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HALTÉROPHILIE

Sport aride et sans concession, n'attirant — sauf dans quelques pays — ni un grand public ni l'intérêt soutenu des médias, l'haltérophilie exige de ses adeptes une ténacité et une force d'âme dignes de mérites. Elle implique une pratique intensive et une concentration sans trêves. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle répond parfaitement à cette définition qui en fut donnée : « la lutte de l'esprit contre la matière ». Son histoire moderne part des baraques de foires et des places publiques où les « banquistes » de la fin du xixe siècle se livraient à des exercices de force plus ou moins authentiques pour attirer le chaland. Si l'on ne doute pas de la puissance réelle d'un Louis Uni, dit « Apollon », qui était le seul à pouvoir réaliser des « bras tendus » avec son poids rectangulaire de 80,7 kg ou à manier son fameux « essieu » (de wagon de chemin de fer), ou de celle du Canadien Louis Cyr élevant, « sans corde ni chaîne », une plate-forme supportant dix-sept personnes, leurs performances n'en laissent pas moins rêveur. Il fallut attendre le Lillois Émile Desbonnet, venu à Paris en 1901, pour envisager un contrôle sérieux des performances avec les « dynamométreurs » et les premiers tableaux sérieux de records. L'Haltérophile-Club de Paris qu'il avait créé évolua en Haltérophile-Club de France ; puis naquit en 1914 la Fédération française des poids et haltères ; la Fédération internationale fut créée en 1920 à Anvers : elle est aujourd'hui l'International Weightlifting Federation (I.W.F.).

Vassili Alexeïev, 1976 - crédits : Allsport/Getty Images

Vassili Alexeïev, 1976

Au départ, les mouvements à une ou deux mains étaient très nombreux et différents selon les pays. À partir des jeux Olympiques d'Amsterdam (1928), le programme classique se réduit à trois mouvements à deux bras : le développé, l'arraché, l'épaulé-jeté. Depuis Montréal (1976), seuls subsistent ces deux derniers, cette spécialisation expliquant en partie l'amélioration constante des performances. Charles Rigoulot, rapide et puissant, l'homme le plus fort du monde de l'entre-deux-guerres, n'aurait aucune chance face aux haltérophiles contemporains, aux horaires et aux charges d'entraînement constamment augmentés. Dans les trois mouvements : Josef Manger (Allemagne, 410 kg, 1936), Paul Anderson (États-Unis, 500 kg, 1956), Vassili Alexeïev (U.R.S.S., 640 kg, 1972) ont fait reculer les limites. On en est maintenant à près de 500 kilogrammes sur deux mouvements (472 kg, par l’Iranien Hossein Reza Zadeh).

Les soutiens médicaux, puis biologiques, fournis aux compétiteurs avaient conduit à des excès visibles à l'œil nu. Devant la multiplication des cas de dopage avérés, l'I.W.F. a pris en 1993 une mesure sans précédent pour tenter de redonner une certaine crédibilité à ce sport : toutes les catégories de poids ont été modifiées, ce qui entraîna l'annulation de fait de tous les records du monde, pour la plupart établis avec des méthodes illicites. Ces catégories de poids ont été une nouvelle fois refondues en 1998, pour une raison plus discutable : réduire le nombre de catégories masculines pour permettre aux haltérophiles féminines de participer aux jeux Olympiques à partir de 2000 à Sydney. Les barres maniées n'en demeurent pas moins stupéfiantes, notamment pour les catégories de poids de corps les plus modestes.

— Jean DURRY

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Écrit par

  • : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique

Classification

Pour citer cet article

Jean DURRY. HALTÉROPHILIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Vassili Alexeïev, 1976 - crédits : Allsport/Getty Images

Vassili Alexeïev, 1976

Autres références

  • ALEXEÏEV VASSILI (1942-2011)

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 818 mots

    Le Soviétique Vassili Alexeïev, double champion olympique, titulaire de quatre-vingts records du monde et de vingt-deux titres mondiaux, considéré en son temps comme l'homme le plus fort du monde – une distinction que lui attribua le magazine américain Sport Illustrated dont il fit la une...

  • HOSTIN LOUIS (1908-1999)

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 721 mots

    Champion olympique en 1932 et en 1936 dans la catégorie des poids mi-lourds, Louis Hostin fut le plus remarquable haltérophile français des années 1930, à une époque où les « hommes forts » étaient de véritables vedettes.

    Louis Hostin est né le 21 avril 1908 à Saint-Étienne dans une famille...

  • JABOTINSKI LEONID (1938-2016)

    • Écrit par Universalis
    • 568 mots

    Haltérophile soviétique, Leonid Jabotinski, colosse de 165 kg au meilleur de sa forme, remporta deux médailles d'or aux jeux Olympiques (1964, 1968), améliora dix-sept records du monde, portant en 1967 le total aux trois mouvements à 590 kg, et fut deux fois champion du monde. Sa rivalité...

  • MIYAKE YOSHINOBU (1939- )

    • Écrit par Universalis
    • 489 mots

    Haltérophile de petit gabarit, le Japonais Miyake Yoshinobu remporta deux médailles d'or aux jeux Olympiques dans la catégorie des poids plume, en 1964 et en 1968.

    Miyake Yoshinobu est né le 24 novembre 1939 dans la préfecture de Miyagi. Ce jeune homme de petite taille (1,50 m) s'initie à l'...

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Voir aussi