité truculentes de la peinture des professionnels de l'école du Zhejiang, Dai Jin et surtout Wu Wei. Il occupe ainsi dans le développement de la peinture chinoise une position dont l'importance historique est considérable, ouvrant directement la voie aux individualistes du xviie siècle (Shitao, en particulier, lui doit beaucoup), aux excentriques du xviiie siècle (Gao Fenghan, Zheng Banqiao et Li Shan) ; à l'époque moderne, il a inspiré les audaces de Wu Changshi et de Qi Baishi. Une si riche postérité a bien dédommagé Xu Wei de l'indifférence, sinon de l'hostilité, que commença par lui témoigner la critique Ming. Le petit peuple, lui, n'attendit pas le verdict final de l'élite pour faire de Xu Wei le héros d'innombrables légendes (sa destinée dramatique ne se prêtait-elle pas idéalement à l'affabulation ?) qui aujourd'hui encore se racontent à son sujet au Zhejiang.

— Pierre RYCKMANS

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  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

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Pierre RYCKMANS. XU WEI [SIU WEI] ou WENCHANG (1521-1593) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009