VOIX, physiologie
L'exploration dynamique vocale
L'exploration dynamique vocale (E.D.V.) permet d'examiner, dans des conditions physiologiques normales, la phonation et la mobilité pharyngo-laryngée.
Historique
C'est en 1854 que le célèbre maître de chant Manuel Garcia, se promenant dans les jardins du Palais-Royal à Paris, aurait eu l'idée de regarder ses cordes vocales ; la lumière solaire se reflétant dans le pommeau de sa canne envoyait un rayon au niveau de sa bouche. Par un système de miroirs, il observa pour la première fois les cordes vocales : c'est la naissance de la laryngoscopie.
Depuis lors, les différentes techniques se sont améliorées grâce à l'utilisation de l'électricité et aux progrès de l'anesthésie.
En 1981, le docteur Jean Abitbol a mis au point l'E.D.V. qui associe l'électro-laryngographie et la laryngo-vidéoscopie télévisée. La technique consiste à observer le larynx à l'aide d'un fibroscope, par voie nasale en même temps que la vibration cordale en oscilloscopie.
Instrumentation et technique
Le fibroscope de faible diamètre (3 mm) est alimenté par une lumière froide de 500 watts de source continue ou intermittente (selon que l'on souhaite ou non obtenir un effet stroboscopique). L'image est récupérée et canalisée par les fibres de verre. On y associe une caméra-vidéo à la sortie du fibroscope, un microphone haute performance, captant la voix, un magnétoscope, un écran de télévision ; une vidéo-cassette permet de filmer et donc de conserver objectivement ce dossier médical, véritable carnet de santé de la voix. Cet ensemble technique réalise une télévidéo endoscope.
Ce laryngo-fibroscope est introduit dans la fosse nasale du patient, l'écran témoin permet de diriger le dispositif recélant les fibres et de visualiser tout l'appareil naso-pharyngo-laryngé.
Les modifications, selon les focales existantes, de la couleur et de la profondeur des champs réels de la région filmée, peuvent être considérées comme un inconvénient, auquel l'opérateur devra se plier. Mais cet examen présente des avantages considérables : aucune anesthésie, même locale, n'est pratiquée, donc aucun choc allergique n'est à craindre.
Cet examen se pratique en consultation courante et peut être réalisé chez le jeune enfant, alors que la laryngoscopie classique indirecte est impossible chez ces sujets.
On procède à l'enregistrement sur vidéo-cassette, examen permettant une comparaison objective, dynamique, comparative à différentes étapes de la maladie et de sa guérison ; l'observation lors du chant ou de la parole, d'une nouvelle pathologie : la pathologie dynamique vocale.
Intérêt de cet examen
Il objective une pathologie dynamique d'effort :
– la hernie d'effort de la bande ventriculaire, survenant en phonation forcée surtout chez les professionnels de la voix, visible lors de l'effort vocal qui entraîne une voix fatigable qui s'enroue facilement ; en stroboscopie, on voit la corde vocale saine et la bande ventriculaire malade en phase vibratoire ;
– la micro-varice cordale devenant turgescente lors du chant ou de la voix parlée forte ; en « ralenti », la vibration musculo-muqueuse est altérée sur le plan vertical mais conservée sur le plan horizontal ;
– la claudication intermittente de la corde vocale, paralysie intermittente d'une corde, entraînant un « couac » durant quelques secondes ;
– le nodule éphémère apparaissant et disparaissant en fonction de la fréquence émise par le sujet, ce qui, sur le plan clinique, se traduit par un déraillement vocal, toujours aux mêmes fréquences ;
– la télangectasie cordale, dilatation artérielle en avant des cordes vocales.
En conclusion, il faut insister sur la participation du malade à sa pathologie, à sa guérison entraînant[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean ABITBOL : oto-rhino-laryngologiste, phoniatre, ancien chef de clinique à la faculté de médecine de Paris
- Bernard VALLANCIEN : oto-rhino-laryngologiste, professeur associé de phoniatrie à l'université de Paris-Sorbonne
Classification
Pour citer cet article
Jean ABITBOL, Bernard VALLANCIEN, « VOIX, physiologie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Autres références
-
CERVEAU ET LANGAGE ORAL
- Écrit par Jean-François DÉMONET
- 2 525 mots
- 5 médias
De tous les moyens dont dispose l’être humain pour communiquer avec ses semblables, le langage est le plus efficace. Comme la bipédie, le langage oral est un comportement universel, au développement spontané dans notre espèce et, sauf à être empêchées par la maladie, les prémices de cette fonction peuvent...
-
DÉVELOPPEMENT DES ÉMOTIONS
- Écrit par Sandrine GIL
- 1 793 mots
-
ORTHOPHONIE
- Écrit par Bénédicte DURAND-LASSERVE
- 677 mots
-
PHONÉTIQUE
- Écrit par Denis AUTESSERRE
- 3 139 mots
- 5 médias
...phonétique la plus courante (celle de l'alphabet phonétique international) sont fondées en grande partie sur des données anatomiques et physiologiques : les organes de la parole et les conditions dans lesquelles ils produisent les sons du langage. Ces conditions de production, observées d'abord empiriquement,... -
PHONOLOGIE ARTICULATOIRE
- Écrit par Ioana CHITORAN, Pierre HALLÉ
- 916 mots
- 2 médias
Un geste est défini de façon à la fois abstraite et réaliste, par une « structure coordinative » (jeu d’articulateurs) et des « variables de conduit vocal » spécifiant les paramètres d’une séquence constriction-relâchement du conduit oral ou bien ouverture-fermeture du velum ou de la glotte.... - Afficher les 7 références