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PAULI WOLFGANG (1900-1958)

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Le penseur

Deux hommes ont influencé les « transformations spirituelles majeures » de Pauli mentionnées plus haut : A. Sommerfeld et N. Bohr. De son maître, il a hérité le sens pour les harmonies pythagoréennes fondées sur les nombres entiers qui avaient révélé à Kepler ses lois des orbites planétaires, mais qui, selon A. Sommerfeld, se manifestent également dans les longueurs des périodes du système périodique des éléments chimiques : 2, 8, 18, 32, ..., conséquence directe du principe d'exclusion.

De N. Bohr vient une inspiration incessante durant tout leur « pèlerinage commun depuis 1922, dans lequel un si grand nombre de stations est englobé ». L'idée centrale de cette inspiration est la « complémentarité » qui, en théorie quantique, permet une synthèse de termes duels contradictoires comme onde-particule, et qui fut généralisée par N. Bohr en une notion philosophique nouvelle, à tel point que Pauli y vit l'espoir d'une possible unification des sciences modernes en une vue d'ensemble du monde, comparable à celle qui existait encore dans la philosophie de la nature du xviie siècle.

C'est la conjonction de ce dernier aspect avec les éléments pythagoréens chers à A. Sommerfeld qui incita Pauli à se tourner vers J. Kepler pour étudier chez lui « l'influence de notions archétypiques sur la formation de théories scientifiques ». Cet essai analyse le rôle de l'inconscient dans la découverte des lois de la nature qui, chez Kepler, est symbolisé par la notion d'archétype, notion qui, indépendamment, fut reprise par C. G. Jung dans sa psychologie de l'inconscient. Il n'est alors pas étonnant de trouver réuni, sous la même couverture du livre Naturerklärung und Psyche, un article de Jung à côté de celui de Pauli mentionné ci-dessus. En fait, ce livre, paru en 1952, marque le point culminant des relations étroites entre Pauli et C. G. Jung.

L'étendue des vues philosophiques de Pauli incita Arthur Koestler à constater que Pauli « a probablement possédé une plus profonde connaissance des limites des sciences naturelles que la plupart de ses collègues ». L'une de ces limites, qui inquiétait Pauli pendant toute sa vie scientifique, fut la dualité entre le champ électrique et les moyens de le mesurer par son action sur une charge. L'aspect inquiétant est qu'une telle mesure est limitée par l'atomicité des charges électriques donnée par la valeur de la constante de structure fine 1/137, introduite par A. Sommerfeld et qui n'a pas encore trouvé d'explication. Ce nombre 137 symbolisait pour Pauli la liaison avec le monde magique des alchimistes qui l'a tant fasciné. Par une coïncidence « cabalistique », Wolfgang Pauli est mort dans la chambre 137 de l'hôpital de la Croix-Rouge à Zurich le 15 décembre 1958.

— Charles P. ENZ

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Écrit par

  • : professeur émérite de physique théorique à l'École de physique de Genève

Classification

Pour citer cet article

Charles P. ENZ. PAULI WOLFGANG (1900-1958) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Wolfgang Pauli - crédits : The Nobel Foundation

Wolfgang Pauli

Autres références

  • EXISTENCE DU NEUTRINO

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    • 106 mots
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    L'existence du neutrino est proposée en 1930 par le physicien suisse d'origine autrichienne Wolfgang Pauli (1900-1958), pour sauvegarder le principe de conservation de l'énergie que les désintégrations radioactives β des noyaux atomiques ne semblaient pas respecter. Cette particule difficilement...

  • ATOME

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    C'est pour expliquer tous ces faits que Wolfgang Pauli a formulé en 1925 le principe d'exclusion. Il avait remarqué que l'état fondamental de l'ortho-hélium n'est pas l'état 3S1 correspondant aux valeurs des nombres n1 et n2 des deux électrons égales à 1. L'analyse spectrale...
  • ATOMIQUE PHYSIQUE

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    ...L'énergie totale de l'atome s'exprime alors comme la somme des énergies de chacun des électrons. Cependant, dans ce calcul, il faut faire intervenir le principe de Pauli, qui impose que deux électrons ne peuvent pas avoir l'ensemble de leurs nombres quantiques égaux. Chacun des électrons d'un atome est...
  • CHAMPS THÉORIE DES

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    • 1 média
    ...particules ; une conséquence capitale en est que deux fermions identiques ne peuvent coexister en un même état ; c'est ce « principe d'exclusion » énoncé par le physicien Wolfgang Pauli (1900-1958) qui explique la structure en couche des électrons atomiques et la classification périodique des éléments.
  • ÉLECTRONS

    • Écrit par et
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    • 5 médias
    En février 1925, Wolfgang Pauli (1900-1958) publie que l'idée de Landé conduit à attribuer à l'électron un nombre quantique supplémentaire, noté m pour « magnétique », qui ne peut prendre que deux valeurs. Cela permet d'expliquer les nombres d'électrons observés dans chaque couche atomique,...
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