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VEILHAN XAVIER (1963- )

Si Xavier Veilhan, né en 1963 à Lyon, a pu traverser diverses périodes plastiques, il s'est cependant invariablement focalisé sur les possibilités de la représentation. Qu'il emploie pour ce faire la photographie numérique, la sculpture, l'art dans l'espace public, la vidéo ou l'installation, il ne cesse de sonder les conditions d'apparition et de composition des images. Dans ce dessein, l'un des traits saillants de sa pratique est le recours à un traitement par le générique, à des formes lissées, sans souci du détail ni psychologie. Ses figures sont produites à la manière de la mémoire essentielle d'un archétype, dans lequel le spectateur pourra se projeter immédiatement. Depuis les années 1990, le bestiaire animalier occupe une place de choix dans ce processus. Pingouins ou rhinocéros sont ainsi façonnés en résine teintée dans la masse avec des coloris non naturalistes. Rhinocéros (1999) ; réalisé à échelle réelle, fut laqué en rouge Ferrari modifiant instantanément la perception du mastodonte ainsi « carrossé ». En 1995, avec Les Gardes républicains, Xavier Veilhan avait présenté un ensemble de quatre gardes à cheval : comme des figurines reportées à une taille réelle, les statues ne recherchaient pas un mimétisme mais parvenaient à introduire un rapport troublant d'autorité à l'égard du spectateur. Fasciné par les questions de modernité et de progrès technique, Veilhan s'intéresse parallèlement aux systèmes mécaniques, à la construction de machines. Avec la Ford T (1997-1999), il contredit même l'idéologie du fordisme en faisant réaliser à la main cette voiture des années 1920, symbole des premières productions à la chaîne. Du stéréotype au prototype, le jeu s'est inversé, remettant en jeu la question des standards. Dans cette lignée, l'artiste s'est intéressé aux bicyclettes, à un scooter-tour de potier polluant, et au coucou suisse. Ici, cette énorme machinerie rutilante aux rouages colorés et d'une taille impressionnante (plus de cinq mètres de longueur) ne mesure pas le temps, elle ne fait qu'actionner vainement une boule métallique. Ainsi, comme le bestiaire, la modernité mécanique traverse la carrière de Xavier Veilhan, commencée à la fin des années 1980, et se poursuit dans les expositions les plus récentes.

Le spectateur, déjà placé au cœur de la réflexion de l'artiste, s'est retrouvé dans certaines installations progressivement « pris en charge ». Avec la Forêt ou la Grotte (réalisées en 1998), énormes environnements dont la structure porteuse était révélée d'emblée afin de ne ménager aucun effet qui soit de l'ordre de l'illusion, Veilhan propose une expérience sensible globale. La forêt est suggérée par des rouleaux de feutre gris en guise de troncs, cette même matière recouvrant le sol. Plongée dans une ambiance entre chien et loup, confinée et isolée sur le plan phonique, la visite de cet environnement, révèle les automatismes d'identification à travers le recours à de puissants symboles culturels. Ces « ressorts », Veilhan les utilise tour à tour dans des œuvres « englobantes » et des objets isolés. « Instrumentaliser les signes » : l'artiste aime avouer sa passion, convertie en statues et en expositions. En effet, depuis les grandes installations de la fin des années 1990, il s'est frotté à l'exercice de la scénographie de ses propres œuvres (Strasbourg, 2005) mais également aux œuvres d'autres artistes comme avec ce projet autour de la peinture hyperréaliste (Biennale de Lyon, 2003) ou de la sculpture (Le Baron de Triqueti pour l'exposition La Force de l'Art au Grand-Palais, 2006). Les dispositifs d'exposition, depuis les jardins de Versailles (2009) jusqu'aux techniques de propagandes constructivistes ou aux grandes expositions[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

Classification

Pour citer cet article

Bénédicte RAMADE. VEILHAN XAVIER (1963- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 8 011 mots
    • 4 médias
    ...l’hyperréalisme d’un John De Andrea ou d’un George Segal et crée un malaise toujours renouvelé. Porteurs d’un esprit d’ironie ou de détournement parodique, Xavier Veilhan (Rhinoceros, 1999-2000) ou Adel Abdessemed, dont le Coup de tête (2012) renvoie au célèbre geste de Zidane lors de la Coupe du monde de...

Voir aussi