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GLOUCHKO VALENTIN PETROVITCH (1908-1989)

Sergueï Pavlovitch Korolev, constructeur des fusées, et Valentin Petrovitch Glouchko, concepteur de la plupart des moteurs-fusées à propergols liquides, sont à la base de presque tous les succès soviétiques en matière d'astronautique. Bien qu'ayant eu une carrière spatiale de soixante années, c'est-à-dire près de deux fois plus longue que celle de Korolev (1907-1966), Glouchko fut peu connu du grand public. En revanche, il acquit très tôt la célébrité auprès des spécialistes internationaux de la propulsion. Vers la fin de sa vie, sa créativité était toujours aussi vive : le 15 mai 1987, deux années avant sa mort, il verra son remarquable moteur, le R.D.-170 (en russe, R.D. est le sigle de moteur-fusée), alors le plus puissant du monde, propulser les 2 400 tonnes du lanceur lourd Energia vers l'espace ; quelques mois plus tard, ce même lanceur mettra en orbite la navette Bourane.

Né à Odessa, Glouchko se passionne dès 1921 pour l'espace. En 1923, alors âgé de quinze ans, il correspond avec Konstantin Edouardovitch Tsiolkovski, le grand pionnier de l'astronautique soviétique, et publie l'année suivante le résultat de ses premiers travaux scientifiques. Ses études à l'université de Leningrad achevées, Glouchko entre en 1929 au Laboratoire de dynamique des gaz (G.D.L.) de cette même ville, créé deux années plus tôt et chargé de la conception et de l'expérimentation de fusées.

Pendant quatre années, il se consacre à la mise au point d'un moteur-fusée électrique, l'E.R.D., qui sera incontestablement le premier de ce type au monde. Il participe également aux travaux d'une équipe plus particulièrement affectée aux études des moteurs à propergols liquides de la famille O.R.M. (en russe, sigle de moteur-fusée expérimental), dont les poussées atteignent quelques dizaines de kilogrammes.

Après des recherches sur différents types de combustibles et de comburants, le choix se porte sur le kérosène et l'acide nitrique. Un moteur utilisant ce couple d'ergols, l'O.R.M-9, est testé en 1932. C'est ce moteur qui propulsera la première fusée soviétique, lancée le 17 août 1933.

À cette époque, un nouvel organisme, l'Institut de recherches scientifiques sur la propulsion par réaction (R.N.I.I.) est créé par fusion du G.D.L. et du G.I.R.D. (Groupe pour l'étude de la propulsion par réaction), ce dernier étant plus particulièrement chargé de la construction des fusées. La collaboration entre Glouchko et Korolev commence.

En 1936, une poussée de 165 kilogrammes est atteinte avec le moteur O.R.M.-65, qui équipera le planeur-fusée R.P.-318, lequel effectuera son premier vol en 1940.

En 1939, Glouchko constitue un groupe autonome de construction de moteurs-fusées et s'installe à Moscou. Puis, deux années plus tard, au moment où la guerre avec l'Allemagne s'engage, il prend la direction d'un bureau d'étude de moteurs pour avions et fusées. Ce bureau, dénommé O.K.B.-16, s'implante à Kazan, et Korolev, nommé constructeur principal adjoint, y arrive un an plus tard. Les travaux concernent alors essentiellement des moteurs pour assister les avions militaires au décollage. Des poussées de 300 à 1 000 kilogrammes sont rapidement obtenues avec les moteurs R.D.-1 à R.D.-4.

En 1945, ayant pris connaissance des travaux allemands menés à Peenemünde pendant la guerre, Glouchko acquiert la certitude que des poussées plus élevées sont accessibles. L'engagement dans cette voie ne tarde pas : le 15 mai 1947, Staline prend la décision de réaliser de grosses fusées. Cette même année, Glouchko devient le constructeur principal pour les moteurs alors que Korolev devient celui des fusées balistiques à longue portée. Dès lors, les moteurs se succèdent à un rythme élevé.

En 1947 apparaît le moteur R.D.-100, de 25 tonnes de poussée, à kérosène[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace

Classification

Pour citer cet article

Jacques VILLAIN. GLOUCHKO VALENTIN PETROVITCH (1908-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ESPACE (CONQUÊTE DE L') - Des pionniers à la fin de la guerre froide

    • Écrit par Jacques VILLAIN
    • 14 714 mots
    • 37 médias
    ...Korolev, qui estime indispensable de disposer, comme aux États-Unis, de moteurs-fusées à hydrogène et oxygène liquides, se voit refuser cette solution par Glouchko, le motoriste, qui déclare que « l'oxygène n'est pas, et de loin, le meilleur oxydant, tandis que l'hydrogène n'est tout simplement pas approprié...
  • LANCEMENT DE SPOUTNIK-1

    • Écrit par Jacques VILLAIN
    • 293 mots
    • 1 média

    Le 4 octobre 1957, le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik-1, est lancé par l'U.R.S.S. Depuis 1955, la compétition pour la conquête de l'espace était engagée entre les États-Unis et l'Union soviétique. Contre toute attente chez les Occidentaux, les Soviétiques seront les premiers...

  • STATIONS ORBITALES

    • Écrit par Jacques VILLAIN
    • 8 694 mots
    • 3 médias
    ...l'échec du programme lunaire habité avait été rudement ressenti par les techniciens et les hommes au pouvoir. Quelques réorganisations en étaient résultées. En mai 1974, Michine avait été limogé et Valentin Petrovitch Glouchko, le rival de Korolev et de Michine, avait pris les rênes en réunissant l'entreprise...

Voir aussi