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REID THOMAS (1710-1796)

Né à Stracham et mort à Glasgow, le « philosophe écossais » Thomas Reid reçut son éducation au collège Marishal d'Aberdeen, où il étudia la philosophie et la théologie. Il y fut ensuite bibliothécaire jusqu'en 1736. Il partit alors pour l'Angleterre, où, en 1737, il fut nommé pasteur anglican, à New Mechar. En 1748, il publia, dans les Transactions de la Royal Society of London, Un essai sur la quantité (An Essay on Quantity), inspiré des Recherches sur l'origine de nos idées de beauté et de vertu de Francis Hutcheson. En 1751, il fut nommé professeur au Collège royal pour y enseigner la philosophie, sous le couvert de laquelle il avait à traiter, selon l'usage, des mathématiques, de la physique, de la logique et de la morale. Avec l'aide de son ami John Gregory, il fonda une sorte de société littéraire, qui réunissait la plupart des savants de l'époque, les écrivains et les artistes. Cette société réunissait notamment, outre Gregory et lui-même, Campbell, Beattie, Gerard. Reid y lut plusieurs ouvrages, en particulier son ouvrage qui devait paraître en 1764 sous le titre de Recherches sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun (An Inquiry into the Human Mind, on the Principles of Common Sense). L'auteur, qui, dans sa jeunesse, avait adhéré successivement au scepticisme de Hume et, jusqu'à un certain point, au système de Berkeley, s'était retourné contre ces deux doctrines et avait conçu, dès 1739, le projet et l'orientation de ce travail comme pour s'opposer au Traité de la nature humaine de David Hume, qui venait de paraître et qu'il s'était mis aussitôt à étudier.

En 1764, Reid se vit confier la chaire de philosophie morale à l'université de Glasgow. Il y succédait à Adam Smith, à la suite duquel il se consacra dès lors à l'étude de l'économie politique ; il y enseigna non seulement la morale pratique et les éléments de ses recherches sur les facultés intellectuelles, mais aussi les principes généraux du droit naturel et de la politique. Il donnait, en outre, une heure par semaine, un cours de rhétorique. En 1780, il abandonna son enseignement pour poursuivre ses recherches personnelles. C'est alors qu'il publia, en 1785, ses Essais sur les facultés intellectuelles (Essays on the Intellectual Powers of Man) et, en 1788, les Essais sur les facultés pratiques (Essays on the Active Powers of Man), et Recherches sur l'entendement humain, ses œuvres essentielles.

Avec l'école écossaise, dite encore philosophie du sens commun, dont il est une des figures dominantes, Thomas Reid se trouve affronté aux théories postcartésiennes de la connaissance et principalement à la thèse selon laquelle nous ne connaissons que par idée. À la différence de Hume et de Berkeley qui avaient tourné le problème ainsi posé, l'un en défendant la croyance spontanée, l'autre en rejetant toute réalité étrangère à l'idée, Reid s'attache à dénoncer le préjugé que cette thèse constitue à ses yeux. Il en vient ainsi à justifier la perception immédiate des objets du sens externe et, au même titre, les vérités du sens commun, lequel englobe aussi bien la raison elle-même que la croyance spontanée et n'est pas à entendre comme une simple faculté passive. Alors que l'idéisme postcartésien — ainsi que ses adversaires — réduisait l'activité de l'esprit à une sorte de monisme, Reid, par ce principe de la perception immédiate, est conduit à distinguer, en celle-ci, divers registres : perception immédiate des objets extérieurs (perception externe), des modifications internes (conscience), du passé (mémoire), des convictions et valeurs, etc. Cette philosophie du retour à l'immédiat, qui fonda ainsi une psychologie classificatrice des facultés et qui eut une grande influence[...]

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  • SENS COMMUN

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    La langue ordinaire assimile bon sens et sens commun : une même faculté de juger avec pertinence des situations concrètes, une même estimation de ce qui est réel et de ce que le réel rend possible ; également une mesure de ce qui « fait sens », selon des critères psychologiques et sociologiques implicites....