Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TRAITÉ DES MONNAIES, Nicolas Oresme Fiche de lecture

Le Traité des monnaies du Français Nicole d'Oresme (1325-1382) est considéré comme le premier ouvrage strictement économique de l'histoire. Il reste des zones d'incertitude sur lui, ne serait-ce que parce que le manuscrit autographe a été perdu. En particulier, sa date de publication est inconnue. Certains la situent en 1355, d'autres penchent pour la période entre septembre 1356, qui correspond à la défaite de Jean II le Bon à Poitiers, et décembre 1360, qui correspond à son retour de captivité et à la création du franc.

L'ouvrage d'un scolastique

Oresme est un scolastique, il exerce d'ailleurs dans sa vie des responsabilités universitaires à la tête du collège de Navarre, et son domaine de réflexion est vaste puisqu'il publie des écrits mathématiques qui font de lui le premier théoricien moderne de la notion de division. Il s'exprime suivant les modalités et la présentation de l'époque qui exigent que l'on enchaîne les citations d'Aristote et celles tirées des Saintes Écritures. Son livre, d'une cinquantaine de pages, est conforme à ce procédé qui peut paraître d'autant plus artificiel que les citations sont souvent prises hors de leur contexte, et sont plus détournées qu'utilisées. Pour condamner, par exemple, la mutation des monnaies, Oresme évoque la Politique d'Aristote où le philosophe grec déclare qu'il ne faut pas modifier les lois parce que de tels changements en diminuent l'autorité, une déclaration très générale n'ayant a priori rien à voir avec le sujet économique dont traite Oresme.

Sur le fond, le propos du livre est clair : il s'agit d'affirmer que la monnaie n'appartient pas au prince mais au peuple et plus spécifiquement à ce monde des marchands que l'Église a rejeté jusqu'au xiie siècle, toléré à partir de saint Thomas et se met à reconnaître avec Oresme. La monnaie est moins l'expression d'un pouvoir que celle d'un besoin, celui de l'échange. Au début du chapitre vi, il écrit : « Quoique, pour l'utilité commune, il revienne au prince de mettre sa marque sur la pièce de monnaie, il n'est cependant pas le maître ou le propriétaire de la monnaie qui a cours dans son État. La monnaie est l'étalon de la permutation des richesses naturelles ; elle est donc la possession de ceux auxquels appartiennent ces richesses ». Dès lors, le roi ne doit pas procéder à la mutation des monnaies, c'est-à-dire à des dévaluations brutales. Non seulement, il n'en a pas le droit, mais celles-ci sont néfastes : elles ruinent la confiance, favorisent les « changeurs et autres billonneurs », c'est-à-dire les spéculateurs de l'époque, et conduisent à des hausses de prix. Le roi qui porte atteinte à l'intégrité monétaire se transforme en « tyran », rendant la révolte légitime ou tout au moins, compromettant l'avenir de sa lignée.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marc DANIEL. TRAITÉ DES MONNAIES, Nicolas Oresme - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Monétarisme

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL
    • 1 554 mots
    • 1 média
    ...qui y circule. Le premier économiste à décrire de façon systématique le lien entre les prix et la quantité d'or est Nicolas Oresme (1320-1382) dans son Traité des monnaies de 1355. Au Prince qui prétend réguler l'activité économique en modifiant la quantité de métal contenue dans les pièces, il annonce...

Voir aussi