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KENT WILLIAM (1685-1748)

Peintre-décorateur, architecte et paysagiste anglais, né vers 1685 à Bridlington (Yorkshire), mort le 12 avril 1748 à Londres.

William Kent aurait été apprenti chez un peintre de carrosses de Hull. Des protecteurs locaux, impressionnés par son talent, l'envoient étudier la peinture à Rome de 1709 à 1719. Il apprend ainsi cet art auprès de Benedetto Luti.

À Rome, Kent rencontre le comte de Burlington, grand mécène de l'architecture dans l'Angleterre du xviiie siècle et le principal promoteur du palladianisme. Il rentre à Londres en 1719 avec le comte pour décorer Burlington House à Piccadilly, où il passera le reste de sa vie. L'association avec Burlington a une influence déterminante sur le style architectural plutôt austère de Kent, qui se caractérise par des masses bien proportionnées et agencées simplement. Les architectes néoclassiques de la génération suivante, tel Robert Adam, auront beau qualifier ses œuvres d'« infiniment lourdes », Kent exercera une influence considérable sur eux. Kent est également familier avec le style d'Inigo Jones, dont il publie les dessins et plans en 1727 (The Designs of Inigo Jones).

Dans les années 1730, Kent est un architecte en vogue pour avoir notamment réalisé Holkham Hall (Norfolk), commencé en 1734. Ici, comme dans d'autres projets, il crée les décors intérieurs et même le mobilier. C'est l'un des premiers architectes anglais à avoir une vision unifiée de la conception d'un édifice. Les œuvres les plus célèbres de Kent sont associées à sa charge de maître charpentier du Royal Office of Works (1725), qu'il obtient grâce à l'influence de Burlington. Les écuries royales (1732), la trésorerie, Whitehall (1734-1736) et l'édifice de la Garde à cheval de Whitehall (1750-1758, achevé après la mort de Kent) s'inscrivent dans le grand dessein de Burlington de redresser la situation déplorable de l'architecture anglaise en revenant aux modèles classiques.

Si l'on en juge d'après l'intérieur théâtral de certains édifices, comme le magistral 44 Berkeley Square (1742-1744), et son goût pour le style gothique fantaisiste dans les dessins de meubles, Kent adopte le palladianisme du bout des lèvres. Sans l'influence écrasante de Burlington, il aurait tout aussi bien pu devenir un maître du baroque.

Kent est le précurseur du jardin anglais « irrégulier ». C'est sans doute dans ses jardins – conçus comme des paysages naturels contrastant avec l'austérité classique de son architecture – qu'il atteint à la plus grande liberté d'expression. Il crée des jardins à Rousham Hall, près d'Oxford (1738-1741), et Stowe House, près de Buckingham (1730 env.), dans lesquels les allées sinueuses et les perspectives ouvertes aboutissent à de petits temples classiques aménagés dans des clairières. En évoquant cette révolution dans l'art du jardin, Horace Walpole écrit que Kent comprit que « la nature tout entière était jardin ». L'aménagement paysager irrégulier de ces sites et d'autres jardins, comme celui de la villa d'Alexander Pope à Twickenham dans le Middlesex (1730 env.) ou ceux de Richmond dans le Surrey, marque une rupture radicale avec la symétrie parfaite et l'ordonnancement des jardins à la française, comme ceux de Versailles. Le style anglais ne tarde pas à traverser la Manche, exerçant une influence considérable en France dans la seconde moitié du xviiie siècle.

— Universalis

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  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis. KENT WILLIAM (1685-1748) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Architecture

    • Écrit par Monique MOSSER
    • 7 827 mots
    • 30 médias
    ...protagonistes essentiels de la première génération palladienne sont Richard Boyle, comte de Burlington (1694-1753), type achevé du grand seigneur « amateur » et William Kent (1685-1748) qui lui fut associé dans de nombreuses réalisations. Pour sa propre maison des environs de Londres, qu'il conçut comme un « musée...
  • BURLINGTON RICHARD BOYLE comte de (1694-1753)

    • Écrit par Monique MOSSER
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