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KUTS VLADIMIR (1927-1975)

Athlète soviétique spécialiste des courses de fond, Vladimir Kuts remporta le 5 000 mètres et le 10 000 mètres aux jeux Olympiques de Melbourne en 1956. Il détint également le record du monde de ces deux épreuves.

Vladimir Kuts est né le 7 février 1927 à Aleksino, en Ukraine, dans un kolkhoze. Il se destine à une carrière militaire, intègre l'armée au sein de la flotte de Leningrad, navigue sur la mer Noire, pratique plusieurs sports (boxe, haltérophilie, natation...) et découvre la course à pied presque par hasard, en participant à une compétition pour militaires. Remarqué par les techniciens à cette occasion, il se prépare dès lors avec Grigory Nikiforov, un entraîneur adepte de méthodes rudes : longues séances de fond ponctuées de sprints soudains lors desquelles Kuts porte parfois plusieurs pull-overs pour durcir l'exercice, gymnastique...

Vladimir Kuts se révèle à l'occasion des Championnats d'Europe de Berne, en 1954 : ce Soviétique trapu (1,72 m, 70 kg), totalement inconnu, remporte le 5 000 mètres, devant l'élégant Britannique Chris Chataway et le célèbre Tchécoslovaque Emil Zatopek, qui vivait là son chant du cygne ; en 13 min 56,6 s, il précède ses rivaux de plus de 10 secondes et ravit à Zatopek le record du monde qu'il venait d'établir (13 min 57,2 s). En 1955, ce record du monde du 5 000 mètres est battu à trois reprises (deux fois par le Hongrois Sándor Iharos, une fois par Kuts), Iharos ayant le dernier mot dans ce duel à distance (13 min 40,6 s le 23 septembre 1955). Puis, quelques mois avant les Jeux de Melbourne, le 19 juin 1956, le Britannique Gordon Pirie réalise une performance qui marque les esprits : 13 min 36,8 s. Avec des concurrents de ce calibre, le 5 000 mètres semble devoir être l'un des sommets athlétiques de ces Jeux de Melbourne.

Mais, quand débutent les Jeux, la donne a changé : l'Armée rouge a pénétré dans Budapest pour réprimer dans le sang la révolte hongroise, Iharos a dû fuir Budapest assiégée et n'est donc pas à Melbourne ; par ailleurs, Chris Chataway se présente hors de forme. Pour Kuts, le programme olympique commence le 23 novembre 1956 par le 10 000 mètres, une épreuve dont il a battu le record du monde quelques semaines avant les Jeux (28 min 30,4 s) et pour laquelle son principal rival est Gordon Pirie. Kuts emploie sa stratégie habituelle : il mène la course à un train soutenu, place les brusques et soudaines accélérations que lui permet sa préparation avec Grigory Nikiforov. Il écœure ainsi tous ses rivaux, au premier chef Gordon Pirie qui s'écroule et ne termine que huitième ; il s'adjuge la médaille d'or (28 min 45,6 s) devant un public qui le hue uniquement parce qu'il est soviétique. Cinq jours plus tard, dans le 5 000 mètres, il applique la même tactique, et son succès est encore plus facile, car Gordon Pirie a semble-t-il abdiqué avant le départ et a décidé de se contenter de la médaille d'argent. Kuts s'impose dans l'excellent temps de 13 min 39,6 s et réalise donc le doublé 5 000-10 000 mètres, ce qui le place dans la lignée des grands coureurs de fond, en héritier de Paavo Nurmi et en successeur d'Emil Zatopek.

Le 13 octobre 1957, à Rome, Kuts reprend le record du monde du 5 000 mètres : il couvre la distance en 13 min 35 s, un temps qui ne sera amélioré qu'en 1965, par l'Australien Ron Clarke. Il s'agit de sa dernière performance de choix, car sa santé fragile le contraint à mettre un terme à sa carrière dès 1958.

Par la suite, il devient entraîneur et s'occupe des jeunes coureurs de demi-fond et de fond soviétiques, mais aucun d'entre eux ne réussira à marcher sur ses traces. Victime en 1960 d'une crise cardiaque peut-être due à la répétition des efforts en course comme à l'entraînement, il se remet. Vladimir[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. KUTS VLADIMIR (1927-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MELBOURNE (JEUX OLYMPIQUES DE) [1956] - Chronologie

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 4 099 mots
    ...pour habitude de se caler dans la foulée de ses rivaux pour les déborder dans le dernier tour grâce à son exceptionnel finish ; le puissant Soviétique Vladimir Kuts, recordman du monde du 10 000 mètres (28 min 30,4 s), mène constamment ses courses, plaçant par moments de brutales accélérations pour tenter...

Voir aussi