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LIE TRYGVE (1896-1968)

Secrétaire général de l'O.N.U. de 1946 à 1952. Après des études à l'université de Kristiania (Oslo), Trygve Lie embrasse la carrière juridique et devient un syndicaliste actif en même temps qu'un membre du conseil national du Parti travailliste norvégien. Ministre de la Justice puis ministre du Commerce après la victoire du Parti travailliste en 1935, il accompagne son gouvernement à Londres pendant l'occupation et est nommé ministre de l'Économie en 1941 ; pendant toute la guerre, il entretient d'excellents rapports avec les Alliés, en particulier avec Washington. Il est chargé de mission à Moscou en 1945, en tant que ministre de l'Économie. Enfin, il est le chef brillant de la délégation norvégienne à San Francisco. Citoyen d'un petit État, il rassure. Syndicaliste et socialiste de carrière, il convient aux Russes. Quant aux Américains, ils l'apprécient pour ses relations avec les Alliés pendant la guerre. Pour le choix du premier secrétaire général de l'O.N.U., Trygve Lie constitue donc « un excellent compromis ». Quelques mois après son élection à la tête de l'Organisation éclatait la guerre froide, qui allait entraver l'action de Lie.

Lors de l'affaire iranienne — les Soviétiques, qui avaient occupé le nord de l'Iran à la fin de la guerre, cherchaient dans les premiers mois de 1946 à promouvoir, à leur profit, un gouvernement autonome en pays kurde et en Azerbaïdjan et refusaient d'évacuer leurs troupes —, Lie fait prévaloir une interprétation très large des articles 97 et 99 de la Charte des Nations unies et se voit reconnaître, par exemple, le droit de donner son opinion sur les matières débattues par le Conseil de sécurité. Par son action à la même époque, lors des affaires de Grèce et de Trieste, il élargit encore les possibilités d'action du secrétariat général ; il est aidé en cela par le fait qu'aucune de ces affaires n'engage les intérêts essentiels des deux Grands. Lors de l'affaire de Palestine (1947), Lie se fait le champion du partage de la Palestine et fait voter à l'Assemblée générale une résolution dans ce sens ; dans cette affaire, il affirme le droit du secrétaire général d'ouvrir des enquêtes, d'organiser un exécutif, d'avoir des entretiens privés avec le gouvernement en cause.

Il joue un rôle discret dans la négociation de Berlin, mais, à cette occasion, il préconise une diplomatie « ouverte », avec mise au fait de l'opinion publique. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'il aborde le délicat problème de la représentation de la Chine à l'O.N.U., puis présente au monde, en 1950, son plan pour la paix de vingt ans. Il entreprend alors la tournée des capitales pour expliquer les dix points de ce plan : fin de la course aux armements, assistance technique aux pays en voie de développement, utilisation de l'O.N.U. pour libérer les peuples colonisés et pour développer le droit international, réunion périodique du Conseil de sécurité avec les chefs des gouvernements, contrôle international de l'énergie atomique...

Peu après avoir mécontenté plusieurs pays par sa position favorable à l'admission de la Chine populaire au sein de l'O.N.U., Trygve Lie prend l'initiative de soutenir inconditionnellement les États-Unis dans l'affaire de Corée ; il déclare la Corée du Nord agresseur, et règle d'office de délicats et nombreux problèmes juridiques par cette phrase : « Il est du devoir du Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires pour rétablir la paix. » Lie assume directement la responsabilité d'avoir transformé l'O.N.U. en force armée internationale. Il est alors l'objet de manifestations d'hostilité de la part de l'Union soviétique.

Lorsque son premier mandat vient à expiration[...]

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Écrit par

  • : licencié en droit, diplômé de l'Institut d''études politiques de Paris

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Pour citer cet article

Alain MENOTTI. LIE TRYGVE (1896-1968) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )